KLM dit adieu d'une triste manière au Boeing 747

photo François Robardet, Administrateur Air France-KLM I Lettre de l'Administrateur Air France-KLM

François Robardet Représentant des salariés et anciens salariés actionnaires PS et PNC

N°749, 30 mars 2020  
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Editorial

Vous m'avez fait part la semaine dernière de votre satisfaction de pouvoir disposer en cette période de confinement d'une lettre plus longue qu'à l'accoutumée. C'est donc avec plaisir que je reconduis cette formule.

Vous trouverez notamment dans cette lettre un long article évoquant les éventuelles nationalisations, en réponse à vos nombreuses interrogations.

Pour ceux qui souhaiteraient se replonger dans l'histoire du groupe Air France-KLM depuis 2008, j'ai mis à disposition sur mon blog navigaction com l'intégralité des lettres.

Et toujours un grand Merci à toutes celles et à tous ceux qui œuvrent pour nous faciliter le quotidien et qui soignent nos malades.

Bonne lecture
François


La Revue de Presse du lundi

> KLM dit adieu d'une triste manière au Boeing 747

(source anp-belga) 29 mars -

747 KLM

Les adieux ont été faits dans la discrétion, sans grande publicité en ces temps de crise sanitaire liée au nouveau coronavirus. "Triste", a réagi le patron de KLM, Pieter Elbers. Le directeur général a souligné que KLM voulait initialement continuer d'utiliser ces Jumbo Jets jusqu'en 2021 mais qu'en raison de la crise sanitaire du nouveau coronavirus, il a été décidé de retirer les avions du service plus tôt.
 
Les premiers Boeing 747 sont entrés en service en 1971 chez KLM. Grâce à sa taille, davantage de passagers et de marchandises pouvaient être transportés qu'avec les autres avions. Mais cela signifiait aussi un coût plus élevé à son utilisation.
 
L'adieu au Boeing 747 aurait dû être célébré en grandes pompes. Que cela n'ait pas été possible "fait mal", a déclaré M. Elbers. Mais ce qui fait encore plus mal, a-t-il ajouté, est que KLM ne puisse assurer que 10% des vols qu'elle effectue normalement, à cause de l'épidémie de Covid-19. Selon le directeur général, l'offre n'avait pas été aussi limitée depuis 70 ans.
 
La compagnie aérienne, qui fait partie du groupe Air France-KLM, continue de voler vers New York. La ville est reliée sept fois par semaine selon le service d'été. M. Elbers précise que de nombreux Américains souhaitent rentrer chez eux et que beaucoup de Néerlandais veulent quitter la métropole américaine. Des mesures sont prises à bord pour protéger autant que possible le personnel et les passagers.
 
Air France a pour sa part retiré son dernier Boeing 747 en janvier 2016.

Mon commentaire : Près de 50 ans après l'arrivée du Boeing 747 dans la flotte de KLM, le dernier vol de cet avion mythique s'est déroulé ce dimanche 29 mars 2020.

Le Covid-19 aura accéléré la mise à la retraite de ce quadriréacteur. Peut-être précipitera-t-il aussi l'arrêt des autres quadriréacteurs du groupe, les Airbus A380 et A340 d'Air France.

> Un avion d'Air France avec 5,5 millions de masques atterrit à Roissy

(source Le Parisien) 29 mars - C'est un des premiers vols d'une longue série que toute la France attendait avec impatience. Et particulièrement le personnel soignant en pleine pandémie de coronavirus. Un avion en provenance de Chine et convoyant notamment 5,5 millions de masques médicaux est arrivé ce dimanche soir à l'aéroport de Roissy. Cet appareil cargo d'Air France transportait au total 100 tonnes de matériel médical, selon la compagnie aérienne tricolore.
 
Cet atterrissage marque les débuts du pont aérien instauré entre la Chine et la France pour fournir des masques qui manquent cruellement sur une grande partie du territoire. Samedi soir, le ministère de Santé a indiqué que plus d'un milliard de masques avaient été commandés tant en France qu'à l'étranger « pour les semaines et mois à venir ».
 
Pourquoi faire appel à l'étranger, et principalement à la Chine ? Car la France, qui a besoin de 40 millions de masques par semaine en produit 8 millions seulement. « Nos réserves ne sont pas infinies, a reconnu Olivier Véran. Et aucun pays au monde ne fait face à sa demande de masques actuellement ».
 
D'autres vols sont attendus dans les prochains jours pour acheminer ces équipements de protection indispensables. L'aéroport de Paris-Vatry (Marne), qui dispose d'une zone cargo dédiée au fret, attend un premier vol lundi puis d'autres répartis pendant au moins deux semaines. Au moins une rotation quotidienne est programmée avec des appareils de type gros porteurs.
 
Ils transporteront en moyenne 100 tonnes de fret chacun, avec des masques et du matériel médical en quantités variables mais avec chacun au moins une dizaine de millions de masques.

Mon commentaire : Les compagnies aériennes ont suspendus la plupart de leurs vols, mais elles restent mobilisées pour assurer le transport des marchandises, principalement entre la Chine et l'Europe.

La crise lié au Covid-19 aura mis en évidence que de nombreux produits de première nécessité sont fabriqués en Chine. Certains observateurs suggèrent que leur production soient relocalisée en Europe. Mais est-ce que tout le monde pourra assumer la hausse des prix induite ?

> KLM veut rendre ses avions adaptés au transport de marchandises

(source Het Financieele Dagblad traduit avec Deepl) 27 mars - KLM, qui a été durement touchée par la crise du coronavirus, étudie la possibilité de convertir les avions de passagers inutilisés pour le transport de marchandises.

(...) La compagnie aérienne cherche de nouvelles sources de revenus. Faire plus de vols de fret pourrait être une solution.

(...) Aujourd'hui, la plupart des avions sont parqués à Schiphol. En modifiant temporairement la cabine de l'avion, il est possible de transporter des cargaisons supplémentaires et l'entreprise tire un gain des taux de transport élevés dans le secteur.

KLM étudie deux options pour leur potentiel commercial : le transport de marchandises dans la soute d'un avion de passagers vide et/ou la modification de la cabine pour la rendre apte au transport de marchandises.

Il existe une demande mondiale de capacité de transport pour les dispositifs médicaux et autres biens nécessaires. KLM Cargo a mis en place un bureau spécial à cet effet. (...)

Bientôt, KLM commencera également des vols de fret vers la Chine. Trois vols aller-retour par semaine sont prévus vers la capitale chinoise. (...)

Comme KLM, Lufthansa étudie également la possibilité d'augmenter sa propre capacité de fret. (...)
D'autres compagnies aériennes vont également augmenter le nombre de vols de fret. Emirates, United Airlines, Austrian Airlines et Aeromexico utilisent également des avions de passagers pour les vols de pré-fret vers l'Europe.

> Air France répond au Groupe Dubreuil (qui déplore l'aide prévue par l'État à Air France)

(source La Tribune) 26 mars - Les propos de Jean-Paul Dubreuil, le président du Groupe Dubreuil, maison-mère d'Air Caraïbes et de French Bee, et de Marc Rochet, vice-président du conseil d'administration d'Air Caraïbes et président de French Bee, font des vagues à Air France, qui a souhaité réagir.
 
Dans La Tribune ce jeudi matin, Jean-Paul Dubreuil s'est exprimé sans mâcher ses mots sur la volonté du gouvernement d'apporter son soutien à Air France. Récemment, le ministre de l'économie et des finances Bruno Le Maire a même évoqué à plusieurs reprises la possibilité d'une nationalisation du groupe avant de reconnaître le 24 mars dernier qu'il y avait d'autres solutions. (...)
 
"Ce n'est pas très logique sur le plan concurrentiel. Pourquoi une compagnie plutôt qu'une autre bénéficierait de la manne de l'État qui leur permet d'avoir une position beaucoup plus laxiste que la nôtre car elle entretient l'idée que l'État viendra toujours à son secours ? Nous sommes assez déçus de tout cela", a indiqué Jean-Paul Dubreuil, après avoir redit plus tôt qu'"il n'attendait pas la manne étatique du sauveur". (...)

Dans une réaction écrite transmise à La Tribune, Air France répond :
 
"Nous sommes surpris par ces propos. Une crise comme celle que notre industrie traverse nécessite que tous les acteurs soient solidaires entre eux. Air France, démontre sa solidarité en assurant le retour vers la métropole de nombreux passagers bloqués loin de chez eux, y compris ceux qui n'ont pas de solution après la suspension des activités d'Air Caraïbes. Air France est également mobilisée depuis plusieurs jours pour assurer le rapatriement de nos compatriotes, des quatre coins du monde, en opérant des vols spéciaux partant à vide, avec des tarifs plafonnés. Air France continuera à assurer des vols de/vers l'Outre-Mer afin de garantir une continuité territoriale essentielle au pays. Malgré l'impact déjà lourd de cette crise, Air France est engagée dans cette mission au service de nos concitoyens, au-delà d'une logique économique et parce que c'est aussi sa raison d'être."

Le débat ne fait que commencer. Air Caraïbes et French Bee suspendent leurs activités mais disent conserver une capacité pour les "rescue flight".

Mon commentaire : Le débat lancé par Air Caraïbes et French Bee me parait surtout un moyen de faire monter la pression sur le gouvernement.

Il pourrait faire pschitt lorsque le gouvernement annoncera ses mesures de soutien du transport aérien.

> Lufthansa va mettre 31 000 salariés en chômage partiel

(source AFP) 27 mars - La compagnie aérienne allemande Lufthansa a demandé l'inscription de 31.000 de ses salariés au chômage partiel pour faire face à la chute drastique du trafic aérien, conséquence de la pandémie de coronavirus, a annoncé le groupe vendredi.
 
"Lufthansa a demandé la mise au chômage partiel de 31.000 salariés" suivant le processus simplifiée mis en place par Berlin ces dernière semaines, a indiqué à l'AFP un porte-parole du groupe.
 
La mesure devrait durer "jusqu'au 31 août" pour le personnel de cabine et celui au sol et "une solution est en route pour le personnel de cockpit", a-t-il précisé.
 
Les 31.000 salariés représentent près d'un quart du personnel du groupe, qui détient les compagnies européennes Austrian et Brussel Airlines, Eurowings et Swiss. (...)
 
Les capacités de transport, soit le nombre de sièges proposé sur les avions du groupe allemand, ont été réduites à seulement 5% dans le cadre d'un plan de vol d'urgence, en place jusqu'au 19 avril.
 
La compagnie garde désormais au sol 700 de ses 763 avions, et opère un nombre de vols jamais vu depuis les années 50, selon le PDG de Lufthansa, Carsten Spohr. (...)

Mon commentaire : Notre concurrent rencontre les mêmes difficultés que le groupe Air France-KLM. Il met en place les mêmes mesures.

Plus que d'éviter la faillite, ces mesures visent à sortir de la crise sanitaire avec des réserves financières suffisantes pour se relancer efficacement.

Selon les experts, la relance durera de longs mois, voire plus d'une année. Les équipes du commercial, du marketing, du revenue management seront alors en première ligne pour reconquérir les clients.

> Un milliardaire allemand devient le principal actionnaire de Lufthansa

(source ch-aviation) 26 mars - Le milliardaire allemand Heinz Hermann Thiele, l'un des plus riches industriels du monde, a augmenté sa participation dans le groupe Lufthansa de 5,29% à 10,01%, devenant ainsi le plus grand actionnaire du groupe, selon un rapport de la bourse.
 
La transaction, qui a été conclue le 16 mars, a permis à Thiele d'augmenter sa participation de 22,6 millions d'actions, d'une valeur de 195,5 millions d'euros.
 
Les actions de Lufthansa, comme celles de la plupart de ses pairs de l'industrie, ont chuté depuis l'éruption de la pandémie COVID-19. Au 25 mars 2020, elles étaient cotées à 9,51 euros, soit une baisse de plus d'un tiers par rapport au pic de 15,40 euros atteint le 19 février 2020.
 
M. Thiele est le président et l'actionnaire majoritaire de Knorr-Bremse, l'un des plus grands fabricants mondiaux de systèmes de freinage pour les voitures et les trains. Il est également le président et l'actionnaire majoritaire du fabricant de matériel ferroviaire Vossloh. 

Mon commentaire : L'actionnariat de Lufthansa a beaucoup évolué ces deux derniers mois.

Fin janvier, les dix plus gros actionnaires détenaient chacun entre 2% et 5% du capital, pour un total de 30,5%.

Depuis, ils ont tous réduit leur participation (seul trois d'entre eux possèdent encore plus de 2%), et ne détiennent plus que 16% du capital. En quelques semaines, le milliardaire allemand Heinz Hermann Thiele est devenu le principal actionnaire avec 10% des actions de la compagnie allemande.

Les conséquences de ce changement de structure d'actionnariat seront à observer dans les prochains mois.

> Iberia, British Airways et le groupe IAG bientôt au bout du bout

(source La Quotidienne) 24 mars - La crise du coronavirus n’en finit pas de faire des dégâts. Le gouvernement du Royaume-Uni envisagerait la possibilité de nationaliser partiellement British Airways, ce qui signifierait le démantèlement de l’ensemble du groupe IAG et, « par conséquent une possible séparation des compagnies Iberia et Vueling » comme l’affirme le Sunday Times précisant que la banque d’investissement Rothschild travaillerait déjà sur cette possibilité.
 
L’intention du gouvernement britannique serait d’injecter des capitaux dans British Airways en échange de demandes strictes telles que la limitation des paiements de dividendes ou la réduction des primes de gestion.
 
Une autre hypothèse qui est envisagée est que « Londres et Madrid iront ensemble à la rescousse d’IAG» , précise le journal espagnol Expansión dans son édition d’hier lundi.
 
Le gouvernement britannique a annoncé son intention d’offrir une aide de 359,96 milliards d’euros sous forme de prêts garantis, une injection que certains analystes jugent insuffisante.
 
La fermeture de l’espace aérien due au coronavirus cause chaque semaine un trou de 217 millions d’euros au groupe IAG. Soixante-quinze pour cent des avions du groupe sont au sol et Iberia en Espagne a déjà annoncé un ERTE (Expediente de Regulación Temporal de Empleo) pour ses 16 000 travailleurs afin de garantir son avenir.

Mon commentaire : En Grande-Bretagne comme dans la plupart des pays disposant d'une compagnie aérienne forte, le gouvernement prépare des mesures de soutien au transport aérien.

Plusieurs points communs à l'obtention des aides : une préservation de l'emploi au sein des entreprises aidées, une suspension des dividendes et un blocage des revenus des dirigeants.

> Alitalia pourrait être relancée avec seulement le quart de sa flotte

(source Le Journal de l'Aviation) 25 mars - La crise liée à la pandémie de coronavirus a au moins été une occasion en or pour le gouvernement italien pour sauver Alitalia. Mais il ne peut pas faire de miracle et la compagnie ne va pas se sortir indemne d'années de difficultés financières et de cette crise sans précédent. Selon les informations du Corriere della Sera et de Reuters, elle va devoir consentir des sacrifices et pourrait n'être relancée qu'avec le quart de sa flotte actuelle, soit entre 25 et 30 appareils.
 
Même sous la forme d'une nouvelle compagnie, Alitalia ne pouvait de toute façon pas être renaître sans plan de redressement. Frôlant périodiquement la faillite depuis quinze ans, ses différentes privatisations ont toutes fini par échouer et le dernier processus lancé était déjà au point mort avant que n'éclate l'épidémie. Or cela fait presque trois ans qu'elle est sous administration extraordinaire et elle perd 300 millions d'euros par an.
 
Aucun autre élément n'a été révélé sur la forme que pourrait prendre la nouvelle Alitalia. Mais une réduction des trois quarts de la flotte aura nécessairement des répercussions sur le plan social. Le Corriere della Sera évoque la suppression de 7 500 postes sur 11 500. Une réunion du gouvernement avec les syndicats est prévue la semaine prochaine.
 
Pour soutenir son secteur aéronautique, le gouvernement italien a annoncé le déblocage de 500 millions d'euros, dont la majorité sera utilisée pour Alitalia.

Mon commentaire : Si ces informations s'avèrent exactes, Alitalia sera réduite à une portion congrue. Il ne lui restera plus qu'une trentaine d'avions et 4.000 employés.

Loin derrière les 120 avions dont disposait la compagnie italienne en 2017. Loin derrière les 157 avions et 21000 salariés dont disposait la compagnie italienne en 2002.

> EasyJet immobilise l’ensemble de sa flotte pour une durée indéterminée

(source Le Parisien) 30 mars - Après avoir annoncé il y a dix jours qu'elle maintiendrait au sol la majorité de ses avions à cause de la paralysie du trafic mondial, la compagnie aérienne low-cost vient de clouer au sol l'ensemble de sa flotte pour une durée indéterminée.
 
« Ces derniers jours EasyJet a participé au rapatriement de clients avec 650 vols à ce jour pour ramener chez eux plus de 45 000 clients », explique la compagnie en précisant que le dernier a eu lieu dimanche et que certains vols de sauvetage supplémentaires pourront être effectués. (...)
 
« À ce stade il n'y a aucune certitude sur la date à laquelle les vols commerciaux pourront recommencer », reconnaît EasyJet.

Le transporteur assure avoir un accord avec les syndicats pour que son personnel de cabine se mette en congés. « L'accord sera effectif à partir du 1er avril pour deux mois et les équipages seront payés 80 % de leur salaire moyen grâce au système mis en place par le gouvernement pour maintenir les emplois. » (...)

> easyJet pourrait annuler une commande de 103 Airbus

(source CercleFinance) 30 mars - Stelios Haji-loannou, le fondateur d'easyJet, aurait menacé de renvoyer la direction du groupe si elle refusait d'annuler la commande de 4,5 milliards d'euros pour les 107 avions Airbus a indiqué Sky News.
 
Stelios Haji-loannou détient un tiers du capital d'easyJet. Il estimerait que cette commande pourrait menacer l'existence de la compagnie dans les conditions actuelles rapport ce matin Aurel BGC. (...)

Mon commentaire : Le capital d'easyJet est principalement détenu par la famille du fondateur (Stelios Haji-Ioannou), avec 33,73%. Les deux autres actionnaires importants sont Invesco Limited (9,99%) et BlackRock, Inc. (5,15%).

Les menaces du fondateur vis-à-vis de la direction d'easyJet ne sont pas nouvelles. Depuis longtemps il privilégie les dividendes plutôt que les investissements.

> Le groupe Ryanair s'attend à n'opérer de vols ni en avril ni en mai

(source La Libre Eco avec Belga) 24 mars - Le groupe irlandais Ryanair s'attend à ne pouvoir opérer de vols ni en avril ni en mai à cause de la pandémie actuelle de coronavirus, indique-t-il mardi dans une lettre ouverte adressée à ses clients.
 
Il s'appuie sur l'expérience en Chine qui suggère qu'une période de trois mois est nécessaire pour contenir et réduire la propagation du virus. (...)
 
Le groupe Ryanair, qui inclut la compagnie à bas coûts du même nom ainsi que Buzz, Lauda et Malta Air emploie 18.000 personnes. (...) Il a néanmoins proposé ses services à l'ensemble des gouvernements européens pour assurer des vols de rapatriement et des vols essentiels à la circulation de médicaments vitaux, d'équipements de protection individuelle et, si nécessaire, de denrées alimentaires d'urgence. (...)

Mon commentaire : Les dirigeants de Ryanair sont les premiers à laisser entendre qu'ils n'opèreront pas de vols en mai !

> Les compagnies aériennes américaines obtiennent une aide de 58 milliards de dollars

(source Les Échos) 26 mars - Les compagnies aériennes américaines peuvent pousser un grand « ouf » de soulagement. (...) Les sénateurs américains ont voté mercredi soir un paquet d'aides diverses en leur faveur, pour un montant total de 58 milliards. (...)
 
Les compagnies aériennes américaines ont été touchées de plein fouet par la crise du coronavirus, qui les a obligées à supprimer des milliers de vols. Et même si la chute du trafic n'atteint pas les 90 % observés en Europe, elles ont dû suspendre la quasi-totalité de leurs vols transatlantiques et réduire de 50 à 70 % leur offre domestique. Ce qui, dans un pays où l'avion a remplacé le train et le bus, ne pouvait manquer de susciter une réaction de soutien des autorités.
 
(...) Les compagnies aériennes recevront 25 milliards de dollars d'aide directe afin de payer les salaires et les pensions. (...)
 
Par ailleurs, les compagnies pourront également bénéficier de prêts ou de garanties de prêts pour un montant total de 25 milliards, et de 4 milliards pour le cargo. A condition toutefois de ne pas avoir d'autre solution de crédit. Ce qui pourrait exclure les compagnies les plus profitables, comme Delta.
 
Par ailleurs, les sénateurs ont posé quelques conditions à l'octroi de ces aides. Les bénéficiaires devront s'engager à ne pas procéder à des plans de licenciement ou à des baisses de salaires d'ici au 30 septembre. A l'inverse, le versement de dividendes et les rachats d'actions seront proscrits jusqu'en septembre 2021. De même que les augmentations pour les plus hauts salaires. Enfin, les compagnies doivent s'engager à maintenir pendant les deux prochaines années les destinations intérieures qu'elles desservaient en mars.

Mon commentaire : Les mesures de soutien des compagnies aériennes étasuniennes ressemblent fort à celles que l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne élaborent.

Elles mettent en évidence l'importance capitale du transport aérien de passagers et de fret dans notre économie actuelle.

> Airbus se met en ordre de bataille pour faire face au coronavirus

(source Le Journal de l'Aviation) 23 mars -  « C'est une crise sanitaire et économique ». Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, a annoncé une série de mesures pour tenter d'atténuer les effets du coronavirus sur la santé des employés et de l'entreprise, lundi 23 mars. Elles doivent permettre une reprise progressive du travail sur ses sites de production français et espagnols, ainsi qu'une préservation des liquidités du groupe à court terme. (...)
 
Les premières mesures portent naturellement sur le plan sanitaire. Après un arrêt de quatre jours, le travail reprend donc sur les sites français et espagnols. Guillaume Faury a ainsi déclaré que cette période a permis de nettoyer les lieux et de lancer la mise en conformité des postes de travail avec les exigences d'hygiène et d'auto-distanciation. Des masques devraient être aussi mis à disposition des employés. (...)
 
Se voulant garant de la sécurité de ses employés, le patron d'Airbus a affirmé que seuls les postes en totale conformité seraient rouverts. Le redémarrage sera donc progressif. (...)
 
Cette solution a été adoptée en accord avec les partenaires sociaux. (...)
 
L'autre objectif de la direction d'Airbus est de conserver les moyens de rebondir après la crise. (...) Trois mesures ont ainsi été prises avec l'aval du Conseil d'administration.
 
Airbus a obtenu une nouvelle ligne de crédit de 15 milliards d'euros. (...) Elle vient s'ajouter aux autres facilités déjà existantes, de l'ordre de 3 milliards d'euros. Il faut y ajouter 12 milliards d'euros d'actifs financiers disponibles. Le groupe dispose ainsi d'une capacité de financement accrue à hauteur de 30 milliards d'euros. (...)
 
Dans le même temps, le groupe a annulé sa proposition de dividendes pour 2019. (...) Cela doit permettre de préserver 1,4 milliard d'euros de liquidités. De même, il suspend le financement des retraites complémentaires. (...)
 
Guillaume Faury a néanmoins annoncé que de nouvelles réductions de coûts allaient intervenir, afin de ne pas brûler la trésorerie du groupe. Les dépenses d'investissement devraient notamment être revues à la baisse.
 
Le patron d'Airbus (...) n'a pas demandé d'aide directe des États pour son propre groupe, il encourage les gouvernements à appuyer l'industrie du transport aérien, dont il est convaincu qu'elle sera déterminante pour la reprise économique mondiale post-crise.
 
Guillaume Faury (...) estime tout de même que l'activité long-courrier devrait être significativement impactée et compte davantage sur la solidité du carnet de commande des monocouloirs pour assurer la résilience d'Airbus dans cette crise sans précédent.

Mon commentaire : Guillaume Faury parie sur les monocouloirs pour relancer Airbus en sortie de crise.

Cela n'est pas étonnant car déjà l'année dernière, les ventes d'avions bicouloirs présentaient des signes de faiblesse. Cette crise n'aura pas arrangé la situation.

> Embraer bascule dans le rouge en 2019

(source Le Journal de l'Aviation) 26 mars - C'était la dernière année d'Embraer tel que nous le connaissions. Et ce ne sera pas la plus fameuse. Malgré un chiffre d'affaires reparti à la hausse, le constructeur brésilien a vu ses marges se détériorer en 2019 et a fini l'exercice dans le rouge. Embraer se prépare désormais à vivre une année atypique entre la crise sanitaire qui frappe le monde - avec une situation rendue encore plus précaire au Brésil en raison de la gestion ubuesque du président Jair Bolsonaro - et la vente de ses activités d'avions commerciaux à Boeing.
 
En 2019 (...) les activités d'aviation d'affaires et de défense & sécurité ont été les plus dynamiques avec des croissances de plus de 25%. (...)
 
Le point noir est venu des avions commerciaux, avec une baisse de plus de 5% à 2,2 milliards de dollars. Embraer a certes respecté sa fourchette de prévisions avec 89 livraisons, mais c'est tout de même une troisième année de baisse consécutive avec des E-Jets E2 qui peinent à décoller commercialemen. (...)
 
Le résultat opérationnel (EBIT) a basculé dans le rouge avec une perte de 77 millions de dollars, contre un bénéfice de 35 millions en 2018. Ce résultat a été impacté par une charge de dépréciation de 72 millions de dollars pour les jets d'affaires, mais serait resté dans le rouge quoi qu'il en soit, avec un résultat opérationnel ajusté de -5 millions de dollars. Celui-ci dépassait les 220 millions de dollars en 2018, malgré près 190 millions de charges exceptionnelles sur les jets d'affaires déjà et sur le programme KC-390.
 
Le résultat net plonge aussi, avec une perte de nette de 322 millions de dollars, contre 178 millions en 2018. Embraer s'est tout de même attaché à dégager des liquidités, à hauteur de 2,8 milliards de dollars (trésorerie disponible et investissements financiers) et en réduisant sa dette financière au cours du dernier trimestre 2019. Ce ne sera pas de trop au vu de la crise provoquée par le coronavirus. Le bilan est tout de même négatif sur l'année avec une dette nette en hausse à 612 millions de dollars fin 2019, contre 440 un an auparavant.

Le futur d'Embraer sera largement déterminé par l'intégration de ses programmes d'avions commerciaux au sein de la coentreprise Boeing Brasil - Commercial, qui sera détenue à 80% par Boeing et seulement à 20% par l'avionneur brésilien. Un partenariat dont la concrétisation reste encore suspendue à la décision de la Commission européenne quant au respect de la concurrence. L'échéance, une nouvelle fois repoussée, est désormais fixée au 23 juin.

Mon commentaire : La situation d'Embraer rappelle celle de Bombardier dans les mois qui ont précédé la cession de son activité de construction d'avions à Airbus.

Le défi pour Boeing sera de faire aussi bien avec Embraer que son rival Airbus avec le constructeur canadien.

> Avec le coronavirus, Roissy se met en mode avion

(source AFP) 26 mars - "Il n'y a pas un bruit" à Roissy-Charles-de-Gaulle et Malik, bagagiste, n'a "jamais vu ça en 20 ans". Dans le deuxième aéroport d'Europe, vidé de ses passagers en raison du coronavirus, seuls errent quelques derniers vacanciers qui tentent péniblement de trouver un vol pour rentrer chez eux.
 
Le calme règne dans les allées de l'aéroport parisien. Boutiques, restaurants, nombreux cafés: tout est fermé sur la plateforme, sauf deux pharmacies et un kiosque à journaux bien achalandés.
 
Depuis l'arrêt des vols en provenance de Chine en février et la fermeture des frontières, la fréquentation de l'aéroport n'a cessé de dégringoler.
 
"On est tombé à 16.000 passagers mercredi, c'est du jamais vu", explique une source aéroportuaire, en soulignant que d'ordinaire, "une journée à Roissy, c'est 150.000 à 200.000 passagers".
 
Dans l'autre aéroport parisien, Orly, le trafic s'est effondré à plus de 90%, obligeant le Groupe ADP, gestionnaire du site, à le fermer temporairement à compter du 31 mars.
 
Roissy restera lui ouvert, a minima. "Je travaille une semaine sur deux, je n'ai presque aucun bagage à gérer, et j'espère que ça ne va pas durer", soupire Malik le bagagiste, 50 ans.
 
"Nous n'acceptons plus de touristes", explique la police aux frontières, et seules les personnes ayant "un impératif médical ou une activité professionnelle qui le justifierait" peuvent encore entrer sur le territoire. (...)

Mon commentaire : En 1977, Brel chantait : "C’est triste Orly le dimanche Avec ou sans Bécaud".

Que ne chanterait-il pas aujourd'hui ?

> Des Français bloqués à l'étranger sont contraints de payer des sommes folles pour un billet d'avion retour

(source Business Insider) 23 mars - C'est une députée qui le dit : le rapatriement des Français actuellement à l'étranger est "une terrible galère", juge Anne Genetet, députée LREM des Français de l'étranger, au micro d'Europe 1. (...) Il s'agit surtout d'expatriés et d'étudiants en échange mais aussi de touristes qui ne veulent pas rester coincés à l'autre bout du monde.

C'est le cas de Mathieu et Amélie, qui doivent écourter au bout d'un mois, "le voyage d'une vie" qui devait les amener en Nouvelle-Zélande, aux Fidji et en Nouvelle-Calédonie. (...)
 
L'Ambassade ne leur a pas laissé le choix. "Ils nous ont dit qu'il fallait partir avant le 17 avril au risque d'être bloqués sur place jusqu'au 31 mai puisqu'il n'y aura plus de vol régulier", confient-ils au téléphone à Business Insider France. En revanche, le rapatriement sera à leurs frais : 3600 euros à deux en voyageant avec Qatar Airways pour Paris via Doha. "Nous travaillons activement pour que les compagnies offrent des solutions commerciales proposées aux ressortissants français. Celles-ci seront toujours payantes", a écrit l'Ambassade aux milliers de Français qui ont sollicité un retour. (...)
 
"Tout le monde avait compris que la France se portait garant du retour. Mais il n'en a rien été. Je suis en colère (...) ", répond Michael, revenu du Vietnam le 22 mars dernier. Il assure qu'il y a encore plusieurs centaines de Français sur place. "Certains n'ont pas pris les vols Air France affrétés, mais payants, car ils étaient persuadés que la France les rapatrierait gratuitement".
 
Michael a dû payer 700 euros pour rentrer avec Emirates alors que son vol d'origine, le même jour, a été supprimé par Vietnam Airlines. (...)
 
Ce jeudi 26 mars, le secrétaire d’État aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari a confirmé que des vols seraient affrétés par le gouvernement, en coordination avec d’autres pays comme l’Allemagne, pour faire rentrer des Français d'ici quelques jours. Il y en aurait 10 000 à 15 000 qui rentrent chaque jour selon le ministre. Une prise de parole qui contraste avec ce que vivent les Français en transit à 18 000 kilomètres de Paris. Si Mathieu et Amélie trouvent "normal que les gens paient pour rentrer", ils ne comprennent pas ces prix. "C'est fou que cela soit aussi cher pour rentrer. L'État aurait pu négocier un tarif raisonnable. J'ai regardé, un vol sec (sans retour), avec une ou deux escales, c'est autour de 800 euros par personne. C'est plus raisonnable. Ce n’est pas la faute de la France mais il faut pouvoir se les payer." (...)

Mon commentaire : Une polémique circule sur les réseaux sociaux concernant le prix des billets pour rentrer en France.

Contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là, les tarifs les plus élevés ne sont pas proposés par Air France, mais par des compagnies effectuant des dessertes non assurées par Air France.

> La France pourrait perdre 65 millions de passagers en 2020

(source Le Journal de l'Aviation) 27 mars - Dans une nouvelle analyse orientée spécifiquement sur le marché européen, l'IATA a de nouveau voulu rappeler l'importance du transport aérien pour l'économie du continent, pour inciter les gouvernements à soutenir ses acteurs. Et cette fois, l'association a donné des estimations plus détaillées, marché par marché, de la crise actuelle.
 
Les chiffres globaux pour l'Europe avaient déjà été révélés et montré qu'elle serait la région la plus touchée du monde par la crise. Alors que les capacités sont au plus bas avec moins de 20% de vols assurés par rapport à un programme de vols normal (5 800 le 25 mars contre près de 30 000 l'année précédente), le vieux continent risque de perdre 46% de trafic en 2020 par rapport à 2019 et 76 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Or l'industrie alimente 12,2 millions d'emplois et génère 823 milliards de dollars de PIB.
 
En ce qui concerne la France, les compagnies pourraient faire une croix sur 65 millions de passagers - l'équivalent de sa population et alors que l'Union des aéroports français en avait compté 214 millions en 2019 - et 12 milliards de dollars de chiffre d'affaires sur l'année. Rafael Schvartzman, vice-président régional de l'IATA pour l'Europe, indique que cela met en danger 318.000 emplois et 28,5 millions de contribution à l'économie. (...)
 
Les autres grands pays européens pourraient être encore plus durement touchés, Royaume-Uni en tête. Bien qu'il ait obtenu un sursis lorsque les États-Unis ont fermé leurs frontières aux vols européens, son transport aérien pourrait perdre 113,5 millions de passagers et 21,7 milliards de dollars de recettes en 2020. Pourtant le Premier ministre Boris Johnson ne compte pas lui venir en aide tout de suite, préférant qu'il cherche d'abord des solutions ailleurs.
 
Les autres pays les plus touchés sont l'Espagne, l'Allemagne et l'Italie - dans l'ordre. Le gouvernement italien a déjà fait un pas pour soutenir son transport aérien puisqu'il a annoncé le déblocage d'une aide de 600 millions d'euros, qui sera principalement utilisée pour sauver de nouveau Alitalia. D'autres pays se sont engagés aussi, comme la Suède et le Danemark en faveur de SAS, la Norvège et l'Espagne.
 
Mais l'IATA demande une aide plus conséquente pour éviter que les compagnies ne sombrent dans une crise dont elles ne pourront pas se sortir, et pas seulement aux gouvernements ni à l'Union européenne, mais aussi aux investisseurs. Rafael Schvartzman met en avant qu'elles sont de gros employeurs en Europe, qu'elles paient beaucoup de taxes qui profitent aux gouvernements et qu'elles ont moteurs de la croissance. (...)
 
Le plus urgent pour le moment est d'assouplir la régulation sur les compensations aux passagers (EU261) en autorisant les compagnies à émettre des avoirs sur les vols annulés et non des remboursements immédiats, pour protéger les liquidités. L'IATA demande également à nouveau de faciliter les activités cargo en accélérant les procédures pour obtenir des droits de survol et d'atterrissage, en supprimant certaines contraintes économiques et la mise en quarantaine systématique des équipages puisqu'ils ne croisent pas les autres opérateurs.
 
En attendant, le Parlement et le Conseil européen ont accepté d'étendre la suspension de la règle d'utilisation des slots jusqu'au 24 octobre.

Mon commentaire : Au-delà des compagnies aériennes, c'est tout le secteur du tourisme qui souffre économiquement du confinement.

> Quatre questions sur les possibles nationalisations d'entreprises

(source Les Échos) 25 mars - L'époque où Bercy s'était fait le héraut des privatisations, la dernière en date étant celle de la Française des Jeux, semble révolue. Coronavirus oblige, celle d'ADP a été effacée du programme, et l'exécutif a même suggéré que d'autres entreprises pouvaient faire l'objet de nationalisations ou, au moins, d'interventions de l'État.
 
« Si pour protéger notre patrimoine industriel, il faut aller jusqu'à la nationalisation de certaines entreprises parce qu'elles seraient attaquées sur les marchés, je n'aurai aucune hésitation », a martelé Bruno Le Maire sur le plateau de BFM Business le 18 mars dernier. A l'heure d'une crise sanitaire et économique sans précédent, l'État change donc de doctrine et effectue une volte-face brutale. Retour sur les enjeux et objectifs de ce processus de nationalisation dans CQFD, le format pédagogique des « Échos ».
 
1. Qu'entend-on par nationalisation ?
Au sens de la loi du 11 février 1982, une nationalisation désigne une « prise de contrôle direct d'une société » par l'État, autrement dit lorsque ce dernier « détient plus de 50 % de son capital ». L'État devient alors l'actionnaire de référence de l'entreprise (voire le seul actionnaire).
 
Pour enclencher le processus, il lui suffit de faire voter une loi. Très longtemps, les nationalisations ont donc eu mauvaise réputation, synonymes selon certains d'expropriation. Et cela malgré l'indemnisation financière des actionnaires.
 
La première nationalisation française remonte à 1848. Pour sauver quelques compagnies ferroviaires (dont celles qui exploitent les lignes Paris-Orléans et Paris-Lyon) mises à mal par l'éclatement d'une bulle boursière, l'État s'est approprié leur capital puis a revendu ses parts sous le Second empire.
 
Les nationalisations se sont ensuite comptées sur les doigts d'une main jusqu'à la Seconde guerre mondiale. Les deux grandes vagues de nationalisations ont eu lieu en 1945, puis en 1982 sous le gouvernement Mauroy. Ce dernier a alors procédé à la nationalisation d'une quarantaine de banques, de cinq groupes industriels et de deux compagnies financières.
 
Depuis, les prises de contrôle majoritaire du capital de sociétés privées par l'État se sont raréfiées et la tendance est d'ailleurs plutôt à la privatisation. De 1986 à aujourd'hui, le nombre d'entreprises publiques a diminué de moitié.
 
2. Pourquoi l'État envisage-t-il de nationaliser des entreprises ?
Il y a trois raisons principales. La première : sauver des entreprises rentables qui traversent une mauvaise passe. « Il y a des entreprises confrontées à des problèmes de liquidités à un instant T, qui ne peuvent pas forcément emprunter à la hauteur de leurs besoins, et qui sont donc menacées de faillite », explique Jean-Paul Fitoussi, économiste et directeur de l'Observatoire français des conjonctures économiques. Ces sociétés n'ont pourtant aucun problème de solvabilité sur le long terme.
 
« Il vaut mieux nationaliser ces entreprises pour les revendre ensuite, avec profit », poursuit l'économiste, s'appuyant sur l'exemple de General Motors aux États-Unis, nationalisé en 2009 par l'administration Obama puis revendu quatre ans plus tard.
 
Deuxième raison, protéger ses fleurons. La valeur de certaines entreprises stratégiques s'est effondrée, à tel point que ces dernières sont devenues vulnérables face à l'appétit d'investisseurs étrangers. « Regardez Renault, imaginez le bonheur que ce serait pour quelques entreprises automobiles japonaises que de racheter Renault pour une bouchée de pain », illustre dans un sourire le spécialiste. Nationaliser permettrait donc ici d'éviter que des entreprises fassent l'objet de raid étranger.
 
Enfin, plus idéologiquement, la nationalisation pourrait faire de l'Agence des participations de l'État - chargée de gérer le portefeuille public - un « véritable instrument de développement industriel », plaide Jean-Paul Fitoussi. En montant au capital de plusieurs firmes stratégiques, et en devenant décisionnaire, l'État entreprendrait alors des offensives industrielles fortes, notamment sur des secteurs tels que l'énergie propre ou la rénovation urbaine.
 
3. Quelles entreprises pourraient être concernées ?
Il s'agirait d'entreprises dont le secteur est particulièrement affecté par la crise liée à la pandémie de coronavirus.» Air France, Renault, des entreprises de défense ou de transport aussi », imagine Jean-Paul Fitoussi.
 
Des secteurs en difficulté mais également stratégiques dans lesquels des capitaux étrangers seraient « indésirables ». « Il faut nationaliser maintenant, avant que d'autres mettent une offre sur la table ce qui forcerait l'État français à surenchérir », plaide l'économiste.
 
Pour l'heure, Bruno Le Maire a écarté l’hypothèse d'une nationalisation d'Air France - KLM. Les nationalisations ne se feront qu'en « dernier recours ».
 
Une première liste d'entreprises que l'État compte soutenir a toutefois été établie. Si le locataire de Bercy a insisté sur sa confidentialité, il semblerait que ce palmarès comprenne des sociétés dans lesquelles l'État a déjà des participations. Même si aucune, assure-t-on, ne se trouve dans une situation critique.
 
A noter que le portefeuille de l'État français - « l'un des plus grands portefeuilles publics au monde », selon l'APE - compte 88 entreprises dont la valeur est de l'ordre de 110 milliards d'euros, dont 80 milliards d'actifs cotés en Bourse. La BPI et la Caisse des Dépôts portent aussi des participations de l'État, l'APE n'en ayant qu'une partie. La BPI a ainsi une soixantaine de participations, dans PSA, Orange, STMicro etc...
 
Des entreprises privées du CAC 40 pourraient également faire l'objet de dialogues avec l'État, même si leur premier réflexe est d'abord de solliciter les banques. En cas de nationalisation, la prise de contrôle sera de toute façon temporaire, l'objectif de l'État étant de renflouer et soutenir ses fleurons et non de rester sur le long terme à leur capital.
 
4. Quels sont les autres moyens d'intervention de l'État ?
Il y a les nationalisations, certes, mais pas seulement. L'État peut aussi monter au capital d'une entreprise sans en devenir l'actionnaire majoritaire. C'est par exemple ce qu'il a décidé en 2014 pour éviter à PSA la quasi-banqueroute, en y investissant 800 millions d'euros. Et c'est ce qui devrait être privilégié aujourd'hui pour certaines entreprises, selon nos informations.
 
L'État dispose aussi d'autres outils, comme le prêt direct aux entreprises. En 2009, l'État français a ainsi prêté à deux colosses du secteur automobile, Renault et PSA, 3 milliards d'euros chacun pour sécuriser leur reprise après la crise financière de 2008.
 
Il peut également accorder des garanties de dettes aux entreprises en difficulté, un mécanisme de plus en plus utilisé en temps de crise. Le pouvoir public se porte ainsi caution d'emprunts réalisés par une entreprise pendant une période donnée. Selon un rapport sur les engagements financiers de l'État, le montant de dette garantie par l'État s'élevait à un peu plus de 210 milliards d'euros fin 2018.
 
C'est d'ailleurs dans ce cadre que l'État a consenti, en début de semaine, à se porter garant à hauteur de 300 milliards d'euros des emprunts que les entreprises solliciteront auprès des banques pour solidifier leur trésorerie. Bruno Le Maire a aussi annoncé que 45 milliards d'euros allaient être mis sur la table pour soutenir les plus petites entreprises.

Mon commentaire : Vous êtes nombreux à m'avoir interpelé sur les rumeurs de nationalisation d'Air France-KLM.

J'espère que cet article très complet aura répondu à vos questions.


Revue de presse boursière ...

> Air France KLM : fin de série

(source Boursier com) 27 mars - Dans le sillage du marché, Air France KLM retombe de 5% à moins de 5 euros après trois séances de rebond. En attendant l'obtention d'une aide probable de l'État, la compagnie, comme l'ensemble de ses concurrentes, a reçu une bonne nouvelle de Bruxelles. Les députés européens ont en effet très largement approuvé jeudi une disposition qui suspend jusqu'au 24 octobre les règles communautaires sur les créneaux aériens afin d'éviter les "vols fantômes" quasi vides dans un contexte de crise liée à l'épidémie de nouveau coronavirus en cours. Ces règles contraignent les transporteurs à utiliser 80% de leurs créneaux de décollage et d'atterrissage afin de les conserver l'année suivante.
 
Concernant plus précisément AF-KLM, Berenberg a dégradé la valeur à 'conserver' avec un objectif de cours réduit de 12 à 7 euros. Le broker note que la destruction de la demande pour les compagnies aériennes semble être deux fois supérieure à celle du 11 septembre et s'est produite plus de deux fois plus rapidement, alors que la reprise est incertaine...

Mon commentaire : Plusieurs analystes ont dégradé leur appréciation sur Air France-KLM. Le plus notable est sans nul doute Citigroup, dont l'objectif de cours passe de 9 euros à 1 euro !

Vous pouvez retrouver les évaluations des analystes sur mon blog, rubrique "Le consensus des analystes".


Fin de la revue de presse


>
Mon commentaire sur l'évolution du cours de l'action Air France-KLM

L'action Air France-KLM est à 4,805 euros en clôture lundi 30 mars. Elle progresse de 8,56%. Elle a repris 11% en deux semaines. Au début de l'épidémie de coronavirus, elle était à 9,93 euros.

La moyenne (le consensus) des analystes pour l'action AF-KLM passe de 10,71 euros à 9,30 euros. Vous pouvez retrouver sur mon blog le détail du consensus des analystes.

Le baril de pétrole Brent (mer du nord) est à 23$, en baisse de 4$ cette semaine. Il est au plus bas depuis 2002. Au début de l'épidémie de coronavirus, il était à 69$.

Ces informations indicatives ne constituent en aucune manière une incitation à vendre ou une sollicitation à acheter des actions Air France-KLM.

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Vous pouvez me poser, par retour, toute question relative au groupe Air France-KLM ou à l'actionnariat salarié...

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