Les nouveaux scénarios à l'étude pour sauver Air France-KLM

photo François Robardet, Administrateur Air France-KLM I Lettre de l'Administrateur Air France-KLM

François Robardet Représentant des salariés et anciens salariés actionnaires PS et PNC

N°781, 9 novembre 2020  
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Editorial

Chères lectrices, chers lecteurs

Ce lundi 9 novembre, l'annonce d'un vaccin potentiellement efficace contre la Covid-19 a bouleversé l'actualité.

Vous trouverez les détails de cette annonce dans la rubrique "Article Bonus".

Il reste encore des étapes à franchir avant la validation de ce vaccin et sa mise en production. D'ici là, continuons à respecter les mesures "barrière".

Bonne lecture
François


La Revue de Presse du lundi

> Les nouveaux scénarios à l'étude pour sauver Air France-KLM

(source La Lettre A) 3 novembre - Alors que la crise de l'aérien va encore durer plusieurs mois, Bercy travaille sur un nouveau soutien à Air France-KLM. Toutes les pistes restent ouvertes, mais deux options sont actuellement sur la table de Bruno Le Maire, ministre des finances, et de Martin Vial, commissaire aux participations de l'État et administrateur du groupe franco-néerlandais. La première consiste à transformer en quasi-fonds propres une partie du prêt d'actionnaire de 3 milliards d'euros consenti par la France en mai. La seconde, portée par le député Mickaël Nogal (La République en marche), porte sur l'allongement de la durée d'amortissement pour les 4 milliards d'euros de prêts garantis par l'État (PGE).
 
La première mesure permettrait à l'État français de renforcer la solvabilité d'Air France-KLM sans avoir à mobiliser des financements supplémentaires. Une des hypothèses passerait par l'émission d'obligations subordonnées perpétuelles qui, sans échéance de remboursement, sont assimilées à des fonds propres. Cette solution génère des taux d'intérêt très élevés, mais globalement équivalents à ceux du prêt d'actionnaire (7 % les quatre premières années, majorés par la suite jusqu'à 7,75 %).
 
Air France-KLM, dirigé par le Canadien Ben Smith depuis 2018, avait déjà effectué une opération similaire en 2015. Le groupe avait émis des obligations perpétuelles à hauteur de 403 millions d'euros auprès d'acteurs privés, qui ont été remboursées le 1er septembre dernier.
 
L'allongement de la durée d'amortissement des PGE permettrait aussi à Air France-KLM de mieux respirer sur le plan strictement comptable. Actuellement comprise entre un et cinq ans, cette durée d'amortissement pourrait être étendue entre cinq et dix ans. Cependant, cela ne retarderait pas pour autant l'échéance de remboursement, actuellement d'un an avec la possibilité de l'étendre jusqu'à trois ans (...)
 
Ces deux pistes pour assainir le bilan d'Air France-KLM sont plus faciles à mettre en œuvre qu'une recapitalisation, mais cette dernière option reste étudiée du côté de Paris comme de La Haye. Wopke Hoekstra, ministre néerlandais des finances, n'a pas hésité à faire plusieurs déclarations en ce sens ces derniers mois.
 
Toute recapitalisation nécessiterait toutefois un accord entre les quatre actionnaires principaux du groupe : l'État français (14,3 %), l'État néerlandais (14 %), Delta Airlines (8,8 %) et China Eastern Airlines (8,8 %). Ce qui pourrait donner lieu à d'âpres négociations, surtout si les équilibres actuels sont perturbés à la suite de l'opération.
 
Les relations sont tendues au sein du conseil d'administration depuis le coup de force réalisé par l'État néerlandais en février 2019. Celui-ci avait acquis 14 % du capital d'Air France-KLM dans le plus grand secret. L'État français a d'ailleurs inclus un "step up" de 5,5 % sur le taux d'intérêt de son prêt d'actionnaire pour imposer son incorporation au capital si nécessaire, mais aussi pour contrer toute nouvelle manœuvre capitalistique de la part des Néerlandais si elle était réalisée sans son consentement.
 
Une augmentation de capital par l'émission d'actions sur le marché paraît exclue pour le moment : cette opération serait très risquée au vu de la capitalisation boursière actuelle du groupe. Celle-ci a été divisée par trois depuis février et est passée sous la barre de 1,2 milliard d'euros.
 
Pour l'instant, Air France-KLM dispose encore d'un peu de temps avec plus de 12 milliards d'euros de liquidités. En septembre, Ben Smith estimait dans la presse pouvoir tenir un an grâce aux aides déjà obtenues auprès des États. Le groupe n'a tiré pour l'instant que 4 milliards d'euros sur les 7 milliards d'aides de l'État français destinés à Air France et 900 millions d'euros sur les 3,4 milliards d'aides de l'État néerlandais pour KLM (..).

Mon commentaire : Quelques précisions sur cet article :

Les obligations perpétuelles évoquées dans l'article avaient été souscrites en 2015 pour un montant de 600 millions d'euros. Une première tranche avait été remboursée il y a un an. Le reliquat (403 millions d'euros) a été remboursé en octobre 2020.

Concernant le "step up" de 5,5%, il s'agit d'une augmentation du taux du prêt octroyé par l'État français dans l'hypothèse où : :
   (i) l’assemblée générale refuserait d’approuver une augmentation de capital proposée par le Conseil d’administration de nature à permettre l’incorporation au capital de la Société de tout ou partie du montant du prêt d’actionnaire,
   (ii) l’assemblée générale approuverait une augmentation de capital sans l’accord de l’État français qui ne permettrait pas d’incorporation au capital tout ou partie du prêt d’actionnaire
   (iii) un tiers n’agissant pas de concert avec l’État Français viendrait à détenir, seul ou de concert, 20 % du capital de la Société

> La recapitalisation d'Air France se précise

(source Le Journal du Dimanche) 9 novembre - L’hiver s’annonce long, très long pour Air France. Les 7 milliards d’euros injectés par l’État, les 7 500 suppressions de postes attendues et la réduction à 35 % des vols ne suffiront pas. La compagnie se dirige tout droit vers une nouvelle injection de capitaux. Les équipes de Bercy confirment au JDD plancher sur une opération tandis que le groupe, conseillé par la banque d’affaires des frères Yoël et Michael Zaoui, étudie les options de cette inéluctable recapitalisation. Elle devrait se faire en deux temps, avec une première opération d’ici à la fin de l’année et pourrait passer par de la dette hybride, comme l’avait fait l’an dernier EDF. Outre l’État finançais et Air F rance, l’État néerlandais, actionnaire du groupe, doit valider le projet.
 
(...) Air France a aussi dû revoir la gestion des vols. Seul mot d’ordre: aucun avion ne décolle s’il n’est pas rentable. « Nous avions l’habitude de construire le plan de route de la compagnie à cinq ans, de déterminer le programme à un an avec des ajustements mineurs », commence Olivier Piette, directeur du réseau. Il raisonne désormais à quinze jours, en fonction des coûts liés à chaque décollage. Tout est mis dans la balance : équipages, taxes, personnel au sol et surtout carburant. Comme tous les groupes aériens, Air France n’avait pas anticipé la chute du trafic et doit payer du fioul commandé qu’elle n’utilise pas. Sur le long-courrier, en septembre et octobre, les équipes d’Olivier Piette sont parvenues à maintenir davantage de vols que les concurrents d’Air France, British Airways ou Lufthansa, très impactés par l’arrêt du trafic vers l’Amérique du Nord. Elles ont compensé en profitant des recettes de l’activité Cargo, les prix du fret ayant décollé avec la baisse globale du nombre d’avions disponibles. Ce sont ces vols qui permettent à la compagnie de maintenir de 30 à 40 % de son activité.

Mon commentaire : La recapitalisation du groupe Air France-KLM est inéluctable. Semaine après semaine, jusqu'à l'annonce officielle, les experts financiers vont s'exprimer sur le sujet.

Je ne peut que réitérer mon commentaire de la semaine passée :

Comment se fera la recapitalisation ? Le Directeur financier, Frédéric Gagey, a été aussi clair que possible, compte-tenu des contraintes imposées par le gendarme boursier.
Plusieurs solutions sont à l'étude, la plupart ayant déjà été mises en œuvre plus tôt cette année dans d'autres compagnies aériennes (Lufthansa, SAS, Alitalia, Norwegian, Singapore Airlines, TAP).

> KLM: le plan de soutien de 3,4 mds d'euros des Pays-Bas obtient son approbation finale

(source Agefi-Dow Jones) 6 novembre - Le groupe de transport aérien Air France-KLM a annoncé vendredi que le plan de soutien de 3,4 milliards d'euros du gouvernement néerlandais à sa filiale néerlandaise KLM avait reçu son approbation finale.
 
Ce plan, qui comprend 2,4 milliards d'euros de pêts garantis par les Pays-Bas et 1 milliard d'euros de prêt d'actionnaires, avait été conditionné par La Haye à un ensemble d'éléments, dont l'acceptation par les syndicats de KLM de mesures d'austérité.
 
Or les syndicats VNV et FNV n'avaient pas encore donné leur approbation le week-end dernier, ce qui a poussé le gouvernement néerlandais à geler ce plan de soutien. Depuis, KLM a signé un accord avec le VNV et le FNV, qui ont rejoint six autres organisations syndicales.
 
Les accords collectifs signés avec les huit syndicats "définissent les mesures d'austérité qui s'appliqueront jusqu'au début de 2022, pour les pilotes, et jusqu'à la fin de 2022, pour le personnel au sol et de cabine", a expliqué Air France-KLM.
 
"Il était particulièrement important de préciser la contribution que tous les employés de KLM apporteraient aux efforts de réduction des coûts de la compagnie aérienne pendant toute la durée du prêt. Pour répondre à cette demande sans avoir à reprendre les négociations, une 'clause d'engagement' a été insérée dans les accords entre KLM et les syndicats", a développé la société.
 
"KLM et les huit syndicats ont donc satisfait à une exigence essentielle, en garantissant l'approbation finale du prêt de 3,4 milliards par l'État néerlandais", a conclu Air France-KLM.

Mon commentaire : Les syndicats de KLM avaient donné leur accord de principe aux mesures d'austérité le 1er octobre. Devant l'accélération de la crise sanitaire, le gouvernement néerlandais a souhaité augmenter la durée des engagements.

La clause d'engagement supplémentaire signée par les syndicats ne change pas la durée des accords. Pour plus de précisions, lire l'article ci-dessous.

> Goedkeuring herstructureringsplan KLM (Approbation du plan de restructuration de KLM)

(source Ministère des finances néerlandais, traduit avec Deepl) 6 novembre - (...) Après avoir reçu le plan de restructuration, le Cabinet a identifié un certain nombre de points à prendre en compte.

Premièrement, il n'y a eu des accords avec les syndicats que pendant une partie de la durée de l'aide. KLM a depuis reçu un engagement écrit des syndicats selon lequel, après cette période et pendant toute la durée du programme de soutien, une contribution à la réduction des coûts sera apportée par le biais des conditions d'emploi.

En outre, des économies supplémentaires ont été nécessaires pour les années 2023-2025 afin d'atteindre la réduction requise de 15 % des coûts influençables dans ces années également.

Ce point d'attention a été discuté avec le consultant externe et KLM.
Le consultant externe a indiqué qu'il est habituel pour une compagnie aérienne d'avoir un plan de restructuration dans lequel les actions à court terme sont élaborées en détail et les actions à long terme sont plus "de haut niveau".
Généralement, ces actions de "haut niveau" sont affinées et développées en détail au fur et à mesure de l'avancement du plan.

En réponse à cette préoccupation, KLM a élaboré un addendum au plan de restructuration, qui comprend des économies supplémentaires pour la période 2023-2025, qui permettront également de réaliser la réduction de coûts envisagée au cours de cette période. Le consultant externe a validé l'addendum au plan de restructuration et confirme que KLM respecte les conditions fixées. Compte tenu de cet addendum et de l'engagement des syndicats, le cabinet conclut que le plan de restructuration remplit les conditions fixées par l'État néerlandais.
(...)

Mon commentaire : Cet article est un extrait de la lettre publique adressée par le ministre des finances néerlandais aux députés.

Cette longue lettre (sept pages) reprend les principaux éléments du plan de restructuration de KLM. Outre les engagements pris par les syndicats, les points clefs sont détaillés :

  . Réduction de la main-d'œuvre et augmentation de la productivité
  . Réduction du coût de la main-d'œuvre KLM
  . Renouvellement de la flotte et accords avec les partenaires de la chaîne d'approvisionnement
  . Durabilité et qualité de vie

Les efforts demandés à KLM sont pour la plupart de même nature que ceux demandés à Air France. Les différences sur les efforts fournis par les salariés proviennent des conditions d'emploi et de rémunération différentes entre les deux pays. Mais personne n'est épargné.

> Covid : Lufthansa se met en quasi-hibernation

(source Les Échos) 5 novembre - Le groupe Lufthansa va terminer l'année en quasi-hibernation. Pour limiter l'hémorragie financière, le premier groupe de transport aérien européen, qui inclut, outre la compagnie allemande, Austrian Airlines, Swiss et Brussels Airlines, ne mettra en ligne que 25 % de son offre de 2019 au quatrième trimestre, au maximum, en laissant au sol 125 avions. Avec l'espoir de pouvoir remonter progressivement à 50 % sur l'ensemble de l'année 2021 au troisième trimestre, « si l'évolution de la pandémie » le permet, précise le communiqué.
 
A titre de comparaison, le groupe IAG, bien que tout aussi mal en point, prévoit d'offrir 30 % de son offre au quatrième trimestre, tandis qu'Air France et KLM tablent respectivement sur 35 % et 45 % d'activité. Cette mise à la cape du groupe Lufthansa intervient après un troisième trimestre catastrophique, durant lequel l'offre du groupe Lufthansa est tombée à 22 % du niveau de 2019, avec des avions volant à moitié vide.
 
En trois mois, le groupe a ainsi brûlé 2,1 milliards d'euros de cash, soit le double d'Air France-KLM, essentiellement du fait des remboursements de vols annulés, qui ont représenté 2 milliards d'euros. Sur les neuf premiers mois de l'année, la perte nette de Lufthansa s'élève déjà à 5,6 milliards, pour un chiffre d'affaires de 11 milliards (contre 28 milliards sur la même période de 2019). Et cette perte nette devrait encore gonfler au quatrième trimestre, avec des charges exceptionnelles liées aux plans sociaux en cours de négociation (...).
 
Financièrement, Lufthansa a de quoi tenir avec 10,1 milliards d'euros en caisse, dont 6,3 milliards de prêts garantis par les États - encore non utilisés. Son activité cargo génère des bénéfices (169 millions d'euros ce trimestre), contribuant à maintenir des lignes en activité. Par ailleurs, le groupe a, semble-t-il, déjà remboursé 90 % des millions de vols annulés depuis le début de la crise.
 
Le PDG de Lufthansa group, Carsten Spohr (...) s'est montré malgré tout plutôt optimiste (...). Selon lui, les voyages d'affaires reprendront sitôt que les tests covid se seront généralisés dans les aéroports (...). A ses yeux, la reprise du trafic affaire profitera avant tout aux compagnies dotées de puissants « hubs » internationaux (...).

Mon commentaire : Après le PDG d'Emirates, c'est au tour du PDG de Lufthansa de faire preuve d'optimisme quant au retour de la clientèle affaires.

> L'Espagne approuve un prêt de 475 millions d'euros en faveur d'Air Europa

(source Belga) 4 novembre - C'est la première fois qu'un fonds créé pour les entreprises stratégiques durement touchées par la pandémie de coronavirus est utilisé, a déclaré la ministre (...).
 
Lors de la première vague de la pandémie, Air Europa avait déjà reçu 140 millions d'euros de l'État, rappelle en outre le journal El Pais.
 
Mme Montero a déclaré que le gouvernement aurait désormais son mot à dire sur la vente de l'entreprise ou sur les alliances potentielles conclues. Cela pourrait avoir un impact sur l'accord conclu l'année dernière par la compagnie aérienne espagnole Iberia pour reprendre Air Europa pour 1 milliard d'euros.
 
La maison-mère de British Airways, International Airlines Group (IAG), dont fait également partie Iberia, exigerait cependant une réduction substantielle du prix de la part du propriétaire d'Air Europa, la société holding Globalia, en raison de l'effondrement du trafic aérien causée par la pandémie de coronavirus, selon plusieurs médias (...).

> EasyJet et Ryanair réduisent drastiquement leurs vols cet hiver

(source Business Insider) 6 novembre - Les compagnies aériennes n'ont pas fini de souffrir. EasyJet a annoncé vendredi 6 novembre qu'elle réduisait sa capacité de vols pour les trois derniers mois de cette année à "20% au plus" de ce qu'elle prévoyait initialement pour cette période, en réaction aux mesures de confinement imposées à travers l'Europe pour lutter contre la pandémie de Covid-19 (...).
 
Sa concurrente "low-cost" Ryanair ne cesse elle aussi de revoir à la baisse ses capacités de vols pour les mois à venir, et table désormais sur 40% au plus par rapport au niveau de l'hiver dernier, à mesure que le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne, l'Irlande, entre autres, referment leurs économies pour plusieurs semaines.
 
EasyJet indique par ailleurs la vente de 11 appareils A320 pour 130,7 millions de livres, afin de renforcer ses liquidités en pleine pandémie et crise historique de l'aviation. Les transactions prévoient que ces appareils seront vendus à des sociétés spécialisées dans la location d'avions. EasyJet compte signer un contrat auprès de ces sociétés afin de pouvoir louer les appareils et continuer à les utiliser.
 
Après finalisation de ces cessions, le transporteur gardera 141 appareils qui lui appartiennent pleinement, soit 41% de sa flotte. Fin octobre, EasyJet avait déjà annoncé solidifier ses liquidités grâce à la vente de neuf avions pour plus de 300 millions de livres, également des A320 (...).

Mon commentaire : Les compagnies aériennes à bas coûts semblaient moins souffrir de la crise que les grands groupes.

La deuxième vague de l'épidémie infirme ce constat. Elles réduisent autant leurs capacités que les grands groupes.

> Navigation à vue

(source Le Journal de l'Aviation) 3 novembre - L'annonce du reconfinement est tombée et la vision des compagnies aériennes s'est encore raccourcie. Une situation particulièrement criante lorsqu'Air France a annoncé en fin de semaine dernière ne pas avoir de perspective sur son programme de vols au-delà du week-end... Non pas que cette vision ait eu l'occasion d'être longue depuis le début de la crise. Mais après un été presque encourageant et malgré un net ralentissement de la reprise du trafic à partir de la fin du mois d'août, le secteur a un temps espéré que l'automne serait marqué par un plateau relativement stable.
 
Eurocontrol avait lancé l'alerte tôt : son directeur général Eamonn Brennan a révisé les prévisions de trafic en Europe drastiquement à la baisse en septembre et prévenu qu'il allait certainement devoir les revoir à nouveau. Les low-cost également, en mal de réservations alors que les passagers réservent de plus en plus à la dernière minute, ont annoncé des réductions importantes de programmes de vols, déjà élaborés à des niveaux bien inférieurs à ceux de 2019.
 
La multiplication des annonces de reconfinement, inaugurées par l'Irlande et maintenant de plus en plus suivies, ont tué tout espoir pour le quatrième trimestre. Traditionnellement plus difficile que le troisième en temps normal, il va sérieusement aggraver la situation des compagnies aériennes.
 
En France, la deuxième vague de l'épidémie de covid-19 arrive en effet alors que les moratoires sur les taxes et les charges qui avaient été consentis pour soutenir le secteur lors de la première vague arrivent à terme, alors que la dette des compagnies aériennes a explosé et alors que la question du remboursement des prêts garantis par l'État commence à se poser pour les sociétés qui en ont bénéficié. La crise des liquidités est plus importante que jamais et n'épargne personne.
 
Air France expliquait récemment qu'elle perdait dix millions d'euros par jour. Même si la compagnie a réussi à alléger ses coûts, elle estime avoir de quoi tenir moins d'un an avec sa trésorerie (...).
 
L'éventualité d'avoir des liquidités pour tenir jusqu'aux opportunités de l'été prochain, c'est plus que ne peuvent espérer la plupart des autres compagnies françaises, qui réclament elles aussi davantage d'écoute et de soutien à un État dont les caisses sont vides. Esquisser une stratégie à six mois est devenu un rêve, déclaraient des directeurs de compagnies la semaine dernière.
 
Mais dans ce brouillard persistant, il y a une lueur diffuse : le secteur est toujours capable d'intéresser les investisseurs, comme le montre le groupe CMA en entrant au capital du groupe Dubreuil ou le possible sauvetage de Corsair par des investisseurs ultra-marins. Au-delà de la promesse de restructuration et malgré les difficultés immédiates, il y a quand même une promesse d'avenir pour le transport aérien.

Mon commentaire : Après la crise sanitaire que nous subissons, le besoin de voyager en avion subsistera.

L'urgence est de garantir la survie de la plupart des compagnies aériennes pendant cette crise. Puis viendra le temps de la relance et la problématique du remboursement des aides.

Les États, les compagnies aériennes et leurs actionnaires principaux étudient d'ores et déjà les mécanismes pour surmonter cette difficulté. La recapitalisation est une des réponses possibles. Le rééchelonnement des dettes en est une autre.

> Covid-19: dans le sillage des compagnies aériennes les aéroports tanguent

(source AFP ) 5 novembre - Les aéroports européens ont réclamé jeudi à l'Union européenne des mesures urgentes et spécifiques, au même titre que les compagnies aériennes, s'inquiétant pour la solvabilité à court terme des plus petits face à une situation qui se dégrade avec l'aggravation de la crise de la Covid-19 (...).
 
L'organisation, qui représente 500 aéroports dans 46 pays européens, estime qu'au cours des prochains mois près de 200 aéroports régionaux risquent d'être en état d'insolvabilité en raison de la faiblesse persistante du trafic aérien liée aux fermetures de frontières et restrictions de circulation face à la nouvelle vague de Covid-19 (...).
 
Selon l'ACI, les aéroports européens plus importants et les "hubs" "ne sont pas à l'abri d'un important risque financier" après avoir réduit les coûts "jusqu'à l'os" et avoir eu recours aux marchés financiers pour consolider leurs comptes.
 
Pour leur permettre de tenir, l'ACI demande notamment que les aides d’État aux entreprises puissent être versées jusqu'à la fin 2021 (...).
 
L'ACI réclame également un plan spécifique pour l'aviation qui permettrait de verser des aides tant que des mesures de restrictions de circulation seront maintenues en Europe.
 
(...) En septembre, le trafic aérien mondial était en recul de 72,8% (mesuré en kilomètres-passagers payants, ou RPK) par rapport à la même période en 2019, contre -75,2% en août, selon l'Iata.
 
Comme en août, seules 12% des liaisons internationales ont été assurées. Cet effondrement du long-courrier va vraisemblablement conduire à une transformation du "business model" des aéroports, a souligné le patron d'ACI Europe.
 
En revanche, les liaisons intérieures ont enregistré en septembre un léger mieux (-43,3% contre -50,7% en août) avec un quasi-retour à la normale en Chine et en Russie.
 
En Europe, le trafic a été en baisse de 75,8% en septembre par rapport à la même période en 2019.

Mon commentaire : Les aéroports européens souffrent, comme les compagnies aériennes.

En France une question ressurgit : doit-on conserver autant de petits aéroports quand il existe un aéroport plus important à moins de 100 km ?


L'article Bonus

> Covid-19 : Pfizer affirme que son vaccin est efficace à 90 %

(source Les Échos) 9 novembre - En biologie, plus qu'ailleurs, la prudence est de mise. Cela n'empêche pas de se réjouir lorsqu'une bonne nouvelle se présente. Le laboratoire pharmaceutique Pfizer n'hésite en tous cas pas à communiquer sur les premiers bons résultats, préliminaires, concernant son candidat vaccin contre la Covid-19, développé en collaboration avec la biotech allemande BioNtech.

Selon le géant pharmaceutique américain, le traitement serait « efficace à 90 % ». Ce pourcentage est issu des premiers résultats issus de l'étude de phase III lancée en juillet dernier et ayant enrôlé plus de 43.500 participants à ce jour.

L'annonce a fait s'envoler le titre BioNTech de 25 % à la Bourse de Francfort. L'action Pfizer était donnée, quant à elle, en hausse de plus de 7 % à New York.

Une efficacité à 28 jours
Toutefois, il faut raison garder. Cette première analyse a été réalisée après que 94 cas de Covid-19 ont été observés dans la cohorte de participants à l'essai. A l'origine, Pfizer prévoyait d'analyser les premiers résultats après seulement 32 contaminations, mais les experts médicaux restent très sceptiques quand il s'agit de réaliser des comparaisons des données si tôt dans l'essai. D'autres laboratoires prévoient ainsi d'attendre un plus grand nombre de cas pour débuter leurs analyses.

L'efficacité du candidat vaccin à base d'ARN messager (une nouvelle technologie) de Pfizer et BioNtech a été mesurée en en comparant le nombre de participants infectés par le nouveau coronavirus dans le groupe qui a reçu le vaccin et dans celui sous placebo, « sept jours après la deuxième dose » et 28 jours après la première, expliquent les deux laboratoires dans un communiqué conjoint.

Un vaccin à base d'ARNm
« Cela signifie que la protection est obtenue 28 jours après le début de la vaccination, qui doit se faire en deux doses », analysent-ils. Il est à noter qu'au fur et à mesure que l'étude se poursuivra, le pourcentage d'efficacité final du vaccin pourrait varier. Reste que Pfizer et BioNTech se réjouissent. L'efficacité des premiers vaccins étant attendue entre 60 % et 70 %, « plus de 90 % est un résultat extraordinaire », a déclaré le PDG de BioNTech, Ugur Sahin.

Un vaccin à base d'ARNm consiste à faire s'exprimer une protéine dont on connaît les capacités protectrices (appelée sous-unité protéique) en la fixant sur une partie du code génétique du virus, l'ARN. Un vecteur non viral qui permettra d'amener au système immunitaire l'information que l'on souhaite sur le virus. Au corps ensuite d'apprendre à le reconnaître et de produire une réponse immunitaire.

Jusqu'à 1,3 milliard de doses en 2021
En attendant les résultats définitifs de l'essai, et parce qu'ils assurent n'avoir constaté aucun problème sérieux de sécurité pour le candidat vaccin, les deux laboratoires vont demander une autorisation d'utilisation d'urgence à la FDA, l'agence sanitaire américaine. La demande sera faite « après l'atteinte du jalon de sécurité requis, qui devrait avoir lieu dans la troisième semaine de novembre », précisent-ils.

Les États-Unis et l'Union européenne ont tous les deux signé un contrat avec BioNTech et Pfizer pour acquérir jusqu'à 600 millions de doses de vaccins pour le premier et 300 millions pour l'Europe. Les deux laboratoires travaillent parallèlement à l'essai au développement de leur plateforme industrielle afin de pouvoir fabriquer en masse les vaccins. « Sur la base des projections actuelles, nous prévoyons de produire dans le monde jusqu'à 50 millions de doses en 2020 et jusqu'à 1,3 milliard en 2021 », précisent-ils.

D'autres candidats dans la course
D'autres candidats vaccins ont également reçu des précommandes de l'Union européenne et/ou des États-Unis. C'est le cas notamment de celui développé par le laboratoire AstraZeneca avec l'université d'Oxford, ou encore celui de la biotech américaine Moderna. Les deux sont également au stade III des essais cliniques mais n'ont pour l'heure communiqué aucun résultat préliminaire.

Mon commentaire : Enfin une bonne nouvelle. Même si cette annonce est à prendre avec précaution, elle témoigne de la bonne avancée des travaux de recherche d'un vaccin..


Fin de la revue de presse

> Mon commentaire sur l'évolution du cours de l'action Air France-KLM

L'action Air France-KLM est à 3,92 euros en clôture lundi 9 novembre. Elle est en très forte hausse de +32,88% sur une semaine. L'annonce d'un éventuel vaccin contre la Covid-19 explique cette flambée des cours, qui a concerné l'ensemble des compagnies aériennes.

Avant l'épidémie de coronavirus, l'action Air France-KLM était à 9,93 euros.

La moyenne (le consensus) des analystes pour l'action AF-KLM est à 2,96 euros. L'objectif de cours le plus élevé est à 5 euros, le plus bas à 1 euro. Vous pouvez retrouver sur mon blog le détail du consensus des analystes. Je ne prends plus en compte les opinions d'analystes antérieures au début de la crise sanitaire.


Le baril de pétrole Brent
(mer du nord) est en forte hausse de 4$ à 43$. Là encore, l'annonce d'un éventuel vaccin en est la cause. Au début de l'épidémie de coronavirus, il était à 69$.

Ces informations indicatives ne constituent en aucune manière une incitation à vendre ou une sollicitation à acheter des actions Air France-KLM.

Vous pouvez réagir à cette revue de presse ou bien me communiquer toute information ou réflexion me permettant de mieux conduire ma fonction d'administrateur du groupe Air France-KLM.

Vous pouvez me poser, par retour, toute question relative au groupe Air France-KLM ou à l'actionnariat salarié...

A bientôt.

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| François Robardet

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