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Christian Magne Représentant des salariés actionnaires PS et PNC

N°516, 12 octobre 2015   Si vous ne voyez pas correctement cette page, cliquez ici

La Revue de Presse du lundi...

> Un échec collectif

(source Air & Cosmos) 9 octobre - Air France, la compagnie nationale, fut l’objet, lundi 5 octobre, presque d’une auto-profanation publique et mondiale… Les efforts réels des dernières années consentis à tous les étages de la compagnie ne seront jamais suffisants tant que ces sacrifices ne s’inscriront pas dans une révolution de culture et de gouvernance.

Je veux bien sûr parler de gouvernance collective. Celle qui aligne les forces vives d’une entreprise, essentiellement constituées d’hommes et de femmes sur une vision et une stratégie à long terme. La stratégie du hub déployée depuis plusieurs années est sans doute la bonne et la seule direction.

Mais sa mise en œuvre doit s’accompagner d’une révolution en profondeur de la culture Air France, qui doit poursuivre sa longue mutation depuis le service public vers un meilleur service au client dans une tension nécessaire entre satisfaction du client et rentabilité de l’entreprise.

Un changement de culture, qui s’adapte aux nouvelles règles du monde, celle du mouvement, de l’adaptation et de la réactivité face à un marché, certes en forte croissance, mais secoué par une concurrence sans merci.

Et cela peut se faire sans abandonner le socle des valeurs sociales qui nous sont chères. Mais cela ne pourra pas se faire sans renoncer aux égoïsmes corporatistes et sans une profonde remise en cause des modèles d’organisation. Ce paradigme est à rechercher d’urgence et doit servir de socle commun à ceux et celles qui veulent projeter Air France dans l’avenir.

Encore faut-il le vouloir ensemble ! Salariés, dirigeants et politiques. Il a manqué sans doute la durée du courage collectif et la lucidité. Renoncer à voir ensemble la réalité serait suicidaire et accentuerait les divisions.

Et ce sera l’inévitable chute.

Mon commentaire : Cette analyse de la pesanteur historique d’une entreprise autrefois publique a été faite mainte fois. AF a souvent la tentation de regretter les jours heureux où la concurrence était limitée à ses alter égos. Quelques hommes politiques, mal informés, martèlent « puisque les avions sont pleins, l’entreprise gagne de l’argent ». Mais si, du fait de l'intense concurrence, le prix d’un billet est inférieur ou égal au prix de revient d’un siège occupé par un client, l’entreprise s’étouffe et ne peut plus se développer. Il faut donc ensemble trouver les moyens concrets d’un retour au dynamisme pour éviter ce que les observateurs appellent « l’inévitable chute ».

> La direction et les pilotes d’Air France prêts à des concessions

(source le monde) 9 octobre - L’heure est à nouveau au dialogue chez Air France cinq jours après les heurts qui ont brutalement interrompu, lundi 5 octobre, le comité central d’entreprise (CCE) de la compagnie aérienne. Les deux syndicats de pilotes, le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL, majoritaire), et le Syndicat des pilotes d’Air France (SPAF) ont [eu] rendez-vous vendredi avec le PDG d’Air France-KLM, Alexandre de Juniac, et Frédéric Gagey et Xavier Broseta, respectivement PDG et directeur des ressources humaines d’Air France.

Cette entrevue va lancer une semaine de « consultations » de la direction d’Air France avec tous les syndicats représentatifs de la compagnie. A l’issue de ce « cycle d’échanges », comme on l’appelle dans l’entourage de la direction, cette dernière espère établir un calendrier des négociations pour enfin parvenir à un accord sur Perform 2020. Ce plan de productivité sur cinq ans, rejeté fin septembre par les pilotes, la direction aimerait le mettre en œuvre dès janvier 2016. Syndicats et direction ont donc jusqu’à la fin décembre pour boucler un accord.

Cela permettrait d’éviter la mise en œuvre du « plan B », comprenant 2 900 suppressions de postes, notamment avec des licenciements secs, et une réduction de 10 % du réseau long-courrier – un plan présenté comme inévitable par la direction après l’échec des négociations avec les pilotes, et dont l’annonce a engendré les violences en marge du CCE.

Quelle est la position de la direction ?

Avant même leur premier rendez-vous, pilotes et direction ont déjà prévu de se revoir. Il est vrai que leur agenda est chargé. Les positions du SNPL et d’Air France sont toujours très éloignées. Quand la direction leur demandait un effort de productivité de 17 %, soit une centaine d’heures de vol de plus par an, le principal syndicat de pilotes ne voulait aller au-delà de 4 %. Un blocage qui ne serait plus d’actualité. La direction « se refuse à tout commentaire ». Mais ces dernières semaines, elle a déjà laissé entendre qu’elle pourrait modérer ses exigences. Elle pourrait se contenter de 14 %, 13 % ou 12 % d’efforts de productivité. Pour décrocher un accord, on la dit même prête à descendre jusqu’à 10 % de gains de productivité.

Quelle est la position des pilotes ?

Les pilotes jouent un rôle important dans le climat d’apaisement qui semble s’annoncer. Le conseil du SNPL, réuni jeudi 8 octobre, a voté à l’unanimité moins huit abstentions une motion en trois points qui trace le cadre du nouveau round de négociations qui s’ouvre ce vendredi. En premier lieu, les pilotes refusent les licenciements et souhaitent le « maintien de l’emploi ». Pour y parvenir, le SNPL se dit « prêt à faire des efforts pour améliorer l’efficacité économique ». Enfin, le troisième point évoque ce que le SNPL nomme « la place de l’État ». Les pilotes réclament que l’État crée « les conditions d’une concurrence équitable » pour Air France. C’est-à-dire jouer sur le montant des taxes et les règles de la concurrence.

S’il obtient des avancées, notamment « pour l’emploi des jeunes pilotes », le SNPL pourrait aussi faire preuve de souplesse sur la « saisonnalité ». C’est-à-dire qu’ils accepteraient de travailler plus l’été, quand les passagers sont plus nombreux, et de déplacer leurs congés en hiver, quand les clients se font plus rares. Les pilotes semblent avoir entendu l’appel du premier ministre, Manuel Valls, qui les avait appelé à plus de « responsabilité ».

Pour le SNPL, l’entrée en lice d’Alexandre de Juniac, qui s’est tenu jusqu’ici à l’écart des négociations entre Air France et les syndicats, est une bonne chose. Le PDG d’Air France-KLM serait favorable, croit savoir le principal syndicat de pilotes, à « une évolution du modèle du “hub” de Roissy-Charles-de-Gaulle » – l’aéroport vers lequel Air France fait converger ses vols court et moyen-courriers pour alimenter ses destinations longue distance. Cette réorganisation serait une revendication des pilotes, car elle simplifierait leur travail en permettant une meilleure rotation des avions.

Quels sont les points de blocage ?

Cette fois, la négociation a de bonnes chances d’aboutir. « Il y a moyen d’arriver à un accord », indique le SNPL. « Est-ce que nous avons le choix ? Non, mais la direction non plus », ajoute le syndicat. De son côté, Air France exprime sa volonté de « sortir par le haut » de cette crise.

Mais le SNPL n’est pas prêt à tous les sacrifices. « Il est hors de question de conclure un accord où les pilotes feraient des efforts sans que la compagnie y gagne à long terme », tempère le syndicat. En clair, les pilotes ne veulent pas d’un accord de type « plan B », qui n’aurait d’autres buts que de tailler dans les coûts, les effectifs et le réseau de la compagnie pour ramener une rentabilité temporaire. En contrepartie de leurs efforts, ils réclament de la direction « une stratégie de développement ambitieuse s’appuyant sur une capacité d’investissement retrouvée [pour] assurer l’avenir de la compagnie ».

La direction aimerait, elle aussi, éviter de mettre en place le plan B. Elle pourrait donc se satisfaire de la motion votée par le conseil du SNPL. Dans ce ciel qui se dégage, il reste au moins un gros nuage : selon nos informations, la direction tiquerait sur l’appel à une intervention de l’État exprimé par le SNPL.

Mon commentaire : Il semble que direction d'AF et le Snpl ont repris des discussions sur un ton plus apaisé qu'auparavant. Si ces échanges peuvent déboucher rapidement sur un accord satisfaisant, il faut encore qu'un processus équivalent se déroule chez les PNC. Ensuite, si les projets dans les secteurs du personnel au sol permettent des économies, alors il restera possible d'interrompre la réduction d'activité et d'éviter tout départ contraint. On n'y est pas encore, mais les esprits évoluent.

> Un plan C pour éviter la casse sociale à Air France

(source le parisien) 12 octobre - L'État s'active pour faire entendre raison à la direction et aux pilotes. Et empêcher 2 900 suppressions de postes en s'inspirant d'un accord signé chez KLM.

Positive attitude à Air France-KLM. Ce lundi, le PDG de la compagnie, Alexandre de Juniac, va reprendre langue avec les dirigeants du très puissant et redouté Syndicat national des pilotes de ligne (majoritaire).

Une première depuis l'échec des négociations du fameux plan productivité Perform 2020 (prévoyant d'augmenter de 100 heures par an leur temps de travail sans augmenter les salaires). Un accord entre les parties permettrait à la direction de reconsidérer son fameux plan B qui a mis le feu aux poudres dans le fleuron français du transport aérien il y a tout juste une semaine : l'annonce de 2 900 suppressions de postes en 2016 et 2017 pesant massivement sur les personnels au sol, déjà soumis à de gros efforts de productivité.

Réduire la casse sociale, c'est ce qu'espère secrètement l'Etat, actionnaire du groupe (17,6 % du capital). Tout juste une semaine après l'onde de choc créée par les images des chemises en lambeaux de deux cadres agressés, les contacts ont donc repris. « Cette pantalonnade a pu avoir un effet calmant des deux côtés. Le cocktail était assez explosif, avec, d'un côté, une direction braquée et, de l'autre, un syndicat de pilotes la tête dans le sable et qui dit non à tout », observe un proche du dossier. Ce week-end, les téléphones portables n'ont pas arrêté de sonner. Une réunion organisée vendredi dernier à l'extérieur du siège de la compagnie à Roissy, dans les locaux d'Air France aux Invalides (Paris VIIe), entre l'état-major de la compagnie et les organisations syndicales avait déjà permis de poser la première pierre de ce retour au dialogue.

Selon nos informations, le scénario de sortie de crise d'Air France privilégié désormais en haut lieu consisterait à s'inspirer de la réforme négociée avec les pilotes de KLM. Le 8 juillet dernier, la compagnie aérienne KLM Royal Dutch Airlines a signé un accord de productivité sur trois ans jugé historique avec le syndicat néerlandais des pilotes VNV. Il inclut notamment un gel des augmentations générales des salaires, une hausse progressive de l'âge de départ à la retraite, des mesures de productivité (4 % par an) et un accord de participation aux résultats du groupe Air France-KLM. En contrepartie d'un tel plan, Air France pourrait renoncer à une partie des fermetures de lignes et des retraits d'avions programmés en 2016 et 2017. Même si le temps presse, « il est largement temps de revenir en arrière », observe une source proche du dossier. « Si les pilotes font leur part du boulot et sont disposés à faire des efforts, les économies seront suffisantes », poursuit-il.

«Menacer de licenciements secs a été une grosse erreur»

Aux yeux de l'État, le match social qui se joue en ce moment, avec le risque d'un conflit dur à l'image de celui d'il y a un an, est un paramètre incontournable du dossier Air France et de son avenir industriel. Car il n'est pas dit que les tensions puissent retomber si rapidement. « La rigidité d'Alexandre de Juniac n'arrange rien », explique un fin connaisseur d'Air France. « Menacer de licenciements secs a été une grosse erreur », surenchérit cet autre expert de l'aéronautique. D'ailleurs, du côté des syndicats des personnels au sol, la colère reste entière. Et le départ du PDG fait partie des conditions indispensables aux négociations pour plusieurs d'entre eux (FO, Unsa et CGT). Invité hier du « Grand Jury » RTL - « le Figaro » - LCI, le député socialiste Benoît Hamon a d'ailleurs enfoncé un peu plus le clou hier : « Il y a une vraie faute de management. » « Un médiateur pourrait être désigné pour favoriser la reprise du dialogue au sein de la compagnie aérienne », a (...) suggéré la ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, qui exerce la tutelle sur le secrétariat d'État aux Transports.

Mon commentaire : L'article du parisien manque de recul. La situation économique et les enjeux entre AF et KLM sont comparables.  Le PDG de KLM, Peter Elbers (CEO), a abordé le risque des départs contraints comme Frédéric Gagey l'a exposé à Air France. La différence de réactivité syndicale est flagrante et la différence culturelle évoquée dans le premier article d'Air & Cosmos est à cette occasion bien illustrée.

- Aux Pays Bas : "Notre entreprise a un problème ? Nous allons, nous les salariés, par l'intermédiaire de nos syndicats, participer à sa résolution". Trois accords difficiles mais courageux ont été signés pour les catégories PS, PNC et PNT.

- En France : "Notre entreprise a un problème ? Changeons le dirigeant pour le résoudre !"

Pour ceux qui aimeraient "faire sauter leur PDG" comme du temps de Bernard Attali en 93, rappelons le résultat : 1 000 emplois supprimés en plus avec le PDG suivant (5 000 au lieu des 4 000 du plan Attali) et 30% d'effort de productivité en plus pour PS, PNC et PNT (On a envie de préciser que le PDG d'Air France est Frédéric Gagey. Il est donc normal que ce soit lui qui présente les décisions de la direction. Alexandre de Juniac, dirige la holding AF/KLM, ce que la presse et beaucoup d'autres paraissent ne pas savoir)

Aux Pays-Bas, la communauté nationale a intégré le risque systémique que représenterait la disparition de KLM. L'aéroport de Schiphol a baissé ses tarifs de 7,7% pour soutenir KLM dans ses efforts. La France, elle, et une partie de sa classe politique, préfèrent maintenir ses taxes élevées sur le transport aérien, recevoir des dividendes indécents d'Aéroports de Paris (60% des bénéfices), tout en détournant l'attention sur le management du groupe.

> Air France : cinq salariés en garde à vue une semaine après les violences

(source AFP) 12 octobre - Une semaine après les violences spectaculaires à Air France, cinq salariés de la compagnie aérienne ont été interpelés lundi matin, sur fond de reprise du dialogue entre la direction et les syndicats pour sortir de la crise.

Quatre d’entre eux ont été arrêtés «sans incident» vers 06H00 à leur domicile, dans le Val-d’Oise, en Seine-et-Marne, dans les Yvelines et dans l’Aisne, a-t-on appris auprès du parquet de Bobigny et de sources policières. Un cinquième a été interpelé un peu plus tard.

De source policière, ces interpellations ont été décidées «sur la base de témoignages et de la vidéo-surveillance».

Les cinq hommes placés en garde à vue travaillent dans la branche Cargo ou à Air France Industries, notamment comme magasiniers. Selon une source proche du dossier, certains ont un mandat syndical à la CGT.

Un rassemblement de soutien est prévu à 16H00 à Roissy, a indiqué une source syndicale.

Jean-Luc Mélenchon et Cécile Duflot ont dénoncé les interpellations, chacun dans un tweet. «Jour de deuil. 4 salariés arrêtés pour fait de lutte. Que la résistance et la colère soient plus contagieuses que la peur», a écrit le leader du Parti de gauche, l’ancienne ministre écologiste ironisant de son côté : «Arrêtés chez eux à 6H du matin. Pourquoi ? Pour les humilier devant leurs familles ou parce qu’ils préparaient une fuite à Saint-Martin».

Plusieurs centaines de salariés avaient fait irruption le 5 octobre dans les locaux de la compagnie à Roissy où se tenait un comité central d’entreprise (CCE) consacré à un plan de restructuration menaçant 2.900 postes.

Sous des cris «à poil, à poil», «démission», le directeur des ressources humaines Xavier Broseta s’était retrouvé torse nu, chemise déchirée, tout comme son collègue Pierre Plissonnier, DRH du long-courrier. Les images des deux hommes, vêtements en lambeaux, escaladant un grillage de l’aéroport pour échapper aux manifestants, avaient fait le tour du monde et suscité de nombreuses condamnations.

Au total, sept personnes avaient été blessées.

Au moins dix plaintes ont été déposées : celles de six vigiles et trois cadres de l’entreprise pour des «violences» et celle d’Air France pour «entrave au CCE» et «dégradations». Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête, confiée à la police aux frontières, compétente en zone aéroportuaire.

Une enquête interne à la compagnie a également permis d’identifier une dizaine de salariés comme impliqués dans ces violences, assurait dès mercredi une source proche du dossier.

- Reprise du dialogue -

Parallèlement à ces interpellations, les premières notifications de sanctions devaient être envoyées lundi aux salariés identifiés comme ayant participé aux incidents, a affirmé à l’AFP une source proche du dossier, sans préciser le niveau de sanction. La direction d’Air France avait fait savoir que ces sanctions disciplinaires pourraient aller jusqu’au licenciement.

Le Premier ministre Manuel Valls avait dénoncé des «images qui font mal à notre pays» et promis des «sanctions lourdes» contre ceux qu’il a qualifiés de «voyous». François Hollande avait lui condamné des violences «inacceptables» pouvant avoir des «conséquences sur l’image, sur l’attractivité» de la France. L’Etat possède 17% du capital d’Air France.

Après les images choc des incidents, la compagnie a lancé vendredi une campagne sur les réseaux sociaux, avec un clip montrant Xavier Broseta déclarant que «ce que vous avez vu lundi, ce n’est pas le vrai visage d’Air France».

La direction a aussi renoué vendredi le dialogue avec les syndicats de pilotes au cours d’une réunion qui s’est «très bien passée», selon le SNPL, le principal syndicat.

Elle va poursuivre les discussions cette semaine avec les autres organisations, à commencer lundi par l’Unac, un syndicat de PNC (stewards et hôtesses), puis la CGT. Le SNPNC et l’Unsa PNC seront reçus mercredi.

Ces rendez-vous constituent un premier pas avant une reprise des négociations pour éviter d’appliquer la totalité des 2.900 suppressions de postes envisagées.

Les négociations ont jusqu’à présent échoué sur la principale demande de la compagnie: faire voler les navigants une centaine d’heures de plus par an (+14% à 18% selon les vols), à salaire égal.

Une intersyndicale regroupant notamment Force ouvrière, la CGT et l’Unsa se tiendra par ailleurs mardi.

Mon commentaire : Il est difficile d'avoir des propos sans nuance sur les évènements déplorables de lundi dernier et ses conséquences aujourd'hui. Certains condamnent totalement les attitudes violentes, autant verbales que physiques et espèrent une justice sans faiblesse et des sanctions internes à l'entreprise, à la hauteur des faits.

D'autres, dont des élus de la république, voit dans la violence incontrôlée de salariés en colère une réponse à une autre violence, qui viendrait de décideurs froids n'hésitant pas à engager 2 900 pertes d'emplois, chiffre souvent traduit dans la presse par 2 900 licenciements secs.

La réalité est évidemment plus subtile et les mêmes qui vilipendent aujourd'hui des dirigeants supposés "sans humanité", les aurait traités d'irresponsables si le groupe AFKLM n'avait rien fait face à la sévère concurrence. Car faire l'autruche entrainerait sa fin et la perte de près de 100 000 emplois directs et au moins 500 000 emplois indirects répartis en France et aux Pays-Bas.

> Air France : "L'enjeu de la négociation est le maintien de l'emploi chez les pilotes"

(source les echos) 11 octobre - Le patron des pilotes d’Air France, Gilles Laurent, s’inquiète des conséquences du conflit sur l’image des pilotes et ses possibles implications sur la sécurité des vols. Avant tout pilote lui-même, il livre son analyse de la situation et suggère des pistes pour parvenir à un accord.

Un an après la grève, comment expliquez-vous que le travail de pédagogie sur la nécessaire transformation n’ait pas porté ses fruits chez les pilotes ?

Les pilotes sont parfaitement conscients de la nécessité de s’adapter à un monde qui change. Le SNPL lui-même a su être, par le passé, une organisation réformatrice. J’espère qu’il saura retrouver cette dynamique, même si la crispation demeure, un an après leur grève. Au même moment, les pilotes ont poursuivi un travail considérable en matière de sécurité des vols, un travail qui porte ses fruits. Ils ont dû assimiler de profonds changements qui ont nécessité une forte remise en question de leur part, tels que l’abandon du manuel de procédure Air France au profit de celui, en anglais, des avionneurs, la modification des méthodes d’entraînement, l’analyse quasi-systématique des données des vols (Gate Keeper), avec demande d’explications en cas d’anomalie, un audit en vol par un organisme indépendant, que nous avons renouvelé cette année et le déploiement de la culture « Just & Fair » avec la mise en œuvre de sanctions en cas de faute avérée. Tout cela peut paraître normal après le choc du Rio-Paris, mais pour les pilotes, l’accumulation a été importante avec le sentiment de ne pas avoir obtenu une reconnaissance suffisante de leurs efforts.

Certains pilotes considèrent aussi que les efforts doivent d’abord être poursuivis ailleurs, parmi le personnel au sol…

Comme pour la sécurité aérienne, les pilotes sont les acteurs de la transformation. S’ils ne bougent pas, rien ne bougera. Les 3 catégories de personnels doivent tirer dans le même sens. Mais de la même façon qu’il a fallu plusieurs mois après l’AF447 pour qu’il y ait une prise de conscience de la nécessité d’engager une dynamique d’amélioration, la prise de conscience de la gravité de la situation de l’entreprise s’est faite sur le tard. Le problème de l’écart de productivité avec la concurrence n’est pas encore totalement intégré. De plus, il y a beaucoup de fausses informations qui circulent parmi les pilotes, par exemple sur les sureffectifs au sol. Dans les faits, les effectifs du « siège Air France » sont passés de 8.000 à 5.000 postes [depuis 2012 Ndlr]. Notre ratio de personnels au sol (PS) par avion – de l’ordre de 120 - est certes, supérieur à celui de British Airways ou de KLM, nous disposons en effet d’une filiale de restauration aérienne avec Servair, mais reste inférieur à celui de Lufthansa. Les efforts ont été répartis, ils doivent le rester.

Les pilotes d’Air France sont-ils oui ou non mieux payés et moins productifs qu’ailleurs ?

Il n’y a pas de grosse différence de salaire. La différence se fait sur le nombre d’heures de vol. C’est donc le salaire à l’heure de vol qui est en décalage. Mais les règles d’utilisation ne sont pas la seule explication. Nous devons également mieux équilibrer les cadences entre pilotes. Certaines divisions volent beaucoup plus que d’autres. (Les A330/A340 sur les lignes africaines ont un rendement plus faible que les 777 sur le transatlantique). Mais on constate surtout des grandes différences entre pilotes, ce qui pose la question de l’élaboration des plannings. Au départ, ils sont plutôt équilibrés, mais les nombreuses modifications accentuent les déséquilibres, car, en cas de modification de dernière minute, on a toujours tendance à appeler les pilotes dont on sait qu’ils sont toujours disponibles. C’est pourquoi les différences entre pilotes peuvent être importantes. La gestion des desidaratas des pilotes (...) ajoute aussi de la rigidité, qui nuit à la productivité. C’est tout l’enjeu de la mise en place du PBS [nouveau système informatique de gestion des plannings Ndlr] qui pourrait nous permettre de gagner en productivité.

Après l’échec des précédentes négociations, qu’est ce qui peut permettre d’aboutir, cette fois-ci ?

Il y a d’abord ce que les pilotes appellent « la conscience de la situation ». Il y a un mois, beaucoup ne croyaient pas au lancement du plan B. Il est désormais lancé. Aujourd’hui, l’enjeu de cette nouvelle séquence de négociations est clairement le maintien de 300 postes de pilotes, des heures de vols, ainsi que l’équilibre de la caisse de retraite du personnel navigant. Sur la hausse de productivité, il faut distinguer ce qui est réalisable à court terme, dans un délai de deux ans, et ce qui nécessitera plus de temps. L’objectif de rejoindre les coûts unitaires de nos concurrents est une nécessité économique pour qu’Air France reste dans la course. Cela n’empêche pas d’en discuter les modalités : demander des heures de vol gratuites, c’est simple et ça produit de l’effet tout de suite, mais il y a aussi la possibilité de modifier le seuil de déclenchement des heures supplémentaires, du minimum garanti… C’est cela l’objet de la négociation. Il faut aussi que les pilotes n’aient pas le sentiment que rien ne leur sera redonné en échange. Il y a le sujet du mode de retour à bonne fortune, de la gestion des plannings, du retour des 787... Autant de sujets sur lesquels on peut jouer. Enfin, l’État doit nous donner un environnement favorable pour nous battre. Beaucoup de pilotes ne comprennent pas le feu vert de l’État à la hausse des redevances d’Aéroports de Paris l’été dernier malgré le lobbying intense de la direction. Cela n’aide pas la négociation ! Les pilotes ont bien en tête le rapport Le Roux et ses propositions de baisses de charges et d’atténuation de la taxe de solidarité. En même temps que les pilotes et toute la compagnie feront leurs efforts, l’État devra nous donner des armes pour développer le pavillon France.

Mon commentaire : Au moins l'enjeu des négociations est clair dès le titre : il ne s'agit pas de l'avenir de l'entreprise, mais du maintien de l'emploi chez les pilotes ! Cette interview est manifestement destinée au public des pilotes d'Air France. D'où son titre. Mais il pourrait jeter le trouble dans l'esprit des autres salariés.

> Air France-KLM : trafic en hausse en septembre

(source air journal) 8 octobre - Le groupe Air France-KLM a annoncé (...) un trafic passagers, toutes compagnies aériennes comprises, en hausse de +1,8% en septembre, en données corrigées pour tenir compte de la grève des pilotes l’année dernière.

Dans son communiqué du 8 octobre 2015, le groupe franco-néerlandais annonce avoir transporté le mois dernier 8,3 millions de passagers, ce qui représente en données brutes une augmentation de 21,2% par rapport à septembre 2014 – un mois marqué par la longue grève des pilotes d’Air France. L’impact de cette grève a été « estimé à 4 249 millions de SKO et 3 704 millions de PKT » et « perturbe la table de comparaison » de l’activité réseau, qui concerne Air France, HOP! et KLM : à elles trois, elles ont transporté 7,1 millions de passagers (+23,6%), avec un trafic en PKT en hausse de 24,3% (+1,6% corrigé hors grève) sur des capacités ayant augmenté de 23,2% (+1,0% corrigé hors grève). Leur coefficient d’occupation s’élevait le mois dernier à 86,8% (+0,7 points, ou +0,5 points corrigé hors grève). Le groupe souligne que corrigée de la grève, la recette unitaire au siège kilomètre offert (RSKO) hors change est en baisse comparée à septembre 2014

La filiale low cost Transavia a accueilli le mois dernier 1,2 million de passagers (+8,4%), mais le trafic en PKT (+4,0%) progresse moins vite que les capacités en SKO (+4,9%) ; en conséquence le coefficient d’occupation recule de -0,8 point à 91,6%. Comme les mois précédents, le groupe souligne le développement rapide de Transavia France, qui a vu son nombre de passagers progresser de 34% par rapport à septembre 2014.

En tenant compte de la grève des pilotes, le trafic total du groupe en PKT a progressé le mois dernier de 1,8% sur des capacités en SKO gagnant 1,3% : le coefficient d’occupation est en hausse de 0,4 point à 87,3%.

L’impact du mouvement social des pilotes d’Air France est tout aussi visible sur l’activité cargo, qui poursuit sa restructuration : trafic en TKT à +8,2% (corrigé : -10,8%) sur des capacités en TKO en hausse de +11,3% (corrigé : -6,5%), et taux de remplissage à 59,9% (-1,7 point, ou en corrigé -2,9 points). L’impact de la grève a été estimé à 213 millions de TKO et 147 millions de TKT. Corrigé de la grève de l’an dernier, la recette unitaire à la tonne kilomètre offerte (RTKO) hors change est en nette baisse comparée à septembre 2014

Mon commentaire : En termes de volume d'activité, ces résultats globaux sont légèrement positifs. Sauf dans le domaine du cargo, suite à la sortie progressive des plus vieux avions tout cargo. Mais nos proches concurrents continuent de faire bien mieux qu'Air France-KLM : Face à nos +1,8% en trafic, IAG a fait +4,7% à base comparable, et même +13,9%, compte tenu du rachat d'Aer Lingus. EasyJet a fait +7,6% en nombres de passagers et Ryanair +12%.

De son côté, le groupe Lufthansa, affecté par la grève de ses pilotes, a publié une baisse de 0,7% de son trafic passagers. Son activité cargo fléchit également.

Profitons de ces statistiques mensuelles pour les interpréter : Les compagnies généralistes publient divers indicateurs dont celui du trafic exprimé en Passagers-Kilomètres-Transportés (PKT) et son évolution. Cet indicateur a l'avantage d'être plus pertinent que le simple nombre de passagers transportés quand on veut cerner le volume global d'activité. Car il prend en compte la longueur du voyage effectué : un passager d'un Paris/Pékin, c'est différent en valeur d'un passager qui va de Paris à Toulouse.

Les compagnies low cost publient essentiellement leur nombre de passagers transportés et son évolution car chaque trajet court ou moyen-courrier est réputé à peu près équivalent.

Que révèle l'examen des écarts mensuels, exprimés en pourcentage ?

La progression mensuelle de Transavia (France + Pays-Bas) est de 8,4%. Exprimée en pourcentage, elle est supérieure à celle d'easyJet qui est "seulement" 7,6%. Ces 0,8% de plus pour Transavia pourraient rassurer. Sauf si on les traduit en nombre de passagers : + 93 000 passagers pour Transavia comparé à + 467 000 pour easyJet. La progression est cinq fois plus importante en volume pour la britannique !

On voit ainsi que le développement de Transavia, même vigoureux en France, n'aura aucune chance de "matcher" les easyJet, Ryanair et autres Vueling ou Wizzair, s'il se limite, en Europe, à la France et aux Pays-Bas.

Fin de la Revue de Presse

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> Mon commentaire sur l'évolution du cours de l'action Air France-KLM

L'action Air France-KLM est à 6,55 € en clôture lundi 12 octobre. Les marchés actions ont fortement baissé pendant l'été à la suite de la baisse de la croissance chinoise entrainant dans son sillage l'économie de pays fournisseurs de la Chine. L'affaire Volkswagen a accru une tendance baissière liée au doute sur la valeur de la communication financière des entreprises.

La moyenne des objectifs de cours (le consensus) des analystes est à 6,77 €.

Le baril de pétrole Brent (mer du nord) remonte à 52 $ après un pallier d'un mois autour de 48 $. Ce prix assez bas soulage les comptes d'Air France-KLM. Des effets de change sur les monnaies, les baisses de tarifs attendues par les passagers, ou les particularités d'anciens contrats de couverture limitent les effets favorables de ce prix bas.

Notre activité sur le secteur de l'Amérique du sud est affectée par l'essoufflement de l'économie de plusieurs pays dont le Brésil, ainsi que par le retour en forme d'Iberia.

Ces informations indicatives ne constituent en aucune manière une incitation à vendre ou une sollicitation à acheter des actions Air France-KLM.

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Vous pouvez me poser, par retour, toute question relative au groupe Air France-KLM ou à l'actionnariat salarié...

A bientôt.

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| Christian Magne

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Suppléant François Robardet

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