N°650, 7 mai 2018
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La Revue de Presse du lundi ...
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Air France-KLM entre dans une longue période d'incertitude
(source Les Echos) 5 mai - Et maintenant, que va-t-il se passer chez
Air France ? Après le rejet par une majorité de salariés du projet
d'accord et l'annonce de la démission du PDG Jean-Marc Janaillac,
l'incertitude et l'inquiétude semblent désormais l'emporter au sein de
la compagnie. Et cette période d'incertitude semble partie pour durer,
avant l'arrivée d'un nouveau PDG. Réuni dans l'urgence ce
samedi, le conseil d'administration d'Air France-KLM a gagné quelques
jours de répit, en obtenant de Jean-Marc Janaillac qu'il
reste en poste
jusqu'au 15 mai, date de l'assemblée générale des actionnaires, durant
laquelle sera dévoilée « une solution de gouvernance de transition ».
Vendredi dernier, le PDG d'Air France-KLM avait annoncé son intention de
démissionner dès le 9 mai. En l'absence de vice-président désigné, la
tâche pourrait revenir à
Anne-Marie Idrac (ndlr : membre du conseil d'administration Air
France-KLM). Mais si le conseil
a gagné un peu de temps, cette période de transition risque de se
prolonger, car le recrutement du successeur de Jean-Marc Janaillac ne
s'annonce pas simple. Aucun candidat n'est envisageable en interne.
Quant aux candidatures extérieures, elles n'étaient déjà pas nombreuses
en 2015, lors du départ anticipé d'Alexandre de Juniac, alors que les
circonstances étaient bien plus favorables. « Le poste est très exposé
et relativement mal payé », estime un observateur. (...)
La victoire
du « non », avec 55,44 % des votes pour un taux de participation de
80,33 %, a pris tout le monde de court.
A commencer par la direction d'Air France, qui a pris connaissance du
résultat du scrutin vendredi soir à 18h, en même temps que les
principaux dirigeants syndicaux. (...) Le faible pourcentage de grévistes, qui
n'a jamais dépassé 10 % des effectifs d'Air France, ajouté à une
mobilisation en net recul ces dernières semaines, laissait pourtant
augurer une victoire du « oui ». « Mais il est plus facile de cliquer
sur le « non » dans l'anonymat d'un vote électronique que de faire
grève », analyse un représentant syndical, qui
y voit l'expression d'un
« ras-le-bol général », au-delà de la question salariale. Jean-Marc
Janaillac évoque, pour sa part, « la traduction d'un malaise ».
Reste toutefois à en comprendre les causes.
S'ils ont été en pointe dans le mouvement, les quelque 3.600 pilotes
d'Air France, dont 30 % à 35 % de grévistes, n'étaient pas en mesure de
peser sur le scrutin. Selon certains bons connaisseurs de l'entreprise,
le succès du « non » serait plutôt à imputer aux quelque 14.000 hôtesses
et stewards, ainsi qu'aux mécaniciens ; deux catégories de personnels
qui auraient des raisons d'en vouloir plus particulièrement à Jean-Marc
Janaillac. Les premiers n'ont jamais digéré la création de la
compagnie Joon avec des personnels de cabine recrutés à moindre coût, à
l'extérieur. Quant aux seconds, ils sont en conflit avec leur direction
depuis des mois. A ces
mécontentements sont venues s'ajouter plusieurs erreurs de la direction.
La plus grossière fut l'annonce, il y a un an, d'une augmentation de
41 % de l'enveloppe de rémunération des membres du comité de direction.
Une « erreur comptable » - la hausse n'était « que » de 17 % du fait de
la création d'un poste supplémentaire - qui a laissé des traces,
malgré les tentatives d'explications, et qui a d'ailleurs donné lieu à
de nouvelles tentatives d'exploitation, ces derniers jours, par certains
syndicats. Un tract de la CGT diffusé avant le scrutin, affirmait ainsi,
sur la base de fausses informations, que les 14 dirigeants d'Air France
se seraient augmentés de 67 %. Mais surtout, les dirigeants
d'Air France ont fait l'erreur de croire qu'une hausse générale des
salaires limitée à 1 % en 2018, assortie d'une prime d'intéressement,
ferait l'affaire après 7 ans de gel des grilles salariales. Or ce 1 % a
été ressenti comme une véritable provocation par bon nombre de salariés,
alors que le groupe annonçait des bénéfices records. Lors d'une
rencontre avec les personnels navigants, le 28 avril dernier, Jean-Marc
Janaillac a d'ailleurs lui-même reconnu « des erreurs d'appréciation »
et une « mauvaise évaluation » de la situation par ses « services ». Le
PDG d'Air France-KLM avait même annoncé son intention de revoir
« certaines choses » dans le fonctionnement des relations sociales chez
Air France, ce qui avait été interprété, en interne, comme un possible
désaveu du DRH Gilles Gateau et du DG d'Air France, Franck Terner.
Rares sont toutefois les
représentants du personnel qui auraient parié sur une victoire du
« non ». Les syndicats semblaient si peu convaincus d'une possible
victoire du « non » qu'ils contestaient, par avance, la légitimité du
scrutin. Certains se préparaient déjà à tourner la page de
l'intersyndicale et de la grève. Vendredi après-midi,
alors que
le résultat du vote n'était pas encore connu, le conseil du SNPL AF au
grand complet a ainsi voté à l'unanimité une motion demandant à ses
dirigeants de renoncer à sa stratégie intersyndicale, pour négocier des
mesures spécifiques aux pilotes. Un vote qui signait donc la fin du
front uni des syndicats pour une hausse générale des salaires de 5,1 %
en 2018 et qui ouvrait la porte à un possible accord séparé entre la
direction et les pilotes. En donnant la victoire au
« non », le vote des salariés d'Air France a donc non seulement laissé
passer une chance de mettre fin au conflit, mais il a remis en selle les
tenants de la ligne dure et de l'intersyndicale. (...) Et
ce, malgré le départ annoncé de Jean-Marc Janaillac qui a fermé la porte
à une reprise des négociations tant qu'un nouveau dirigeant n'aura pas
été mandaté. (...)
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Air France : un "gâchis" sans surprise
(source La Tribune) 6 mai - Une
entreprise déchirée, une relation entre Air France et KLM qui n'a jamais
été aussi proche de la rupture avec des Hollandais excédés par la
situation rocambolesque à Air France, une compétitivité intrinsèque qui
fait du surplace : avec ce conflit salarial perdu face aux syndicats qui
le pousse à quitter prématurément la présidence d'Air France-KLM et
d'Air France, Jean-Marc Janaillac laisse le groupe et la compagnie
française dans une situation aussi calamiteuse que celle qu'il avait
trouvée lors de son arrivée en juillet 2016. La situation est
peut-être
même plus grave encore qu'il y a deux ans dans la mesure où
l'environnement concurrentiel, déjà féroce avec la concurrence des
compagnies du Golfe et des low-cost européennes, s'est durci depuis,
avec l'arrivée des low-cost long-courriers à Paris, le développement
accéléré des compagnies à bas coûts sur le réseau régional français
et
le coup d'accélérateur de Lufthansa et de IAG (British Airways, Iberia,
...), en matière de consolidation, à laquelle Air France-KLM est
cantonné au rôle de spectateur. Ce bilan est terrible et probablement injuste (...). Il y a encore trois mois, Jean-Marc Janaillac pouvait donner
l'illusion qu'il avait gagné son pari : les résultats financiers 2017 du
groupe -certes portés par un environnement favorable et la performance
de KLM-, culminaient à un niveau record (1,9 milliard d'euros de
résultat d'exploitation avec les nouvelles normes comptables), les
alliances stratégiques en Inde, en Chine et sur l'axe transatlantique,
ponctuées par l'entrée dans le capital du groupe de Delta et China Eastern (10% du capital chacun) et par celle à venir d'Air France-KLM
dans Virgin Atlantic, renforçaient la place du groupe dans le concert
international (...). La création de Joon, une filiale produisant à
des coûts inférieurs à ceux de la maison-mère à la suite d'un accord
signé avec les syndicats de pilotes, donnait le sentiment que la paix
sociale était restaurée après les conflits incessants sous l'ère du
précédent PDG, Alexandre de Juniac. Avec le plan de flotte prévu,
cet
accord replaçait Air France dans une perspective de croissance et de
reprise d'embauches de pilotes (près de 800 au cours des prochaines
années), tout en permettant de remonter la production d'Air France par
rapport à KLM comme l'exigeaient depuis des années les pilotes, que
Jean-Marc Janaillac s'est attaché à caresser dans le sens du poil depuis
son arrivée. (...) Et
pourtant, cette paix sociale que devait incarner le plan Trust Together
lancé fin 2016 (« la confiance ensemble ») n'était que pure façade. Elle
n'avait pu tenir jusqu’ici qu'à travers des actes de diplomatie, des
concessions, voire des reculades pour éviter d'ouvrir un nouveau front
dans une entreprise habitée par des syndicats à fleur de peau, avec un
SNPL dont l'intransigeance et la dureté avait contraint le précédent
PDG, Alexandre de Juniac à démissionner pour prendre la direction de la
puissante Association internationale du transport aérien (IATA).
Les actes sont nombreux. (...)
En
novembre 2016, face aux protestations des syndicats, la direction
renonça à étudier l'hypothèse de filialiser l'activité de maintenance,
évoquée quelques jours plus tôt dans le plan Trust Together. Enfin,
cette volonté d'apaisement se constata tout au long de la négociation
sur les conditions de création de la compagnie Joon qui, de l'avis même
de nombreux pilotes, ne leur demande que très peu d'efforts. Dans ce
dossier, Jean-Marc Janaillac n'était pas en première ligne. Il était
même souvent agacé par les concessions lâchées par la direction d'Air
France. Mais il s'est laissé convaincre. Face à un SNPL aussi dur, qui
ne partage pas le constat de la direction sur la situation d'Air France
et de l'environnement concurrentiel, y-avait-il d'autres voies sachant
le chemin confrontation tentée par son prédécesseur s'était soldée par
une impasse ? Ce point est fondamental. Tant qu'il ne sera pas résolu,
Air France restera dans les turbulences. (...) Cet accord sur Joon avait néanmoins l'avantage
de remettre la compagnie en mouvement après trois ans d'immobilisme
depuis la grève de 15 jours des pilotes en septembre 2014. (...) Dans la perspective de l'élaboration d'un plan stratégique à 5 ans à
partir de 2019, incluant des mesures lourdes (restructuration du
court-courrier, développement de la low-cost Transavia, création
éventuelle d'une activité low-cost long-courrier), cela pouvait faire
sens.
Il n'en fut
rien. Cette stratégie d'apaisement a volé en éclat sur le délicat sujet
des augmentations salariales, sur la première position de
fermeté de la direction à l'égard des pilotes. (...)
La direction a pêché
dans l'analyse du risque. (...)
En plein conflit, une dernière proposition
à 2% de hausse en 2018, accompagnée d'une hausse de 5% de 2019 à 2021
fut le dernier mot de la direction. Convaincu que les
salariés ne cautionnaient pas cette grève relativement peu suivie,
Jean-Marc Janaillac a voulu contourner l'intransigeance de
l'intersyndicale en consultant directement les salariés (...) . Selon des cadres, il y a (...) un vote rejet de la
personne du PDG et de l'équipe de direction dans les 55% ayant à la
surprise générale voté « Non » à cette consultation. Notamment chez les
PNC qui n'ont pas digéré que Joon recrute sur le marché des hôtesses et
stewards 40% moins chers. « Jean-Marc
Janaillac a fait un très bon travail, c'est indéniable mais, s'il
n'était pas antipathique, il était un peu distant, assez froid. Il n'a
pas su créer un lien avec les salariés, or il faut qu'un PDG soit
visible », analyse un très bon connaisseur du groupe.
(...) Et maintenant ? Le conseil
d'administration annoncera dans la foulée de l'assemblée générale du 15
mai une « solution de gouvernance de transition ». A la demande du
conseil, Jean-Marc Janaillac a accepté de rester en poste
jusque-là. (...) Trouver quelqu'un pour venir dans ce
bourbier sera compliqué. Trouver quelqu'un de compétent le sera encore
plus. D'autant plus que le poste est mal payé par rapport aux
entreprises équivalentes du secteur. D'un montant fixe de
600.000 euros annuels et la possibilité de la doubler en rémunération
variable, la rémunération du PDG d'Air France-KLM est largement
inférieure aux 4 millions de livres gagnés en 2017 par Willie Walsh, le
directeur général de IAG (il avait même gagné 8,8 millions en 2015, avec
tous les bonus). (...)
Bref, la transition (...) pourrait bien durer assez
longtemps et devenir à terme une solution pérenne. Si les syndicats
demandent la fin des parachutages politiques, ils ne doivent pas se
leurrer. Le président dont ils rêvent, celui qui pourrait dire qu'Air
France n'a pas besoin de faire des efforts pour survivre, n'existe pas.
Le casting doit être bon car Air France et Air France-KLM a besoin de
stabilité managériale. Cette succession de PDG depuis 2009 est
d'ailleurs révélatrice des entreprises en difficulté qui peinent à
s'adapter à un monde qui bouge.
Au-delà de la gouvernance, la question sociale à Air France est toujours
bloquée. Malgré la démission annoncée de Jean-Marc Janaillac qui entraîne de facto la suspension de toute négociation dans l'attente de
son successeur, l'intersyndicale a maintenu les grèves du 7 et 8 mai,
malgré une mobilisation qui s'effrite encore (14,2% des pilotes
environ), à l'exception des hôtesses et stewards (18%). Après
le verdict des urnes vendredi, Philippe Evain, le président du SNPL, a
indiqué qu'un terrain d'entente pouvait être trouvé entre la proposition
de la direction (+2% en 2018) et celle de l'intersyndicale (+5,1%). En
fait, cette « ouverture » s'explique par la motion votée vendredi au
conseil du SNPL sans avoir connaissance du résultat de la consultation.
Le conseil a en effet mandaté le bureau du SNPL « d'orienter » les
négociations vers les demandes spécifiques des pilotes. Autrement dit de
favoriser une négociation de manière bilatérale avec la direction et non
de manière collective avec les autres syndicats. Pour ces derniers, le
président du SNPL demande que la direction ouvre également des
négociations bilatérales.
Que va faire l'Etat ?
La situation à Air France intervient en plein pendant les Assises du
Transport aérien, censées prendre des mesures pour améliorer la
compétitivité du pavillon français. Si certains estiment que le conflit
risque de dissuader l'Etat de prendre des mesures favorables à une
compagnie incapable de se réformer, d'autres estiment, au contraire,
qu'il serait bien avisé d'alléger au maximum le boulet des taxes et des
redevances pour calmer le jeu à Air France. (...)
"L'Etat n'est pas là pour
éponger les dettes, venir à la rescousse d'entreprises qui ne feraient
pas les efforts nécessaires de compétitivité", a prévenu le ministre de
l'Economie sur BFMTV. Et d'asséner: "Ceux qui pensent que quoi qu'il
arrive, l'Etat arrivera à la rescousse d'Air France et épongera les
pertes d'Air France se trompent. Si Air France ne fait pas les efforts de
compétitivité nécessaires, qui permettront à ce fleuron national d'être
au même niveau que Lufthansa ou que d'autres compagnies aériennes
mondiales, Air France disparaîtra", a-t-il ajouté. Enfin,
dernier sujet et non des moindres. Que vont faire les Hollandais de KLM,
excédés par la situation à Air France ? Certains estiment qu'ils
pourraient tenter de quitter le groupe. « C'est la goutte d'eau qui fait
déborder le vase. Si, juridiquement, la chose apparaît impossible à
certains, d'autres rappellent que dans le business tout est possible
> Mon commentaire
« Les premières tendances indiquent que
l'adhésion au projet de la direction l'emporterait. Si tel est le cas,
"mes camarades se réuniront en Assemblée générale et prendront leur
décision" sur la poursuite du mouvement, a assuré le leader syndical. Le
tout, dans le respect de la volonté de la majorité des salariés. »
Fin de la revue de presse
> Mon commentaire
sur l'évolution du cours de l'action Air France-KLM
L'action Air France-KLM est à 7,30 euros en
clôture lundi 7 mai. Elle baisse de 10,3% en une semaine
L’action a perdu 9,83% en une journée et son montant a été divisé
par deux depuis le début de l’année. La valeur du groupe baisse ainsi à
3,1 milliards quand celle d’IAG a grimpé à 14 milliards, celle de
Lufthansa à 12, Ryanair à 18 et Delta à 36 milliards ! Posons-nous la
question : dans un monde où les compagnies les plus faibles sont
achetées par les plus fortunées ; qui serait en capacité de racheter qui ?
Au cours de ce seul lundi, l’épargne en actions AFKLM des
salariés actionnaires a baissé de plus de 13 millions d'euros.
La moyenne des objectifs de cours (le consensus) des
analystes pour l'action AF-KLM est à 13,05 euros.
Le baril de pétrole Brent (mer du nord) est en stable à
75$.
Ces informations indicatives ne constituent en aucune manière une
incitation à vendre ou une sollicitation à acheter des actions Air France-KLM.
Vous pouvez réagir à cette revue de presse ou bien me communiquer toute
information ou réflexion me permettant de mieux conduire ma fonction d'administrateur
du groupe Air France-KLM.
Vous pouvez me poser, par retour, toute question
relative au groupe Air France-KLM ou à l'actionnariat salarié...
A bientôt.
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François Robardet
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