N°751, 13 avril 2020
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Editorial
La Revue de Presse du lundi
>
Air France : le plan Ben Smith pour passer la crise
(source La Tribune) 10 avril - Tout va très vite. Les hypothèses de
programme des vols présentées en interne à Air France la semaine
dernière ne tiennent déjà plus. Alors que la quasi-totalité de la flotte
d'Air France et de KLM est clouée au sol, il était encore question
d'assurer une offre très ambitieuse en juillet et en août : remettre en
ligne 70 à 80% de l'offre en sièges long-courriers initialement prévue
cet été avant la crise du Covid, 80 à 90% sur le moyen-courrier et 65 à
75% sur le court-courrier. Sans surprise, ces hypothèses ne tiennent
plus. Le directeur général d'Air France-KLM, Ben Smith, l'a indiqué ce
vendredi à des pilotes lors d'une visioconférence. Après une
activité minimale en juin où seulement 20% de la capacité globale
pourraient être assurés, Ben Smith compte remettre en service en juillet
40% de l'offre (en sièges kilomètres offerts) initialement prévue avant
la crise, puis 60% en août, avant d'atteindre 75% au quatrième trimestre
au mieux. Ce qui semble encore terriblement ambitieux, au moins pour cet
été. Comme beaucoup, le directeur général d'Air France-KLM prévoit une
reprise lente et progressive. Pour Ben Smith, il faudra deux ans pour
revenir au même niveau que 2019. La situation est critique.
Air
France-KLM perd 25 millions d'euros par jour. (...) Selon nos informations, Air France perd entre 500
et 600 millions d'euros par mois (hors prise en charge par l'État du
chômage partiel). C'est ce qui a été présenté récemment aux
représentants du personnel. Le tout pour une trésorerie de 1,5 milliard
d'euros (KLM a le même niveau et Air France-KLM dispose d'environ 2,5
milliards). Le groupe a besoin une
aide extérieure pour se renflouer. "En l'absence de financements
complémentaires, un besoin de liquidité est attendu au troisième
trimestre 2020", a prévenu Air France-KLM jeudi dans son communiqué,
précisant qu'il s'agissait là de ses "meilleures estimations". "En
conséquence, le groupe Air France-KLM, Air France et KLM, mènent des
discussions approfondies avec leurs gouvernements respectifs et des
institutions financières afin de disposer des ressources qui leur
permettront de sécuriser et soutenir les niveaux de liquidités adéquats,
par tous les moyens", avait précisé le le groupe.
Des
négociations sont en cours avec les États français et néerlandais pour
obtenir des prêts garantis. Il y a deux demandes à l'État français.
L'une vise à obtenir des liquidités pour passer la crise à court terme
(4 à 5 mois), l'autre est destinée à couvrir les 12 à 18 prochains mois.
Problème. Les banques sont
réticentes à prêter avec une garantie de l'État sur 75% des prêts.
Selon
les pilotes, Ben Smith chercherait à obtenir un niveau de cash non
plafonné garanti à 90% par l'État. Le dirigeant canadien serait hostile
à une nationalisation d'Air France qui ne serait pas une réponse aux
besoins de cash du groupe à court terme, a-t-il dit aux pilotes.
Le faible niveau de capacités prévu d'ici à la fin de l'année va
provoquer du sureffectif et un nombre trop important d'appareils. Mais
si l'État garantit les prêts à Air France, il pourrait exiger au groupe
de ne pas licencier. Pour l'heure, la direction ne prévoit pas de
licenciements. Le quart de la flotte pourrait néanmoins être supprimé
d'ici à la fin de l'année. Si les deux prochains A350 seront livrés en
mai et juin, aucune décision n'a été prise pour le dernier B787 et les
deux A350 prévus pour être livrés au quatrième trimestre. Pour l'heure,
les prises de livraison des premiers A220 à l'automne 2021 restent
inchangées. Ben Smith a bien l'intention d'anticiper la sortie de flotte
des A380.
>
Un ensemble de prêts est-il vraiment la bouée de sauvetage pour Air France-KLM ?
(source Het Financieele Dagblad traduit avec Deepl) 10 avril -
Le sauvetage de la compagnie Air France-KLM approche. Le
scénario privilégié est un ensemble de prêts de 6 milliards d'euros avec
une garantie de l'État. Mais il existe d'autres options, telles
que l'augmentation de capital, la nationalisation ou le dégroupage
total. (...) La question est de savoir combien de temps
l'entreprise peut survivre. Air France-KLM brûle rapidement de l'argent.
Bruno Le Maire, le ministre français des finances, a déclaré mercredi
avec un sentiment de drame que la société perd "des milliards par mois"
en raison de la crise du coronavirus. Cela semble exagéré. Un
besoin de liquidités d'environ 1 milliard d'euros par mois semble
plus proche de la vérité. (...)
Paris et La Haye semblent se
diriger vers un prêt. (...) Mais il
existe plusieurs options financières. 1 Un
ensemble de prêts de 6 milliards d'euros En raison des
problèmes actuels de l'aviation, la trésorerie d'Air France-KLM a été
sérieusement affaiblie. Elle était de 6,6 milliards d'euros à la
mi-mars, mais elle sera bientôt à zéro car la quasi-totalité de la
flotte est immobilisée au sol.
Dans ce scénario, Air
France recevra environ 4 milliards d'euros et KLM 2 milliards d'euros. (...) La dette nette du groupe à la
fin de l'année dernière s'élevait à plus de 6 milliards d'euros. Dans le
scénario où 1 milliard d'euros est perdu par la société chaque mois,
cette dette peut atteindre 18 milliards d'euros. Par rapport à l'Ebitda
de 2019, le taux d'endettement serait alors extrêmement élevé, surtout
si une compagnie aérienne plus petite doit être intégrée dans le futur.
2 Un appel aux actionnaires Les actionnaires sont les États
néerlandais et français, chacun pour environ 14 %. En outre, China
Eastern et la compagnie aérienne américaine Delta Airlines en détiennent
chacune 9 %. Les actionnaires pourraient mettre de l'argent
supplémentaire dans l'entreprise pour répondre aux besoins. Mais
dans le cas d'Air France-KLM, ce serait difficile. Les États néerlandais
et français ont un intérêt majeur dans ce domaine, mais China Eastern et
Delta Airlines sont dos au mur. Ils n'ont aucun moyen d'apporter des
capitaux. 3 Une injection de capital par les États
néerlandais et français Paris et La Haye pourraient
effectuer
conjointement une injection de capital de 6 milliards d'euros. Cela
aussi serait une histoire complexe, car à la valeur marchande actuelle de
plus de 2 milliards d'euros, les autres actionnaires verraient bientôt
leur participation diluée par un facteur de quatre. (...) En bref,
il semble peu
probable que cette option soit retenue. 4
Nationalisation La nationalisation d'une compagnie aérienne (...) signifierait un retour aux années
80, à l'ère de la réglementation. Et est-ce que cela respecterait les règles
européennes de la concurrence ? (...) Si Air France-KLM
était nationalisée, quelque
1,5 milliard d'euros devraient d'abord être affectés au rachat des 70 %
des parts des autres actionnaires. A cela s'ajouterait l'augmentation de 6
milliards d'euros du capital d'Air France-KLM.
Pour la compagnie aérienne, la nationalisation serait financièrement
intéressante et offrirait plus de sécurité. Mais est-ce vraiment
faisable politiquement ? Les États y attacheront des conditions
strictes. Mais les besoins sont importants et de nombreux emplois,
quelque 80.000 au total, sont en jeu. 5 Retour à deux sociétés Immédiatement après le déclenchement de la crise du coronavirus,
il
a déjà été suggéré aux Pays-Bas que les deux compagnies aériennes
soient à nouveau indépendantes. Certes, il y a beaucoup de grognements
du côté de KLM à propos des relations difficiles avec les Français. Mais
dans la crise actuelle, les contradictions semblent être reléguées au
second plan. Pieter Elbers n'a laissé aucun doute la semaine dernière : il n'y a de dégroupage dans aucun scénario.
>
Chute de 56,6% du nombre de passagers pour Air France-KLM en mars
(source AFP) 9 avril - Le nombre de passagers transportés par le
groupe Air France-KLM s'est effondré de 56,6% en mars, par rapport à la
même période il y a un an, en pleine expansion mondiale du coronavirus,
a annoncé le groupe jeudi. Pour avril et mai 2020, le
transporteur prévoit "que plus de 90% de la capacité prévue sera
suspendue" en raison des restrictions de voyage imposées au niveau
mondial et les deux compagnies du groupe "ont l'intention de continuer à
desservir des paires de villes clés à partir de leurs hubs respectifs"
d'Amsterdam-Schiphol et Paris-Charles-de-Gaulle, sous forme d'opérations
réduites, selon un communiqué. En mars, Air France, KLM et
Transavia, la low-cost du groupe, ont opéré "des vols spéciaux pour
rapatrier les citoyens dans leur pays d'origine, en étroite
collaboration avec les gouvernements français et néerlandais", précise
le groupe. Air France-KLM précise ne pas être en mesure de
fournir des informations au-delà de mai 2020, "en raison du niveau élevé
d'incertitude sur la durée de la crise" et ajoute qu'il "suit
l'évolution de la situation au quotidien en évaluant en conséquence si
des ajustements complémentaires sont nécessaires sur le réseau". (...)
Le groupe a précisé qu'il allait "suspendre les communiqués de trafic
mensuels jusqu'à nouvel ordre en raison des fortes réductions de
capacité liées au Covid-19". (...)
>
Congo : Un avion de rapatriement d’Air France touché par des tirs
(source AFP) 12 avril - Samedi soir, un avion de rapatriement d’Air
France a été endommagé par des tirs sur l’aéroport de Pointe-Noire au
Congo. Aucun blessé après ces tirs, car l’avion n’avait ni équipage ni
passager, le vol pour la France étant prévu ce dimanche.
« L’appareil était à l’arrêt à son point de stationnement lors de
l’incident, sans équipage ni passagers à son bord », a indiqué Air
France dans un communiqué. Une source proche du dossier a indiqué à
l’AFP que l’appareil avait subi des impacts de balles, sans pouvoir
préciser les circonstances. (...) L’appareil « devait
effectuer un vol de rapatriement entre Pointe-Noire, Bangui et
Paris-Charles de Gaulle dimanche […]. Le vol dont le départ était
initialement prévu à 10h [heure locale] est reporté de 24 heures afin de
permettre d’acheminer un appareil de remplacement [Boeing 777-200] et un
équipage depuis Paris-Charles de Gaulle », a expliqué la
compagnie. (...) « Apparemment » l’incident est « lié à une altercation et à un
désaccord entre un agent de la DGST [Direction générale de la
surveillance du territoire] et son chef. L’agent qui a tiré était sous
l’emprise de l’alcool. C’était un tir à la Kalash en l’air qui a touché
l’avion », a indiqué une source proche du dossier sous couvert de
l’anonymat.
>
Lufthansa ne voit pas de retour à la normale avant des années et s'impose une cure d'amaigrissement drastique
(source La Tribune) 7 avril - Face à la crise du Covid-19, le groupe
Lufthansa (Lufthansa, Austrian Airlines, Swiss, Eurowings, Brussels
Airlines), continue de prendre des mesures fortes plus rapidement que
ses concurrents. (...)
Les mesures prises pour passer le "shutdown"
étant prises et les négociations avec le gouvernement allemand en cours
pour obtenir une aide de plusieurs milliards d'euros, le groupe allemand
se projette déjà dans la période d'après. (...) Contrairement aux prévisions de l'association internationale du
transport aérien (IATA), qui tablent sur une reprise en 2021,
Lufthansa
"ne s'attend pas à un retour rapide du secteur du transport aérien au
niveau d'avant la crise", déclare le groupe dans un communiqué. La
"levée totale des restrictions de voyage durera des mois" et le retour
de la demande à la normale "des années", précise-t-il. Selon nos
informations, certains en interne chez Lufthansa ne s'attendent pas à un
retour de la demande au niveau de 2019 avant quatre à cinq ans. Par
ailleurs, selon un document interne à Lufthansa Technick que Lufthansa
n'a pas voulu commenter à part dire que ce n'était pas "une publication
officielle", la situation actuelle pourrait durer jusqu'à fin septembre,
et la remise en service des capacités ne commencerait réellement qu'à
partir d'octobre avec une remise en vol lente des appareils permettant
d'atteindre entre 25% et 75% (au mieux) des capacités d'ici à
décembre. (...)
Lufthansa va réduire fortement la taille
de sa flotte en se séparant définitivement de 42 appareils,
notamment de nombreux gros-porteurs (six A380 d'ici à 2022, cinq
B747-400, sept A340-600, trois A340-300) et 21 avions court et
moyen-courriers A320. (...) Par ailleurs, la
société Germanwings va fermer (la marque n'existe plus depuis 2015) et
ses opérations seront intégrées à Eurowings, comme cela a déjà
annoncé il y a plusieurs années. Les activités long-courriers
d'Eurowings seront réduites. Swiss et Austrian ne seront pas épargnées
par la restructuration. Leurs flottes seront également réduites.
Lufthansa n'a pas détaillé l'impact sur l'emploi de cette
restructuration mais a promis que "l'objectif" était de "garder le plus
d'emplois possible". (...)
>
EasyJet reporte la livraison de 24 Airbus
(source Le Journal de l'Aviation) 10 avril - Voilà une nouvelle qui
pourrait faire un petit peu plaisir à Stelios Haji-Ioannou,
l'actionnaire principal d'easyJet, mais qui a tout de
même peu de chance de l'amadouer. La compagnie a annoncé avoir
conclu un accord avec Airbus pour reporter la livraison de vingt-quatre
appareils prévue en 2020, 2021 et 2022. De quoi soulager une
partie de la pression qui pèse sur ses liquidités. (...)
EasyJet a également un autre levier sur
lequel s'appuyer pour s'assurer de la flexibilité : ses contrats de
leasing. Elle en compte vingt-quatre qui sont renouvelables, ou non,
durant les seize prochains mois. Elle estime pouvoir ainsi réduire ses
capacités pour s'adapter à la baisse drastique de la demande à la suite
de la crise du Covid-19 et va pouvoir éviter des dépenses importantes
(les avances sur le paiement des A320neo). Le plan de flotte sera exposé
plus en détail le 16 avril. En parallèle, le groupe a répondu
favorablement à une nouvelle demande d'organisation d'assemblée générale
déposée le 8 avril. Initiée par Stelios Haji-Iaonnou, elle vise
à
destituer le directeur non-exécutif Andreas Bierwirth et le directeur
financier Andrew Finlay de leurs fonctions et, surtout, à faire
annuler une commande de 107 monocouloirs d'Airbus.
>
Ryanair sans remboursement, contre l’aide à Austrian Airlines
(source Air Journal) 10 avril - (...) Initialement félicitée
pour sa politique de remboursement des vols annulés
conformément à la directive EU261, la spécialiste irlandaise du vol pas
cher semble se ranger à l’avis des transporteurs qui trouvent cela trop
dangereux pour leur trésorerie et préfèrent proposer des avoirs. Depuis
quelques jours, des passagers de Ryanair ont reçu des
courriels expliquant qu’elle ne « pourra pas traiter les
demandes de remboursement » avant la fin de la crise sanitaire.
Ses employés en charge des paiements « sont tenus de rester à la maison
dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, et des restrictions de
sécurité des paiements nous empêchent de traiter les remboursements en
espèces jusqu’à la fin de la crise », explique Ryanair selon les
passagers qui ont reçu le courriel. (...) En Autriche, la filiale Lauda Air a demandé au
gouvernement de ne pas fournir d’aide à la compagnie nationale Austrian
Airlines, expliquant que les contribuables autrichiens « ne devraient
pas subventionner une compagnie allemande. (...) Nous ne pensons pas que Lufthansa devrait recevoir des
aides d’État des contribuables autrichiens exactement de la même manière
que nous ne pensons pas que Ryanair devrait recevoir des aides d’État
des contribuables autrichiens », a déclaré le CEO de Lauda Air Andreas
Gruber à l’agence Reuters. Et si Austrian Airlines reçoit
finalement une aide d’état, alors la low-cost demandera la même chose –
au nom de ses 550 employés autrichiens. (...)
>
Norwegian Air veut restructurer sa dette
(source Reuters) 8 avril - La compagnie aérienne Norwegian
Air, dont la quasi-totalité de la flotte est clouée au sol en
raison des restrictions liées à la pandémie de coronavirus, a
proposé mercredi de convertir une partie de sa dette en
actions et d'émettre des actions nouvelles pour pouvoir rester à flot.
En faisant cela, la compagnie norvégienne à bas coût
pourrait par ailleurs bénéficier de garanties publiques pouvant
atteindre trois milliards de couronnes norvégiennes (environ
265 millions d'euros) qui sont conditionnées à la réduction du
ratio dette sur capitaux propres. Pionnière en 2013 des liaisons
transatlantiques "low-cost", Norwegian est rapidement devenue la
première compagnie étrangère desservant la région de New York et un
acteur majeur dans d'autres aéroports américains. Mais cette expansion
s'est faite au prix d'une dette et d'engagements représentant fin 2019
près de huit milliards de dollars. Le mois dernier,
Norwegian a décidé de mettre au chômage technique près
de 90% de ses salariés, soit 7.300 personnes, tout en sollicitant l'aide
des autorités norvégiennes, disant avoir besoin de liquidités
"dans des semaines, pas des mois". "Norwegian veut
renforcer son bilan en convertissant de la dette en actions pour
répondre aux exigences du programme de garantie de l'État norvégien et
créer une plate-forme durable", a déclaré mercredi le groupe dans un
communiqué. Une assemblée
générale extraordinaire se tiendra le 4 mai pour approuver ce
projet, a-t-il ajouté.
>
Coronavirus: Ethiopian Airlines a déjà perdu un demi-milliard de dollars
(source AFP) 7 avril - Ethiopian Airlines, la première
compagnie aérienne d'Afrique, a déjà perdu un demi-milliard de dollars
et fermé la plupart de ses lignes passagers depuis le début de la
pandémie de nouveau coronavirus. (...) Pour
affronter cette crise, a expliqué son PDG M. Tewolde, la compagnie va concentrer
ses efforts sur le fret, dont l'approvisionnement en équipement médical,
et pourrait aller jusqu'à enlever les sièges passagers de certains de
ses avions. L'activité fret ne représente toutefois encore que
15% des revenus d'Ethiopian Airlines, a reconnu son PDG. (...) M. Tewolde s'est dit confiant en la capacité de
la compagnie, propriété de l'État éthiopien, à résister à la tempête
sans avoir à licencier aucun de ses 13.000 employés réguliers.
Mais il n'a pas exclu qu'elle ait besoin d'une aide financière
extérieure pour se maintenir à flot. "Notre plan est de
résister et passer cette crise seuls, mais si malheureusement elle se
prolonge au-delà de ce qu'on imagine, nous verrons ça le moment venu",
a-t-il déclaré. (...)
>
Malaysia Airlines : une offre de 2,5 milliards de dollars
(source Air Journal) 8 avril - Afin de reprendre intégralement la société holding
Malaysia Aviation Group (MAG) propriétaire de la compagnie nationale
malaisienne, Golden Skies Ventures Sdn Bhd (GSV) a affirmé le 7 avril
2020 avoir obtenu « plus de 2,5 milliards de dollars » auprès d’une
banque européenne non précisée. Interrogé par Reuters, le CEO de GSV Shahril Lamin
a estimé qu’il lui faudra « trois ou quatre mois » pour obtenir le
financement à long terme, une « société japonaise de
capital-investissement » étant prête à injecter des fonds « immédiats »
dans le groupe Malaysia Airlines « par le biais d’un accord de
participation ». (...) Fondé par d’anciens
responsables de Malaysia Airlines et des professionnels ayant une
expérience de l’aviation, GSV aurait soumis il y a un mois sa
proposition à la banque Morgan Stanley, embauchée par Kazanah pour gérer
la vente de la compagnie qui ne s’est jamais remise de la perte
successive de deux avions en 2014 – un disparu dans l’Océan indien (vol
MH370) et l’autre abattu au-dessus de l’Ukraine (vol MH17). (...)
Khazanah Nasional Bhd n’est pas convaincu par l’offre : selon le Daily
Express, le fonds souverain est sceptique sur la proposition, affirmant
que Golden Skies « n’a pas été en mesure de prouver sa source de
financement ». Selon son directeur général Shahril Ridza Ridzuan, il
serait « prudent » de savoir si l’offre a été faite avec un soutien
financier, compte tenu de la crise mondiale des compagnies aériennes et
de l’aversion au risque de crédit en cette période. « De plus, leur
proposition initiale repose à 100% sur le financement par emprunt de
tiers. Ils n’ont pas de capitaux propres », a-t-il souligné.
Depuis la mi-mars, Malaysia Airlines a suspendu plus de 4000 vols et
prévu de conserver une capacité réduite jusqu’à la fin juin, supprimant
en particulier tous les vols hors Jakarta en Asie du Sud-est et la
plupart de ses rotations vers Londres. Elle a aussi demandé à ses
employés de prendre trois mois de congés sans solde.
>
Les sociétés de leasing s'attendent à une baisse des prix et du nombre de locations d'avions
(source Le Journal de l'Aviation) 6 avril - Le secteur du
leasing se prépare lui aussi à subir les effets de la crise liée à la
pandémie de covid-19. Une étude réalisée par IBA et Split Rock
Aviation indique que les taux et les valeurs des appareils
devraient diminuer dans les mois à venir et que la
physionomie du marché devrait être modifiée, avec une forte augmentation
des fins de contrats, en raison des difficultés énormes que rencontrent
actuellement les compagnies aériennes. (...)
Pour la première fois
depuis plus de trente ans, les fins de lease devraient être plus
nombreuses que les nouveaux contrats, poussées par l'augmentation
naturelle des échéances de bail et les faillites à venir. IBA estime que
les appareils remis sur le marché dans le cadre de faillites de
compagnies aériennes pourraient dépasser les 425 en 2020 et frôler les
600 en 2021. En ce qui concerne les nouveaux accords, ils
devraient considérablement chuter, sauf ceux de crédit-bail, qui
répondent au besoin de liquidités des compagnies aériennes - comme
l'illustre l'accord de « sale and lease back » conclu par Cathay
Pacific en mars avec BOC Aviation pour six de ses Boeing
777-300ER. (...) « La
situation va être assez difficile pour les sociétés de leasing », estime
Phil Seymour. Si BOC Aviation ne semble pas s'inquiéter et avoir une
confiance totale en son bilan, Avolon a déjà commencé à prendre des
mesures pour se protéger. La société irlandaise a annoncé l'annulation
de commandes pour 75 Boeing 737 MAX, dont les livraisons étaient prévues
pour 2020-2023, et le report de seize autres appareils à 2024 et
au-delà. De même, quatre A330neo attendus pour 2021 ont été annulés et
neuf Airbus de la famille A320neo ont été repoussés à 2027. Elle indique
que 80% de sa base clients l'a contactée pour demander des mesures de
soulagement, principalement des reports à court terme de paiement.
>
Le fret aérien ne connaît pas la crise
(source Le Journal du Dimanche) 12 avril - (...) Première plateforme de fret aérien en Europe,
Roissy dispose de 80 postes d’avions cargos sur une zone équivalente à
un terminal de 45 millions de passagers. « Le fret aérien ne pèse que
2 % des volumes de marchandises transportées dans le monde, reconnaît
Edward Arkwright, directeur général exécutif d’ADP, mais en valeur, cela
représente 35 %. » Tout ce qui est cher prend l’avion : les pièces
d’aéronautique, les téléphones portables neufs, les ordinateurs, les
chevaux de course et, bien sûr, les accessoires de luxe made in France.
Pour les grandes maisons, le terminal cargo enregistre même une
pointe d’activité le week-end. « Fabriquée dans la semaine, la
marchandise est envoyée directement vers l’Asie entre le samedi et le
dimanche », explique Henri Le Gouis, directeur pour l’Europe de Bolloré
Logistics. (...) L’activité économique est en
train de repartir en Asie, explique Édouard Mathieu, directeur cargo
chez ADP. « La demande est là pour des produits frais, mais aussi des
composants industriels, des articles de luxe... ». (...) Air France aussi s’est relancé dans la partie. Le
transporteur français va opérer mardi un vol inédit avec un avion
passager rempli de marchandises - de la soute à la cabine - avec des
colis de matériel médical coincés entre les sièges, dessus, et jusque
dans les coffres à bagages. Ce trajet Hongkong-Paris-Hongkong signe
aussi le retour d’Air France sur l’activité fret avec la Chine (...) explique Christophe Boucher, directeur du cargo chez Air
France, une activité qui pesait l’an dernier 800 millions d’euros de
chiffre d’affaires. Ces recettes sont stratégiques pour des
compagnies en mal de trésorerie, acculées par une crise mondiale
inédite, et condamnées comme Air France à solliciter une aide financière
de l’État. Dans ce contexte, le prix au kilo transporté - entre 1,50 et
2,50 euros - est devenu une source de cash inestimable. Des dizaines de
compagnies aériennes ont décidé de faire voler leurs avions passagers
avec du fret. « Cela nécessite parfois de négocier des autorisations
spéciales avec les États car les créneaux accordés pour le transport de
passagers ne sont pas les mêmes que pour le fret », précise Mathias Lepeut, patron de l’activité cargo pour Qatar Airways en Europe.
Pour
les compagnies, faire tourner ces avions et leurs pilotes est plus
rentable que de supporter leur immobilisation. Mais surtout, garder
flottes et équipages en activité facilitera la reprise, le jour où la
sortie de la crise sanitaire mondiale le permettra.
>
Le vol de certification des Boeing 737 Max repoussé par la FAA
(source Avions légendaires) 9 avril - Le sort s’acharne vraiment sur
le constructeur américain et sur son monocouloir. Ce mardi 7 avril 2020
la Federal Aviation Administration a annoncé que le vol de nouvelle
certification de la famille 737 Max n’aurait pas lieu avant au plus tôt
le mois prochain. Une annonce qui selon l’avionneur va lui
permettre de corriger deux défauts mineurs détectés récemment.
Officiellement Boeing espère toujours un retour à la normale d’ici la
fin du printemps. (...) Boeing justement a profité
de cette annonce de la FAA pour dévoiler la découverte de deux points
techniques du logiciel MCAS qui avaient besoin d’être remis à
jour. Ça tombe bien ses ingénieurs et techniciens ont un sursis de
quelques jours avant le vol de certification. L’un d’eux
concerne un risque mince mais bien réel de désengagement involontaire du
pilote automatique lors des phases d’atterrissage. (...)
Pour mémoire ce vol de certification repoussé à mai 2020 ne concerne que
les 737 Max 7, 737 Max 8, et 737 Max 9. Et ce aussi bien dans les
versions commerciales classiques que pour les avions d’affaire de type
BBJ Max car au final il ne s’agit que de différences d’aménagements
intérieurs. Le nouveau 737 Max 10 n’est pas dans la boucle car sa
certification est tout bonnement impossible actuellement : il n’a pas
encore réalisé son premier vol. Celui-ci est attendu là encore entre la
fin du printemps et le début de l’été, si tout va bien.
>
L'IATA prépare la reprise et appelle à la coordination
(source Le Journal de l'Aviation) 7 avril - Tout en continuant
d'appeler les gouvernements et les régulateurs à mettre en place très
rapidement les mesures de soutien promises, l'IATA veut préparer le
transport aérien à la reprise. (...) L'un des
premiers aspects qui devra être réglé sera technique. En effet, plus les
opérations sont arrêtées longtemps, plus le redémarrage est difficile.
Notamment pour les avions, mais pas uniquement. Les négociations avec
les régulateurs sont donc de première importance pour gérer les
éventuelles expirations de licences du personnel, des certificats de
navigabilité... « Nous devrons avoir des discussions sérieuses et
ouvertes avec les régulateurs pour que tous les aspects réglementaires
soient sécurisés. Nous n'avons jamais arrêté l'industrie à cette échelle
avant donc ce ne sera la première fois que nous remettrons quasiment
tout en marche. » L'autre inconnue est « l'adaptation de
l'industrie du transport aérien à la réalité post-Covid ».
L'IATA est consciente que les autorités voudront
s'assurer que tout est fait pour éviter une reprise de la pandémie.
Constatant que la Chine a déjà imposé des restrictions qui n'étaient
même pas en vigueur au pic de l'épidémie, elle souhaite que les
mesures qu'elles estimeront nécessaires soient
négociées et coordonnées, qu'il s'agisse de mettre en place de nouveaux
contrôles, de prendre la température des passagers ou autre. (...)
>
Des jours meilleurs reviendront...
(source Le Journal de l'Aviation) 7 avril - Le temps s'est désormais
arrêté pour le transport aérien mondial et les incertitudes concernant
la reprise se transforment de jour en jour en un pessimisme certain,
tant les sujets d'inquiétudes semblent s'accumuler pour le secteur et
même si l'IATA se montre particulièrement proactive vis-à-vis des
compagnies aériennes, des aéroports, des gouvernements et des autorités
sanitaires. Car en théorie seulement, la demande n'a pas
disparu, mais elle reste intimement liée d'une part à la levée des
interdictions et restrictions de voyages de par le monde, alors qu'il
n'existe aucun vaccin ni traitement antiviral pour lutter contre le
coronavirus, et d'autre part aux conséquences de la crise économique sur
les passagers. On peut alors comprendre que toutes les
compagnies aériennes mondiales ne seront pas logées à la même enseigne
et que cette reprise dépendra beaucoup de la nature des activités des
transporteurs. Une compagnie aérienne spécialisée dans les vols de type
point à point à l'échelle d'un continent (comme les grandes low-cost
mondiales) sera logiquement moins durablement touchée qu'une compagnie
disposant d'un modèle économique fortement exposé aux vols
intercontinentaux (comme le sont les grandes compagnies
traditionnelles). Pire, en se référant aux précédentes crises
économiques qui ont eu des conséquences importantes pour le transport
aérien, à chaque fois de nombreux passagers voyageant pour raison
professionnelle se sont vus déclassés d'une cabine par leur entreprise,
impactant alors sensiblement les recettes des compagnies aériennes sur
le long-courrier, les passagers « haute contribution » participant
grandement à la pérennité commerciale de ce type de vols. Mais
un autre sujet d'inquiétudes concerne aussi cette fois
directement le comportement des passagers qui pourrait être amené à
évoluer au cours des prochains mois. L'image du passager confiné dans une cabine bondée
en ces temps de covid-19 n'a jamais été aussi éloignée du bonheur
idyllique même si les dernières consignes de l'EASA visant à limiter les
risques de contamination en cabine (arrêt de l'air en recirculation,
conseils de répartition des passagers pour un plus grand espacement...)
sont les bienvenues, mais évidemment transitoires. Autre exemple,
de
nombreux voyageurs pourraient bien davantage privilégier les vols
directs, une tendance qui se fera nécessairement au détriment des
modèles économiques basés sur les hubs de correspondance (et donc encore
une fois des grandes compagnies aériennes traditionnelles). On
l'aura compris, la crise qui commence pour le transport aérien ne
s'arrêtera pas avec la reprise d'une grande partie de leur programme de
vols. Mais comme vient de l'annoncer la reine Élisabeth II, « des jours
meilleurs reviendront ».
Revue de presse boursière ...
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Pétrole : accord "historique" entre les pays exportateurs pour une baisse de la production
(source Capital) 13 avril - Les pays exportateurs de pétrole,
Arabie saoudite et Russie en tête, ont convenu dimanche soir d'une
baisse de production (...) de l'offre pétrolière de 9,7
millions de barils par jours (mbj) en mai et en juin, a annoncé
l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
Saluant un "ajustement historique" de la production, le secrétaire
général de l'Opep Mohammed Barkindo a souligné que cette réduction
serait "la plus importante en volume et la plus longue en durée" jamais
mise en œuvre par le cartel et ses partenaires. L'organisation
menée par l'Arabie Saoudite, qui depuis deux ans coopère avec la Russie,
entend en effet appliquer ces quotas jusqu'en
mai 2022, en les faisant passer à 7,7 millions mbj au second semestre
2020, puis à 5,8 millions mbj
Alors que les frictions entre Ryad et
Moscou, lancés dans une guerre des prix et des parts de marché, avaient
dominé ces dernières semaines, c'est un différend avec le Mexique qui
bloquait depuis jeudi la réplique souhaitée par la majorité des
producteurs. Mexico jugeait excessif l'effort qui lui était
réclamé alors que le gouvernement a lourdement investi pour relancer la
production. Au final, le pays semble avoir obtenu satisfaction, l'Opep
ayant revu un peu à la baisse son objectif d'une coupe de 10 mbj pour
mai et juin. (...) "Les prix du pétrole vont se stabiliser, le marché du
pétrole se stabilisera et (il) sera la base de la reprise financière,
commerciale et économique dans un monde post-pandémique", a affirmé le
président Nicolas Maduro. Les analystes en étaient moins assurés,
saluant un effort inédit des producteurs mais rappelant que les
capacités de stockage arrivaient à saturation et que, dans
l'immédiat, la pression baissière risquait de se poursuivre sur le prix
du baril. (...)
L'article bonus ...
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Edgar Morin: «Nous devons vivre avec l'incertitude»
(source Le journal CNRS) 6 avril - Le philosophe Edgar Morin. « Je ne
dis pas que j’avais prévu l’épidémie actuelle, mais je dis par exemple
depuis plusieurs années qu’avec la dégradation de notre biosphère, nous
devons nous préparer à des catastrophes. » Confiné dans sa maison à
Montpellier, le philosophe Edgar Morin reste fidèle à sa vision globale
de la société. La crise épidémique, nous dit-il, doit nous apprendre à
mieux comprendre la science et à vivre avec l’incertitude. Et à
retrouver une forme d’humanisme. La pandémie du coronavirus a
remis brutalement la science au centre de la société. Celle-ci va-t-elle
en sortir transformée ? Edgar Morin : Ce qui me frappe, c’est qu’une
grande partie du public considérait la science comme le répertoire des
vérités absolues, des affirmations irréfutables. Et tout le monde était
rassuré de voir que le président s’était entouré d’un conseil
scientifique. Mais que s’est-il passé ? Très rapidement, on s’est rendu
compte que ces scientifiques défendaient des points de vue très
différents parfois contradictoires, que ce soit sur les mesures à
prendre, les nouveaux remèdes éventuels pour répondre à l’urgence, la
validité de tel ou tel médicament, la durée des essais cliniques à
engager… Toutes ces controverses introduisent le doute dans l’esprit des
citoyens. Vous voulez dire que le public risque de perdre
confiance en la science ? E.M. : Non, s’il comprend que les sciences
vivent et progressent par la controverse. Les débats autour de la
chloroquine, par exemple, ont permis de poser la question de
l’alternative entre urgence ou prudence. Le monde scientifique avait
déjà connu de fortes controverses au moment de l’apparition du sida,
dans les années 1980. Or, ce que nous ont montré les philosophes des
sciences, c’est précisément que les controverses font partie inhérente
de la recherche. Celle-ci en a même besoin pour progresser.
Malheureusement, très peu de scientifiques ont lu Karl Popper, qui a
établi qu’une théorie scientifique n’est telle que si elle est
réfutable, Gaston Bachelard, qui a posé le problème de la complexité de
la connaissance, ou encore Thomas Kuhn, qui a bien montré comment
l’histoire des sciences est un processus discontinu. Trop de
scientifiques ignorent l’apport de ces grands épistémologues et
travaillent encore dans une optique dogmatique. La crise actuelle sera-t-elle de nature à modifier cette
vision de la science ? E.M. : Je ne peux pas le prédire, mais
j’espère qu’elle va servir à révéler combien la science est une chose
plus complexe qu’on veut bien le croire – qu’on se place d’ailleurs du
côté de ceux qui l’envisagent comme un catalogue de dogmes, ou de ceux
qui ne voient les scientifiques que comme autant de Diafoirus (charlatan
dans la pièce Le Malade imaginaire de Molière, Ndlr) sans cesse en train
de se contredire… J'espère que cette crise va servir à révéler
combien la science est une chose plus complexe qu’on veut le croire.
La science est une réalité humaine qui, comme la
démocratie, repose sur les débats d’idées, bien que ses modes de
vérification soient plus rigoureux. Malgré cela, les grandes théories
admises tendent à se dogmatiser, et les grands innovateurs ont toujours
eu du mal à faire reconnaitre leurs découvertes. L’épisode que nous
vivons aujourd'hui peut donc être le bon moment pour faire prendre
conscience, aux citoyens comme aux chercheurs eux-mêmes, de la nécessité
de comprendre que les théories scientifiques ne sont pas absolues, comme
les dogmes des religions, mais biodégradables... La catastrophe
sanitaire, ou la situation inédite de confinement que nous vivons
actuellement : qu’est-ce qui est, selon vous, le plus marquant ?
E.M. : Il n’y a pas lieu d’établir une hiérarchie entre ces deux
situations, puisque leur enchaînement a été chronologique et débouche
sur une crise qu’on peut dire de civilisation, car elle nous oblige à
changer nos comportements et change nos existences, au niveau local
comme au niveau planétaire. Tout cela est un ensemble complexe. Si on
veut l’envisager d’un point de vue philosophique, il faut tenter de
faire la connexion entre toutes ces crises et réfléchir avant tout sur
l’incertitude, qui en est la principale caractéristique. Ce qui
est très intéressant, dans la crise du coronavirus, c’est qu’on n’a
encore aucune certitude sur l’origine même de ce virus, ni sur ses
différentes formes, les populations auxquelles il s’attaque, ses degrés
de nocivité… Mais nous traversons également une grande incertitude sur
toutes les conséquences de l’épidémie dans tous les domaines, sociaux,
économiques... Mais en quoi ces incertitudes forment-elles,
selon vous, le lien entre ces toutes ces crises ? E.M. : Parce que
nous devons apprendre à les accepter et à vivre avec elles, alors que
notre civilisation nous a inculqué le besoin de certitudes toujours plus
nombreuses sur le futur, souvent illusoires, parfois frivoles, quand on
nous a décrit avec précision ce qui va nous arriver en 2025 ! L’arrivée
de ce virus doit nous rappeler que l’incertitude reste un élément
inexpugnable de la condition humaine. Toutes les assurances sociales
auxquelles vous pouvez souscrire ne seront jamais capables de vous
garantir que vous ne tomberez pas malade ou que vous serez heureux en
ménage ! Nous essayons de nous entourer d’un maximum de certitudes, mais
vivre, c’est naviguer dans une mer d’incertitudes, à travers des îlots
et des archipels de certitudes sur lesquels on se ravitaille…
C’est votre propre règle de vie ? E.M. : C’est plutôt le résultat de
mon expérience. J’ai assisté à tant d’événements imprévus dans ma vie –
de la résistance soviétique dans les années 1930 à la chute de l’URSS,
pour ne parler que de deux faits historiques improbables avant leur
venue – que cela fait partie de ma façon d’être. Je ne vis pas dans
l’angoisse permanente, mais je m’attends à ce que surgissent des
événements plus ou moins catastrophiques. Je ne dis pas que j’avais
prévu l’épidémie actuelle, mais je dis par exemple depuis plusieurs
années qu’avec la dégradation de notre biosphère, nous devons nous
préparer à des catastrophes. Oui, cela fait partie de ma philosophie :
« Attends-toi à l’inattendu. » Nous essayons de nous entourer
d’un maximum de certitudes, mais vivre, c’est naviguer dans une mer
d’incertitudes, à travers des îlots et des archipels de certitudes sur
lesquels on se ravitaille… En outre, je me préoccupe du sort du monde
après avoir compris, en lisant Heidegger en 1960, que nous vivons dans
l’ère planétaire, puis en 2000 que la globalisation est un processus
pouvant provoquer autant de nuisances que de bienfaits. J’observe aussi
que le déchaînement incontrôlé du développement techno-économique, animé
par une soif illimitée de profit et favorisé par une politique
néolibérale généralisée, est devenu nocif et provoque des crises de
toutes sortes… À partir de ce moment-là, je suis intellectuellement
préparé à faire face à l’inattendu, à affronter les bouleversements.
Pour s’en tenir à la France, comment jugez-vous la gestion de
l’épidémie par les pouvoirs publics ? E.M. : Je regrette que certains
besoins aient été niés, comme celui du port du masque, uniquement pour…
masquer le fait qu’il n’y en avait pas ! On a dit aussi : les tests ne
servent à rien, uniquement pour camoufler le fait qu’on n’en avait pas
non plus. Il serait humain de reconnaître que des erreurs ont été
commises et qu’on va les corriger. La responsabilité passe par la
reconnaissance de ses erreurs. Cela dit, j’ai observé que, dès son
premier discours de crise, le président Macron n’a pas parlé que des
entreprises, il a parlé des salariés et des travailleurs. C’est un
premier changement ! Espérons qu’il finisse par se libérer du monde
financier : il a même évoqué la possibilité de changer le modèle de
développement… Allons-nous alors vers un changement économique ?
E.M. : Notre système fondé sur la compétitivité et la rentabilité a
souvent de graves conséquences sur les conditions de travail. La
pratique massive du télétravail qu’entraîne le confinement peut
contribuer à changer le fonctionnement des entreprises encore trop
hiérarchiques ou autoritaires. La crise actuelle peut accélérer aussi le
retour à la production locale et l’abandon de toute cette industrie du
jetable, en redonnant du même coup du travail aux artisans et au
commerce de proximité. Dans cette période où les syndicats sont très
affaiblis, ce sont toutes ces actions collectives qui peuvent peser pour
améliorer les conditions de travail. Sommes-nous en train de
vivre un changement politique, où les rapports entre l’individu et le
collectif se transforment ? E.M. : L’intérêt individuel dominait
tout, et voilà que les solidarités se réveillent. Regardez le monde
hospitalier : ce secteur était dans un état de dissensions et de
mécontentements profonds, mais, devant l’afflux de malades, il fait
preuve d’une solidarité extraordinaire. Même confinée, la population l’a
bien compris en applaudissant, le soir, tous ces gens qui se dévouent et
travaillent pour elle. C’est incontestablement un moment de progrès, en
tout cas au niveau national. Je ne dis pas que la sagesse, c’est
de rester toute sa vie dans sa chambre, mais ne serait-ce que sur notre
mode de consommation ou d’alimentation, ce confinement est peut-être le
moment de se défaire de toute cette culture industrielle dont on connaît
les vices.
Malheureusement, on ne peut pas parler d’un réveil de la
solidarité humaine ou planétaire. Pourtant nous étions déjà, êtres
humains de tous les pays, confrontés aux mêmes problèmes face à la
dégradation de l’environnement ou au cynisme économique. Alors
qu’aujourd'hui, du Nigeria à Nouvelle-Zélande, nous nous retrouvons tous
confinés, nous devrions prendre conscience que nos destins sont liés,
que nous le voulions ou non. Ce serait le moment de rafraîchir notre
humanisme, car tant que nous ne verrons pas l’humanité comme une
communauté de destin, nous ne pourrons pas pousser les gouvernements à
agir dans un sens novateur. Que peut nous apprendre le
philosophe que vous êtes pour passer ces longues périodes de
confinement ? E.M. : C’est vrai que pour beaucoup d’entre nous qui
vivons une grande partie de notre vie hors de chez nous, ce brusque
confinement peut représenter une gêne terrible. Je pense que ça peut
être l’occasion de réfléchir, de se demander ce qui, dans notre vie,
relève du frivole ou de l’inutile. Je ne dis pas que la sagesse, c’est
de rester toute sa vie dans sa chambre, mais ne serait-ce que sur notre
mode de consommation ou d’alimentation, c’est peut-être le moment de se
défaire de toute cette culture industrielle dont on connaît les vices,
le moment de s’en désintoxiquer. C’est aussi l’occasion de prendre
durablement conscience de ces vérités humaines que nous connaissons
tous, mais qui sont refoulées dans notre subconscient : que l’amour,
l’amitié, la communion, la solidarité sont ce qui font la qualité de la
vie. ♦
Fin de la revue de presse
> Mon commentaire
sur l'évolution du cours de l'action Air France-KLM
L'action Air France-KLM est à 5,276 euros en clôture jeudi 9 avril
(la bourse était fermée vendredi 10 et lundi 13 avril). Elle progresse de
3,09%. Au
début de l'épidémie de coronavirus, elle était à 9,93 euros.
La moyenne (le consensus) des analystes pour l'action AF-KLM
est à 8,97 euros. Vous pouvez
retrouver sur mon blog le détail du consensus des analystes.
Le baril de pétrole Brent (mer du nord) est
à 32$, en baisse de 2$ cette semaine. Au début de l'épidémie de coronavirus,
il était à 69$. Les experts estiment que, suite à l'accord entre l'Opep
et la Russie, son prix devrait monter.
Ces informations indicatives ne constituent en aucune manière une
incitation à vendre ou une sollicitation à acheter des actions Air France-KLM.
Vous pouvez réagir à cette revue de presse ou bien me communiquer toute
information ou réflexion me permettant de mieux conduire ma fonction d'administrateur
du groupe Air France-KLM.
Vous pouvez me poser, par retour, toute question
relative au groupe Air France-KLM ou à l'actionnariat salarié...
A bientôt.
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François Robardet
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