AF-KLM profite davantage du rebond que ses rivaux Lufthansa et IAG

photo François Robardet, Administrateur Air France-KLM I Lettre de l'Administrateur Air France-KLM
 

François Robardet
Représentant des salariés et anciens salariés actionnaires PS et PNC

N°872, 8 août 2022
Si vous ne voyez pas correctement cette page, ou si vous souhaitez lire les versions anglaises ou néerlandaises
If you do not see this page correctly, or if you want to read the English or Dutch versions,
Als u deze pagina niet goed ziet, of als u de Engelse of Nederlandse versie wilt lezen
,
suivez ce lien drapeau FR, it is here, drapeau EN vindt u deze hier drapeau NL


La Revue de Presse du lundi

> Air France-KLM profite davantage du rebond que ses rivaux Lufthansa et IAG

(source Les Échos) 4 août - Pour Lufthansa, comme pour IAG et Air France-KLM, la crise sanitaire n'est pas encore finie. L'été 2022 constitue néanmoins le passage à une nouvelle phase de redémarrage, en attendant le retour à la normale, qui pourrait intervenir dès l'an prochain selon le PDG du groupe Lufthansa, Carsten Spohr.
 
La publication jeudi des résultats semestriels de la compagnie aérienne allemande complète le tableau d'un transport aérien européen en phase de redressement rapide, mais qui continue néanmoins de subir les conséquences de la pandémie de coronavirus.
 
« Après une première phase d'arrêt des vols et de lutte pour la survie, nous sommes entrés dans une deuxième phase de la crise, marquée par un rebond plus fort que prévu de la demande et des difficultés opérationnelles sans précédent, a expliqué Carsten Spohr. La phase suivante, que nous espérons pour l'an prochain, sera celle du retour à la normale ».
 
Et pour l'heure, c'est bien Air France-KLM qui profite de la remontée, avec des résultats financiers et surtout opérationnels supérieurs à ceux de ses principaux concurrents, Lufthansa Group et IAG (British Airways-Iberia). Le groupe Lufthansa a lui aussi renoué avec les bénéfices au deuxième trimestre, avec un résultat net de 259 millions d'euros, et retrouvé son titre de numéro un du ciel européen, avec un chiffre d'affaires semestriel de 8,46 milliards d'euros et 29,2 millions de passagers. Mais Air France-KLM reste, à ce stade, le plus rentable des grands groupes de transport aérien européens, avec un bénéfice net de 324 millions au deuxième trimestre pour 6,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires et surtout, le plus productif.
 
A fin juillet, Air France assurait ainsi 1.100 vols par jour en moyenne avec une flotte de 220 avions (Hop inclus) contre 1.019 pour Lufthansa, avec 388 appareils. Et si l'offre de Lufthansa est remontée à 80 % du niveau de 2019, Air France-KLM est déjà à 85 % et vise les 90 % pour la fin de l'année.
 
Plus surprenant encore : Lufthansa doit même revoir à la baisse sa prévision d'offre pour le troisième trimestre, en restant à 80 % du niveau de 2019 cet été, au lieu des 85 % initialement prévus. Et ce, alors même que le rebond du trafic se révèle supérieur aux attentes, selon son PDG, avec des tarifs qui se sont envolés.
 
En cause : le manque de personnels en Allemagne, au sein de la compagnie et dans les grands aéroports, mais aussi une grève des personnels, qui a déjà obligé Lufthansa à annuler la quasi-totalité de ses vols en Allemagne le 27 juillet dernier , clouant au sol quelque 130.000 passagers. Deux problèmes dont Air France a été relativement épargné jusqu'à présent.
 
Et le pire reste peut-être à venir si la direction de Lufthansa ne parvient pas à désamorcer une menace de grève des pilotes, votée à la quasi-unanimité dimanche dernier. Les dirigeants de la compagnie semblent optimistes sur les chances de parvenir à un accord, avec ses personnels au sol et ses pilotes.
 
La principale revendication des pilotes - une hausse générale des salaires de 5,5 % - semble déjà acquise. Mais le syndicat réclame également la mise en place d'une grille salariale unique pour les différentes compagnies du groupe (à savoir Lufthansa et Eurowings en Allemagne), ce que la direction refuse. « Nous ne renoncerons pas à notre stratégie multi-hubs et multimarques », a réaffirmé Carsten Spohr.

Mon commentaire : Ce résultat, positif pour le groupe Lufthansa (le premier depuis deux ans), provient d'une forte demande de fret aérien

Sur le premier semestre, les compagnies aériennes du groupe (Lufthansa, Austrian, Swiss, Eurowings et Brussels Airlines) restent dans le rouge, suite aux perturbations dans les aéroports et au manque de personnel. 

Les trois principaux groupes de compagnies aériennes européennes (Air France-KLM, Lufthansa et IAG) viennent donc d'annoncer des résultats trimestriels positifs.

Ils vont devoir enchainer les bons résultats afin de renforcer leurs fonds propres, détériorés durant la crise sanitaire.

Le tableau ci-dessous, basé sur les publications des groupes, retrace bien la situation des trois compétiteurs.  

fonds propres

> Comment Air France a su préserver la paix sociale cet été

(source Les Échos) 4 août - Qu'Air France-KLM parvienne à produire, un trimestre après l'autre, des résultats financiers meilleurs que ceux de Lufthansa et d'IAG est déjà inhabituel. Mais voir Lufthansa et British Airways plongés en plein chaos par des grèves en plein cœur de l'été, tandis qu'Air France fait figure de modèle de paix sociale, est encore plus surprenant.
 
De toutes les grandes compagnies européennes, Air France est en effet la seule à ne pas avoir connu d'arrêt de travail dans ses rangs ces dernières semaines, à l'exclusion de trois jours de grève chez sa filiale low-cost Transavia, qui n'étaient pas le fait de personnel Air France. Même Ryanair n'y a pas échappé. Une stabilité qui explique en grande partie les bonnes performances du groupe et qui résulte d'un ensemble de facteurs.
 
Le premier est probablement le sentiment de responsabilité des salariés d'Air France,
après avoir bénéficié d'un soutien étatique sans équivalent en Europe. Une partie de ces aides - environ 40 % - et d'autres reports de charges doivent encore être remboursés, ce qui passe par l'impérieuse nécessité de réussir la saison d'été, qui génère traditionnellement l'essentiel des profits.
 
Mais cette mobilisation tient aussi à certains choix risqués du directeur général Ben Smith. A commencer par le maintien d'un niveau d'activité plus important que les concurrents durant la crise, mais aussi avoir limité autant que possible les réductions d'effectifs et d'avoir préserver les compétences clé et les achats d'avions - avec l'aide du contribuable.
 
Air France a parié plus tôt que les autres sur la reprise, en n'hésitant à réembaucher dès le début de l'année, alors que les perspectives de reprises semblaient encore floues. Ce qui lui a permis de faire face au rebond de la demande et d'éviter globalement l'écueil de la pénurie, même si la compagnie est loin d'avoir retrouvé un fonctionnement optimal.
 
À ce volontarisme s'ajoute l'attention particulière portée à une catégorie de salariés particulièrement stratégique : les pilotes d'Air France, sans l'adhésion desquels toute stratégie est vouée à l'échec. Au cours des deux dernières années, sans attendre la fin de l'épidémie, Air France a ainsi recruté près de 700 pilotes, dont 400 en 2022. Ce qui a non seulement permis d'alimenter la croissance de Transavia, mais aussi de permettre aux pilotes plus anciens de voir leurs carrières et leurs rémunérations progresser.
 
A cette dynamique vertueuse s'est ajoutée, pour les pilotes long-courriers d'Air France, une belle cerise sur le gâteau : l'application à compter de cette année, de l'article 81A du code général des impôts, qui va leur permettra de faire de belles économies. C'était une revendication ancienne des syndicats de pilotes, qui a fini par trouver grâce aux yeux de Bercy, sous l'action conjuguée de la direction d'Air France et du SNPL AF-TO.
 
Grâce à ce dispositif conçu à l'origine pour les marins, les pilotes ayant passé au moins 20 jours à l'étranger peuvent désormais réduire leur revenu imposable dans des proportions variables, pouvant aller jusqu'à 28,6 %. De quoi remplacer avantageusement la déduction des frais réels et récupérer, selon les cas, l'équivalent d'un bon mois de salaire supplémentaire.
 
Ceci peut expliquer en partie la moindre sensibilité des pilotes d'Air France aux problématiques d'inflation et de perte de pouvoir d'achat. Mais en partie seulement, car cette déduction fiscale ne bénéficie qu'aux pilotes de long-courrier et pas à ceux du secteur court et moyen-courrier. Le SNPL AF-TO n'a donc pas l'intention de s'en contenter et réclame déjà l'ouverture anticipée de négociations salariales dès la rentrée, avec pour objectif affiché d'obtenir une hausse générale des salaires des pilotes d'Air France et de Transavia à hauteur de l'inflation.
 
Ils ne sont pas les seuls, comme l'a démontré la grève très suivie des personnels de cabine de Transavia France, en juillet. Et d'autres catégories de personnel pourraient également rentrer dans la danse passée la mobilisation estivale.

Mon commentaire : Que l’État français accorde une réduction d’impôts conséquente (et pérenne) à une partie des pilotes, les salariés du privé les mieux rémunérés de France (derrière les Chefs de grandes entreprises et les Cadres d'état-major des grandes entreprises) et qu’il exige de bloquer les salaires des personnels les moins rémunérés d’Air France me laisserait sans voix.

La proposition de la Direction d'Air France d'ouvrir des discussions sur l'inflation avec les syndicats représentatifs début septembre permet d'espérer que des mesures temporaires seront annoncées avant les négociations sur les salaires, prévues au deuxième trimestre 2023.

> KLM limitera les ventes de billets au départ d'Amsterdam en septembre et octobre

(source Agefi) 2 août - La compagnie aérienne néerlandaise KLM a annoncé mardi qu'elle limiterait ses ventes de billets au départ de l'aéroport Schiphol d'Amsterdam en raison de la restriction du trafic de passagers en septembre et octobre.
 
La compagnie détenue par Air France-KLM a précisé qu'elle ne prévoyait pas d'annuler des vols. Les billets pour des vols au départ d'Amsterdam seront cependant limités et le nombre de sièges disponibles sera par conséquent plus faible que d'ordinaire sur le marché néerlandais, a expliqué KLM.
 
"Ces mesures sont nécessaires pour que la situation à Schiphol reste gérable pour les clients", a indiqué la compagnie dans une déclaration envoyée par e-mail.
 
L'aéroport de Schiphol a annoncé mardi qu'il limiterait les départs quotidiens à 67.500 personnes en septembre et à 69.500 en octobre, en raison d'un manque de personnel.

Mon commentaire : La situation à Schiphol n'est pas unique.

La compagnie aérienne British Airways a suspendu temporairement la vente de billets d’avions sur ses routes européennes et nord-africaines au départ de Londres-Heathrow.

Le premier aéroport britannique avait imposé aux compagnies aériennes une limitation du nombre de passagers à 100.000 par jour mi-juillet, faute de personnel pour gérer l’affluence.

Des spécialistes du transport aérien estiment que cette limitation pourrait aller au-delà de la fin de la mesure, initialement prévue mi-septembre.

Depuis le printemps, British Airways a annulé 13% de son programme estival, soit plus de 25.000 vols au total.

Ces limitations de l'offre un peu partout en Europe ont été une des raisons de la hausse du prix des billets d'avion, la demande étant en forte augmentation depuis quelques mois.

> Air France-KLM prendrait le contrôle de CMA CGM Air Cargo

(source Air Journal) 2 août - Le groupe Air France-KLM chercherait à prendre le contrôle de la compagnie aérienne dédiée au transport de fret CMA CGM Air Cargo, dont la maison-mère vient justement d’investir dans le groupe.
 
Selon The Loadstar, le rapprochement prévu entre le groupe franco-néerlandais et la nouvelle compagnie aérienne du géant de la logistique a pris une nouvelle tournure avec le départ de Mark Sutch, un vétéran de Cathay Pacific nommé à la tête de l’équipe commerciale de CMA CGM Air Cargo. Il aurait compris qu’il perdrait son poste une fois la coentreprise complétée : « il était employé étant entendu que CMA construisait une compagnie aérienne tout-cargo autonome, mais dans la nouvelle joint-venture, c’est AF-KLM qui assumera la direction commerciale, au moins pour les deux premières années », a déclaré une source.
 
Un autre observateur a expliqué au site spécialisé : « Cela ressemble à un recul de la stratégie de CMA CGM. Il était naïf de penser qu’il pouvait simplement démarrer sans conseils ni planification appropriés. Cela place AF-KLM aux commandes – et cela signifie davantage la même pensée à l’ancienne qui laisse à la fin DHL et Maersk comme gagnants ». Le géant de la logistique a contacté The Loadstar après publication, déclarant que le partenariat exclusif verra les deux parties « combiner leurs réseaux de fret complémentaires, leur pleine capacité de fret et leurs services dédiés afin de construire une offre encore plus compétitive. Les deux transporteurs resteront indépendants : les AOC et le personnel resteront sous le contrat d’entité des partenaires actuels ».
 
Rappelons que le partenariat exclusif de dix ans signé en mai dernier, soumis à l’approbation des régulateurs compétents et à la consultation des représentants des salariés pour une mise en œuvre opérationnelle à horizon janvier 2023, permettra aux deux groupes de mettre en commun leurs réseaux cargo, les capacités de leurs appareils tout-cargo et leurs services dédiés, « afin de construire une offre toujours plus compétitive grâce au savoir-faire inégalé et à la présence mondiale d’Air France-KLM et de CMA CGM » via une flotte conjointe.
 
CMA CGM Air Cargo dispose déjà de six avions dédiés, quatre Airbus A330-200F rachetés à Qatar Airways et opérés par Air Belgium et deux Boeing 777F loués à Qatar Airways, et en a commandé huit autres (dont deux 777F, quatre Airbus A350F et un A330P2F). Le groupe franco-néerlandais dispose de son côté de six avions tout-cargo basés dans les aéroports de Paris-CDG (deux 777F) et Amsterdam-Schiphol (quatre 747-400 BCF et ERF opérés par Martinair), en attendant les quatre A350F commandés fermes par Air France avec des droits d’achat pour quatre autres.
(...)

Mon commentaire : Non, Air France-KLM ne prendra pas le contrôle de CMA CGM Air Cargo.

Comme le précisait Ben Smith lors de l'annonce de l'opération, « Il ne s'agira pas d'une fusion d'entreprises, mais bien d'un partenariat commercial, qui prendra la forme d'une coentreprise virtuelle, sur le modèle de celle déjà nouée avec Delta et Virgin Atlantic, ainsi qu'avec China Eastern en Chine ».

Ni Delta Air Lines, ni Virgin Atlantic, ni China Eastern n'ont pris le contrôle d'Air France-KLM suite à la mise en place des coentreprises virtuelles (joint venture).

> Lufthansa : accord salarial avec le personnel au sol, discussions avec les pilotes

(source Air Journal) 6 août - La direction de Lufthansa et le syndicat Verdi ont annoncé jeudi soir être parvenus à un accord au sujet des salaires du personnel au sol.
 
Environ 20.000 employés au sol de Lufthansa verront leur salaire augmenter d’au moins 325 euros par mois, puis de 2,5 % supplémentaires en différentes étapes, a annoncé hier le syndicat représentant le personnel au sol. Au final, les hausses de salaire seront comprises entre 377 et 498 euros sur une période de 18 mois. Les 26 et 27 juillet dernier, le personnel au sol de la compagnie aérienne allemande avait fait grève, provoquant l’annulation de plus de 1 000 vols.
 
Les discussions se poursuivent toujours avec le syndicat Vereinigung Cockpit représentant les pilotes de Lufthansa. Ces derniers réclamant eux-aussi une augmentation salariale de 5,5 % et envisagent de se mettre en grève si aucun accord n’est trouvé.
(...)

Mon commentaire : Comme KLM le mois dernier, Lufthansa a accordé des augmentations de salaires à ses personnels sol.

Il convient de remarquer que ces deux compagnies ont intégralement remboursé les aides d'État perçues depuis le début de la pandémie, ce qui n'est toujours pas le cas d'Air France.

> La vente d'ITA, dernier dossier de Mario Draghi

(source Le Figaro) 8 août - La vente d'ITA Airways, la compagnie aérienne née sur les cendres d'Alitalia, est tout en haut de la pile des dossiers de Mario Draghi. Le premier ministre italien démissionnaire doit régler cette affaire avant de passer la main. Les candidats au rachat de l'entreprise contrôlée par l'État : l'allemand Lufthansa allié au groupe MSC d'un côté, et Air France-KLM en consortium avec l'américain Delta et le fonds Certares de l'autre, commencent à perdre patience.
 
Jeudi soir, Mario Draghi s'est montré rassurant : « Je n'ai pas l'intention de laisser cette question au prochain gouvernement, nous devons faire notre devoir jusqu'au bout », a commenté le premier ministre devant la presse à Rome. « Le choix du vainqueur de cet appel d'offres devra se faire dans le délai que le ministère de l'Économie donnera, qui me semble très court, dix jours. » Le ministre italien de l'Économie Daniele Franco a tout de même demandé aux candidats d'améliorer d'ici là, leurs propositions jugées insuffisantes.
 
Les dirigeants de Lufthansa n'hésitent plus à manifester leur agacement : « Nous avons envoyé une lettre à M. Draghi pour dire qu'à notre avis, il faut aller vite et que notre patience n'est pas illimitée », a déclaré Carsten Spohr, le PDG de Lufthansa. « ITA a besoin d'un partenaire et nous pensons être le bon », a-t-il ajouté.
 
Lufthansa convoite la compagnie italienne depuis longtemps. En 2017 déjà, alors que l'émiratie Etihad avait placé Alitalia en faillite, Lufthansa s'était mis sur les rangs pour la racheter.
(...)
En mars dernier, ITA Airways a déployé sa nouvelle livrée entièrement bleue et avec des ailes blanches. Beaucoup plus légère avec 2 300 salariés, 52 appareils, ITA est venue au monde alors que le trafic aérien n'avait pas encore redécollé. Le gouvernement italien a finalement relancé un appel d'offres en février. Lufthansa et MSC ont immédiatement levé le doigt. « Dans une première phase, le gouvernement conservera une part minoritaire et non de contrôle, qui pourra être vendue ultérieurement », précisait mi-février Daniele Franco.
 
Air France-KLM est sorti du bois plus tardivement. Le groupe franco-néerlandais était en effet empêché de se manifester à cause d'un engagement auprès de la Commission européenne de ne pas acquérir plus de 10 % du capital d'une autre entreprise du secteur aérien tant qu'il n'aurait pas remboursé 75 % au moins de l'aide de l'État de quatre milliards d'euros. Il a été libéré de cette clause en juin dernier à la faveur d'une augmentation de capital. Bien qu'Air France-KLM ait été le premier actionnaire d'Alitalia avec 25 % du capital pendant près de cinq ans (de 2009 à 2013), les élus et les syndicats italiens semblent faire pencher la balance en faveur de Lufthansa et MSC. De nouveaux partenaires avec lesquels tout paraît possible.

Mon commentaire : Contrairement à ce que prétend le journaliste, Air France (et par voie de conséquence le Groupe Air France-KLM) n'a pas encore remboursé 75% de l'aide de l'État français. Il ne lui est toujours pas possible d'acquérir plus de 10 % du capital d'une autre entreprise du secteur aérien.

Mais cela n'empêche pas le groupe franco-néerlandais de faire une offre à hauteur de 10 % avec l'engagement d'investir davantage dès que possible.

Il reste à savoir si c'est bien l'intention du Groupe Air France-KLM et si cela serait accepté par l'État italien.

Le 30 mai dernier, j'écrivais : "L'État italien a annoncé vouloir prendre une décision d'ici la fin juin. Le respect de ce délai serait une première dans l'histoire de la compagnie aérienne italienne".

Cette fois-ci sera-t-elle la bonne, l'État italien parviendra-t-il à se décider avant les prochaines élections ?

Dernière minute : selon le journal "Les Échos", le gouvernement Draghi veut accélérer la cession. L'extrême droite, en tête dans les sondages avant les élections législatives du 25 septembre prochain, s'oppose à une vente d'ITA Airways à des étrangers.

> La concurrence d'Air France provoque l'ire des petites compagnies aériennes d'outre-mer

(source Le Monde) 4 août - Air Caraïbes et Corsair sont vent debout contre Air France. Elles reprochent à la compagnie aérienne nationale de leur mener une concurrence effrénée sur ce qu'elles nomment leur « pré carré », leur « espace vital », c'est-à-dire les destinations d'outre-mer, principalement les Antilles, La Réunion et la Guyane. Une poussée d'urticaire qui doit son origine à la forte augmentation des capacités d'Air France sur les lignes vers cette zone. Une montée en puissance pour compenser le grand nombre de lignes long-courrier encore fermées pour raisons sanitaires.
 
De son aveu même, Air France a, par exemple, fait croître de 50 % son offre vers La Réunion, avec trois vols quotidiens au lieu de deux auparavant, dont un au départ de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle. « Ce sont des capacités énormes, une suroffre », s'inquiètent d'une même voix Air Caraïbes et Corsair. Dans un courrier adressé il y a environ deux semaines aux ministres de l'économie, des transports et de l'outre-mer, ainsi qu'à la direction générale de l'aviation civile (DGAC), les deux petites compagnies ont chiffré le « redéploiement massif des capacités Air France sur les routes » vers l'outre-mer. Selon leurs calculs, l'effort d'Air France « représente plus de 710 000 sièges de surcapacité par rapport à une année pré-Covid, soit l'équivalent de trois gros-porteurs quotidiens »
 
Une offensive sans commune mesure avec les moyens des deux petites rivales. « Cela nous oblige à réduire nos capacités. Nous ne pouvons opérer autant de vols que nous aurions voulu le faire », s'indigne Marc Rochet, directeur général d'Air Caraïbes. Les deux sociétés estiment que « cette stratégie [est] en partie financée par l'utilisation des aides d'État reçues par Air France au cours de la crise ». Depuis 2020, la France et les Pays-Bas ont été plus que généreux pour sauver Air France-KLM de la faillite, avec un total de 16,65 milliards d'euros versés sous forme de prêt directs, de prêts bancaires garantis par l'État ou d'augmentation de capital.
 
Pour sa défense, Air France ne veut y voir qu'une simple concurrence commerciale. L'outre-mer a été l'une des zones les « plus résilientes tout au long de la crise, avec successivement la reprise du trafic affinitaire et celle du trafic loisirs […] . Des destinations “refuge” quand de nombreuses restrictions de voyage limitaient les voyages internationaux » , assure-t-elle au Monde . Selon la compagnie, c'est seulement « pour répondre à cette demande qu'Air France, comme ses concurrents, a progressivement augmenté son offre, redéployant sur ces routes des appareils desservant habituellement d'autres destinations, et notamment l'Asie ». Ces explications ne satisfont pas Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair.
 
Selon lui, « le Covid-19 est terminé, tout a pratiquement rouvert, sauf la Chine et le Japon. L'argument d'Air France pour faire voler ses avions vers les outre-mer nous semble moins pertinent ». En tout cas, cette concurrence féroce coûte cher aux deux petites compagnies. « Ces surcapacités poussent les prix à la baisse » , se plaint le patron de Corsair, qui se refuse toutefois à chiffrer son manque à gagner. Selon les dates, les deux compagnies estiment que l'accroissement de l'offre de places par Air France a fait baisser de « 100 à 300 euros les tarifs » . A cause d'elle, Air Caraïbes et Corsair n'ont pu répercuter la hausse de prix du kérosène et du dollar face à l'euro.
(...)
Attaqués sur le trafic passager, Air Caraïbes et Corsair sont aussi à la peine sur le fret. Une activité qui avait pourtant apporté une bouffée d'oxygène salvatrice aux compagnies pendant la crise liée à la pandémie de Covid-19.
 
Depuis le début 2022, la recette unitaire tirée du fret a baissé de 10 %. Et c'est loin d'être fini.
(...)
Pour l'heure, la lettre des deux compagnies aux trois ministres et à la DGAC est restée « sans réponse ». A défaut, Air Caraïbes et Corsair n'excluent pas de porter l'affaire « devant les autorités de la concurrence ».

Mon commentaire : Encore une fois je dois rectifier les chiffres figurant dans cet article.

Comme leurs concurrentes (y compris Corsair et Air Caraïbes), les compagnies Air France et KML ont bénéficié d'aides de leurs états respectifs. Mais le montant total est inférieur de neuf milliards d'euros à ce qui est indiqué plus haut.

Air France a bénéficié de sept milliards d'euros d'aides qu'elle a en partie remboursées, alors que KLM a remboursé le milliard d'euros d'aides reçues.
 
Les reproches des PDG de Corsair et d'Air Caraïbes ne sont pas nouveaux. Déjà en juin 2021 ils s'exprimaient dans les mêmes termes (lire ma lettre n°813).

Les arguments mis en avant sont surprenants : au motif que d'autres compagnies aériennes françaises sont présentes sur les lignes des Antilles et de la Réunion, Air France n'aurait pas le droit d'y augmenter ses capacités ?

Ce type d'entente, anticoncurrentielle, est une pratique prohibée par le Code du commerce

> Airbus tire un trait sur le reliquat de commande d'A350 de Qatar Airways

(source Les Échos) 3 août - À quelques mois du procès qui devrait se tenir mi-2023 à Londres, le conflit entre Airbus et Qatar Airways a franchi une nouvelle étape mercredi, avec la décision d'Airbus d'annuler les 19 livraisons d'A350 encore prévues pour la compagnie de Doha. Une mesure qui ne règle rien sur le fond, mais qui permettra à l'avionneur de replacer éventuellement ces gros-porteurs long-courriers auprès d'autres clients, sans attendre la résolution du litige.
(...)
Quatre livraisons d'A350-1000 flambant neufs avaient déjà été refusées par Qatar Airways, obligeant Airbus à conserver des appareils déjà équipés et peints aux couleurs de la compagnie de Doha, sans pouvoir les revendre et ni encaisser les derniers versements. Et ce tant que le litige n'aurait pas été tranché. Ce qui était évidemment très préjudiciable à Airbus.
(...)
Cependant, si l'annulation du contrat d'A350 permet d'éviter de stocker des avions, elle ne résout pas le litige pour autant et écarte même encore un peu plus l'espoir d'un accord à l'amiable avant un procès à l'issue incertaine. Une tentative de rapprochement en juin dernier, lors de l'assemblée générale de l'association du transport aérien international entre le PDG d'Airbus, Guillaume Faury et le directeur général de Qatar Airways, Akbar Al Baker, s'était déjà soldée par un échec.
(...) 
Tout porte donc à croire qu'il reviendra à un tribunal britannique de régler ce litige complexe. Qatar Airways réclame toujours plus d'un milliard de dollars d'indemnités à Airbus. Mais de son côté, Airbus reste déterminé à défendre la réputation de son fleuron, mise à mal par les accusations de Qatar Airways. Donner raison à Qatar Airways reviendrait en effet à reconnaître un risque pour la sécurité des vols en A350, bien que l'Agence européenne de sécurité aérienne considère que ces défauts de peinture ne remettent pas en cause la sécurité des vols.

Mon commentaire : Qatar Airways n'est pas la seule compagnie aérienne à rencontrer ces problèmes de peinture sur certains A350.

Mais c'est la seule compagnie aérienne à avoir refusé les réparations proposées (et payées) par Airbus.

Pour de plus amples détails concernant ce problème de peinture, je vous invite à relire mon commentaire figurant dans ma lettre n°820.

> Le Boeing 787 entrevoit enfin la sortie d'un véritable cauchemar

(source Journal de l'Aviation) 1er août - Le ciel s'éclaircit peut-être pour la famille de long-courriers de nouvelle génération de Boeing. L'avionneur américain aurait obtenu une autorisation provisoire de la Federal Aviation Administration (FAA) pour renouer avec les livraisons de ses 787, un programme cloué au sol par le régulateur américain depuis plus d'un an.
 
Selon plusieurs médias américains parmi lesquels les agences Reuters et Bloomberg, ainsi que le New York Times, le Wall Street Journal et Aviation Week, Boeing serait enfin autorisé à livrer des Dreamliner même si le processus ne démarrera pas de façon imminente. L'information n'a pas encore été publiquement officialisée par Boeing ou la FAA.
 
Chaque appareil devra par ailleurs être inspecté par la FAA avant sa livraison au client, une mesure que redoutait Boeing et qui reste le signe que l'avionneur n'a pas encore totalement convaincu la FAA quant à sa méthodologie d'inspection.
 
Le programme de long-courriers de l'avionneur américain avait vu ses livraisons interrompues sur décision de la Federal Aviation Administration en mai 2021, après à la découverte de nouveaux défauts de qualité sur certains appareils. Cette interruption en suivait une autres de cinq mois, également décidée plus tôt par la FAA, l'avionneur américain ne réussissant finalement à ne livrer qu'un total de 14 exemplaires l'année dernière. Le régulateur avait alors refusé de valider les méthodes d'inspection des appareils proposées par Boeing et en particulier sur la méthodologie de vérification des fuselages produits intégralement en composites.
 
Plus de 120 Dreamliner sont actuellement en attente de livraison, stockées sur les multiples sites de Boeing aux États-Unis. L'avionneur de Seattle avait d'ailleurs enregistré une charge exceptionnelle de 3,5 milliards de dollars au quatrième trimestre 2021, une conséquence des compensations financières versées aux clients (compagnies aériennes et loueurs) pour les retards de livraison de leurs appareils ainsi que des surcoûts liées aux corrections et réparations. Pire, Boeing prévoyait aussi une augmentation exceptionnelle de 2 milliards de dollars concernant les coûts de production de sa nouvelle génération de long-courriers.
 
Les cadences de production du 787 sont actuellement de l'ordre de 2 appareils par mois, à comparer aux 5 exemplaires par mois avant la dernière décision de la FAA. (...) Le carnet de commandes de la famille Dreamliner de Boeing totalise encore 476 exemplaires restant à livrer. Plus d'un millier d'exemplaires ont été remis à leurs différents clients depuis 2011.

Mon commentaire : Boeing entrevoit le bout du tunnel.

Au total, la crise du 787 devrait coûter 5,5 milliards de dollars à Boeing, alors que l'avionneur peine à sortir de celle du 737 Max.


Revue de presse boursière

> Air France KLM : très belle semaine

(source Boursier) 5 août - Air France KLM signe la hausse de la semaine sur le marché parisien avec un bond de plus de 15,5%. Après la belle publication semestrielle de la compagnie aérienne la semaine passée, le titre a bénéficié deux recommandations favorables d'analystes. HSBC et Oddo BHF sont en effet tous les deux passés à l''achat' sur le dossier. La banque anglaise a remonté sa cible de 1,2 à 1,6 euro pendant que le broker a rehaussé son objectif de 1,45 à 1,7 euro.
 
Oddo BHF estime que les effets de la restructuration sont sous-estimés par le marché tandis que le nouvel environnement concurrentiel apparaît plus favorable avec la disparition d'acteurs agressifs en termes de tarifs comme Norwegian et Level ou encore XL et Aigle Azur. De plus, un des apports majeurs de la publication semestrielle est clairement l'amélioration de la visibilité sur la génération de cash et la restauration du bilan.
 
AF-KLM a également été soutenu par la publication des comptes de la Lufthansa dans la mesure où la compagnie allemande a, à son tour, dévoilé des comptes robustes malgré l'envolée des prix du carburants et les problèmes de grève et de personnels qui l'ont contraint à annuler des centaines de vols.

Mon commentaire : Comparer le cours de l'action Air France-KLM est impossible sans tenir compte des différentes opérations d'augmentation de capital intervenues ces deux dernières années.

Sur une longue période, il est plus judicieux de suivre l'évolution de la capitalisation du groupe.

Fin 2019, avant le début de la crise sanitaire, le groupe Air France-KLM était valorisé en bourse à 4,242 milliards d'euros.

Il est revenu ce lundi à un niveau proche : 4,011 milliards d'euros, soit un écart de -5,4%, signe que le redressement du Groupe Air France-KLM est sur la bonne voie.


Fin de la revue de presse

> Conseils pour les salariés et anciens salariés actionnaires

Vous trouverez sur mon site navigaction les modalités d'accès aux sites des gérants.

Pour éviter d'oublier de changer vos coordonnées à chaque changement d'adresse postale, je vous conseille de renseigner une adresse mail personnelle. Elle servira pour toute correspondance avec les organismes de gestion.

Gardez en un même endroit tous les documents afférant à vos actions Air France-KLM : tous vos courriers reçus des différents gérants, Natixis, Société Générale, votre établissement financier personnel si vous avez acheté vos actions par celui-ci.

> Gestion des FCPE. Bon à savoir

Lorsque vous placez de l'argent dans un des fonds FCPE d'Air France, vous obtenez des parts dans ces fonds. Vous ne détenez pas directement d'actions.

Ce sont les conseils de surveillance, que vous avez élus en juillet 2021 pour cinq ans, qui gèrent les fonds et qui prennent les décisions.

Les fonds Aeroactions, Majoractions et Concorde ne détiennent que des actions Air France.

Les fonds Horizon Épargne Actions (HEA), Horizon Épargne Mixte (HEM), Horizon Épargne Taux (HET) gèrent des portefeuilles d'actions diverses.

Mon commentaire : Si vous souhaitez obtenir des précisions sur la gestion des différents FCPE Air France, je vous invite à consulter mon site navigaction, rubrique L'actionnariat salarié Air France-KLM.

> Mon commentaire sur l'évolution du cours de l'action Air France-KLM

L'action Air France-KLM est à 1,5425 euros en clôture lundi 8 août. Elle est en forte hausse cette semaine de +9,09%, après avoir augmenté de +13,53% la semaine précédente.

Les résultats semestriels, meilleurs que ce que prévoyaient les analystes, ont dopé le cours de l'action.

La moyenne (le consensus) des analystes pour l'action AF-KLM après l'augmentation de capital est à 1,43 euros. L'objectif de cours le plus élevé est à 1,90 euro, le plus bas à 0,85 euro. Je ne prends en compte que les opinions d'analystes postérieures à l'augmentation de capital de mai 2022.

Vous pouvez retrouver sur mon blog le détail du consensus des analystes.

> Mon commentaire sur l'évolution du prix du carburant

Depuis le début de la guerre en Ukraine, il n'y a plus de corrélation entre le prix du baril de pétrole Brent et celui du baril de Jet Fuel. C'est très clair sur le graphique ci-dessous, qui porte sur la période juin 2015 - juillet 2022.

compare_fuel_jetfuel

Selon les spécialistes, cette hausse était due à une augmentation des réserves de carburant des armées, uniquement composées de Jet Fuel.

En effet, depuis quelques années, pour assurer la force des infrastructures, l’armée française privilégie une politique de carburant unique visant à alimenter l’ensemble des équipements, véhicules terrestres et groupes électrogènes avec du carburéacteur à usage aérien.


Prix du baril de Jet Fuel selon les régions du monde (source IATA) au 22 juillet 2022

JetFuelPrice

Le baril de Jet Fuel en Europe est en baisse cette semaine de 8$ à 132$. Il a baissé de 45$ en un mois et demi.
Il était à 79$ il y a tout juste un an.

Le baril de pétrole Brent
(mer du nord) est en forte baisse cette semaine de -4$ à 96$.
Depuis la mi-février, il faisait le yoyo entre 100 et 120 $.

Au début du mois de mars, le Brent avait atteint 132$, proche de son record de 150$ (en 2008).

Fin octobre 2020, il était au plus bas à 37$.

Ces informations indicatives ne constituent en aucune manière une incitation à vendre ou une sollicitation à acheter des actions Air France-KLM.

Vous pouvez réagir à cette revue de presse ou bien me communiquer toute information ou réflexion me permettant de mieux conduire ma fonction d'administrateur du groupe Air France-KLM.

Vous pouvez me poser, par retour, toute question relative au groupe Air France-KLM ou à l'actionnariat salarié...

A bientôt.

Pour retrouver les dernières revues de presse du lundi, c'est ici

Si vous appréciez cette revue de presse, faites la circuler.

Les nouveaux lecteurs pourront la recevoir en me communiquant l'adresse email de leur choix.

| François Robardet

Administrateur Air France-KLM représentant les salariés et anciens salariés actionnaires PNC et PS.
Vous pouvez me retrouver sur mon compte twitter @FrRobardet

Lors de mon élection, j'ai reçu le soutien de la CFDT et de l'UNPNC
Cette revue de presse traite de sujets liés à l'actionnariat d'Air France-KLM.
Si vous ne voulez plus recevoir cette revue de presse, [désabonnez-vous]
Si vous préférez recevoir la revue de presse sur une autre adresse, merci de me l'indiquer.
Pour me joindre : message pour François Robardet.

11264 personnes reçoivent cette revue de presse en direct