N°873, 15 août 2022
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La Revue de Presse du lundi
Éditorial
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Amsterdam Airport to Compensate Passengers Caught Up in Turmoil (L'aéroport d'Amsterdam va dédommager les passagers pris dans la tourmente)
(source Bloomberg) 12 août - L'aéroport Schiphol d'Amsterdam
dédommagera les passagers qui ont manqué leur vol en raison de la longue
attente au contrôle de sécurité, ce qui en fait l'un des premiers hubs
européens à rembourser les voyageurs pour le chaos de l'été. Les
personnes sont éligibles si elles se sont présentées à l'aéroport à
l'heure entre le 23 avril et le 11 août mais ont manqué leur départ en
raison d'une file d'attente exceptionnelle, a déclaré Schiphol, qui
abrite la branche néerlandaise d'Air France-KLM, dans un communiqué.
Les voyageurs ont été confrontés à des retards et à des annulations
sans précédent dans les aéroports, de Dublin à Düsseldorf, car les
compagnies aériennes et les sociétés aéroportuaires peinent à recruter
suffisamment de personnel à la suite de la pandémie de Covid, qui a entraîné le départ de milliers de travailleurs. Au plus fort des
perturbations, Schiphol a installé des tentes à l'extérieur des halls
d'embarquement pour accueillir les longues files de passagers craignant
de manquer leur voyage. Le directeur général de Schiphol, Dirk
Benschop, a présenté ses excuses pour les problèmes et a déclaré que les
clients avaient jusqu'au 30 septembre pour demander une compensation
pour les frais encourus par le changement de réservation ou le paiement
d'un vol de remplacement ou d'un transport alternatif.
Cette
décision a été prise après qu'un service de médiation lié au
radiodiffuseur néerlandais MAX, qui cible les téléspectateurs de plus de
50 ans, a entamé une action en justice contre l'aéroport. Il a déclaré
qu'avec l'indemnisation des personnes, la procédure judiciaire était
désormais terminée. Schiphol a réagi à cette crise en
imposant une limite au nombre de passagers afin de réduire la pression
sur ses installations. Toute réclamation de la part de personnes dont
les vols ont été affectés par cette limitation, qui a ensuite été prolongée
à l'automne, doit être adressée à la compagnie aérienne concernée, a
déclaré une porte-parole de l'aéroport.
>
SAS s'envole, accord de financement avec Apollo
(source Boursier) 15 août - SAS bondit à Stockholm après que
la compagnie aérienne scandinave eut conclu un accord avec Apollo Global
Management sur un financement crucial de 700 millions de dollars.
La société nordique, qui lutte pour sa survie, s'est placée début
juillet sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites
aux États-Unis. "Grâce à ce financement, nous disposerons d'une position
financière solide pour continuer à soutenir nos opérations en cours tout
au long de notre processus de restructuration volontaire aux
États-Unis", a déclaré Carsten Dilling, le président du transporteur.
"Apollo ressemble désormais à un nouvel actionnaire majeur de SAS",
affirme Jacob Pedersen, responsable de la recherche actions chez Sydbank.
"Il est fort probable qu'Apollo et l'État danois se retrouveront
ensemble avec plus de 50 % des actions - et donc en partenariat,
contrôlent SAS". L'État danois s'est engagé à convertir un prêt en
actions et vise une participation dans SAS de 22% à 30% après la
restructuration. SAS, qui était déjà déficitaire avant
la pandémie en raison notamment de la concurrence croissante des
transporteurs à bas coûts, est engagé dans un vaste programme visant à
réduire davantage ses coûts et à lever davantage de capitaux pour
survivre. La compagnie a été confrontée à un mouvement de grève
massif chez ses pilotes le mois dernier, qui lui a coûté plus de 145
millions de dollars, affectant 380.000 passagers pendant la haute saison
estivale.
Les membres des syndicats de pilotes suédois, danois et
norvégien ont fini par voter en faveur de l'adoption d'une nouvelle
convention collective, qui implique des salaires plus bas et des heures
plus longues pour les pilotes, mais aussi un engagement de SAS à
réembaucher les pilotes licenciés pendant la pandémie.
>
Pourquoi Ryanair met fin aux billets d’avion à 10 euros
(source Le Point) 12 août - La fin d'une époque. S'exprimant sur une
chaîne radio de la BBC, Michael O'Leary, le patron de Ryanair, la
première compagnie aérienne low-cost européenne, a annoncé que les
billets en promotion à 10 euros disparaîtront pendant « plusieurs
années » en raison de la hausse du prix du carburant. Lors des
cinq prochaines années, le tarif moyen d'un vol sur la compagnie
irlandaise passera à environ 50 euros, contre 40 l'an dernier. « Il ne
fait aucun doute que nos tarifs promotionnels vraiment bon marché, les
tarifs à 0,99 euro et même les tarifs à 9,99 euros, vous ne les verrez
plus au cours des prochaines années », a affirmé le dirigeant lors de
l'émission Today de BBC Radio 4. En cause, la hausse des cours
de l'énergie qui ronge les marges des transporteurs aériens, le kérosène
représentant plus d'un tiers des coûts d'un vol. Ces offres marketing à
10 euros ne concernaient toutefois qu'une dizaine de places par vol sur
un avion de 180 sièges. Et il n'était pas rare que des suppléments
(bagage de soute, siège réservé, file « fast track » pour le contrôle de
sûreté, etc.) s'ajoutent au prix d'appel, faisant passer l'addition à 70
euros… Dans une moindre mesure, les
autres low-cost (easyJet, Vueling, Volotea, Transavia, etc.)
pratiquent
ces prix d'appel cassés, notamment lors des démarrages de nouvelles
lignes qui bénéficient aussi de tarifs préférentiels pour les redevances
et les services d'aéroport. Par exemple, Lyon-Las Palmas cet hiver
s'affiche à 30 euros avec Transavia. Michael O'Leary reste
toutefois optimiste et estime que, malgré la situation économique
difficile, les Européens continueront à vouloir voyager. Compte tenu de
l'inflation galopante, qui ronge leur pouvoir d'achat, ces derniers vont
forcément être à l'affût des bonnes affaires leur permettant de partir à
moindres frais. (...)
>
Feux de forêt : quel avenir pour les Canadair français ?
(source Les Échos) 11 août - Avec son fuselage et ses ailes rouge et
jaune, il est l'emblème de la lutte contre les feux de forêt. Le
Canadair, avion amphibie, a été spécialement conçu pour la lutte contre
les incendies. La France compte douze CL-415, le dernier modèle du
Canadair, sur les 19 avions bombardiers d'eau que possède la Sécurité
civile. Douze avions livrés entre 1994 et 2007, dont le
vieillissement n'est plus un secret. Et ce, alors que les feux de forêt
se multiplient et menacent désormais tout le territoire métropolitain
sous l'effet du changement climatique.
Les CL-415 actuels sont certes
vieillissants, mais pas encore en fin de vie. Le retrait des plus
anciens est envisagé vers 2025-2030. « Les CL-415 peuvent durer encore
plusieurs années, ces avions-là durent très longtemps », note
Jean-Philippe Côté, vice-président des programmes chez De Havilland
Canada, l'entreprise qui a acquis le programme Canadair en 2016
(initialement détenu par Bombardier). « Nous travaillons avec nos
partenaires en France pour trouver des solutions pour qu'ils puissent
rester en service », assure-t-il. (...)
Connu pour sa capacité à écoper directement sur les plans d'eau et donc
pour sa vitesse de rotation sur les feux, le Canadair peut embarquer
jusqu'à 6 tonnes d'eau, ce qui fait de lui un avion unique, ne
rencontrant peu ou pas de concurrence sur le marché occidental. Seules
la Chine et la Russie proposent des modèles équivalents. Pourtant, plus
aucun Canadair n'est sorti des usines depuis 2015, faute de demande.
« Depuis deux ou trois ans, plusieurs clients nous ont contactés pour
remettre en place le programme », confie Jean-Philippe Côté.
Mais l'entreprise avait besoin de contrats pour relancer la machine.
Elle a finalement annoncé, en mars dernier, lancer le dernier modèle du
Canadair, le DHC-515, « compte tenu des discussions avec l'Union
européenne qui a fait part d'une demande de 22 avions, une demande
suffisante pour relancer la ligne de production », raconte le
vice-président des programmes. Deux des Canadair nouvelle génération
financés par la Commission européenne seront destinés à la France,
indique-t-on à la Direction générale de la sécurité civile et de la
gestion des crises. De Havilland espère une certification de son
avion en 2025, pour livrer les premiers appareils en 2026. « Il nous
faut du temps, après tant d'années d'arrêt, pour relancer la chaîne
d'approvisionnement et identifier les fournisseurs », justifie
Jean-Philippe Côté. L'entreprise canadienne doit également recruter 500
personnes supplémentaires. De quoi permettre à ses clients de renforcer
leur flotte, mais aussi de « relancer la chaîne d'approvisionnement »
pour remplacer, à terme, les anciens modèles de Canadair.
Le chemin est donc long
jusqu'à ce qu'un DHC-515 foule le sol français. Bien qu'emblématiques,
les Canadair ne sont pas les seuls avions utilisés dans la lutte contre
le feu. « En France, il y a des endroits où il n'y a pas de plan d'eau
et où les Canadair ne peuvent pas écoper », explique Eric Florès.
L'État a entrepris une adaptation de son dispositif en acquérant six
avions Dash depuis 2006. Un septième sera opérationnel prochainement et
un huitième sera livré en 2023, selon la Sécurité civile. Cet avion,
initialement conçu pour le transport de passagers, est complémentaire du
Canadair. Il est plus rapide et a une contenance plus élevée, mais doit
atterrir pour être rechargé. La Sécurité civile dispose également de
deux hélicoptères bombardiers d'eau lourds.
Mais face au risque de feux de forêt qui s'étend désormais à toute la
France, « on commence à toucher les limites de la flotte actuelle »,
prévient le vice-président de la Fédération nationale des
sapeurs-pompiers de France. Ce dernier privilégie une approche « globale
et immédiate », en prenant en compte la diversité de la végétation et
des régions françaises. « Il n'y a pas une réponse unique sur le
territoire français », plaide le pompier. Et au-delà des Dash et des
Canadair, « il y a d'autres avions que l'on peut avoir rapidement, que
l'on peut louer ». L'État français a donc plusieurs cartes à
jouer en attendant le retour du Canadair nouvelle génération dans quatre
ans. Ce, alors même que les pompiers sont déjà éprouvés par l'été en
cours.
>
OAG : la capacité mondiale continue à progresser pour s’approcher du niveau de 2019
(source Air Journal) 13 août - La capacité mondiale est de 460,6
millions de sièges en août 2022, soit 2 % de plus qu’en juillet 2022
mais toujours 12 % de moins qu’en août 2019, avant la pandémie mondiale,
selon les données d’OAG (Official Aviation Guide) publiées cette
semaine. En tête, l’Amérique du Nord représente une capacité de
102,9 millions de sièges, soit 22% de la capacité mondiale. Pas trop
loin derrière se trouve l’Asie du Nord-Est qui offre 21 % de la capacité
mondiale, suivie de l’Europe de l’Ouest qui affiche 20 %. L’Asie
du Nord-Est a vu sa capacité augmenter de 9,3 % ce mois-ci par rapport
au mois dernier, la Chine ayant ajouté de la capacité après que diverses
restrictions sanitaires ont pris fin. Il y a 5 régions pour lesquelles
la capacité dépasse désormais les niveaux d’août 2019 : Afrique
centrale/occidentale, Asie centrale, Europe orientale/centrale, Amérique
centrale et Amérique du Sud. Dans le monde, l’axe aérien
Espagne-Royaume-Uni est la plus fréquentée avec 4,9 millions de sièges
en août 2022 (...)
inférieur de 12 % aux niveaux de 2019. A la deuxième place, l’axe
Mexique-États-Unis, fonctionne avec une capacité de 22,7 % supérieure à
celle d’août 2019. La force de certains marchés de loisirs est évidente
dans les autres axes du Top 20 qui fonctionnent avec 20 % de capacité en
plus qu’en août 2019 : Royaume-Uni-Grèce, Allemagne-Grèce et
Royaume-Uni-Turquie. Les cinq plus grandes
compagnies aériennes du monde en termes de capacité sont toutes des
compagnies aériennes américaines. (...) Ryanair est la première compagnie aérienne en dehors de
l’Amérique du Nord et a une capacité de 18 % supérieure à celle d’août
2019.
Article Bonus
>
Jean-Marc Jancovici : "Ceux qui ont fait le choix du gaz n'ont plus que leurs yeux pour pleurer"
(source Trends-Tendances) 12 août - Vous n'arriverez pas à mettre
Jean-Marc Jancovici dans une case. L'homme conseille les grandes
entreprises, il est proche de nombreux industriels mais il explique que
notre monde fini est voué à la décroissance. Il est ingénieur,
conférencier, professeur, il est l'inventeur au début des années 2000 du
"bilan carbone", norme utilisée désormais pour compter les émissions de
gaz à effet de serre des entreprises, mais il est aussi devenu une star
médiatique dans son domaine. Certains le rangent dans la case "écolo"
mais la plupart des "verts" lui jettent un regard noir parce qu'il est
pronucléaire et le traite de réactionnaire parce qu'il "défend le
système économique et politique en place". Jean-Marc Jancovici est aussi un excellent
vulgarisateur qui a réussi la gageure de faire, avec son complice le
dessinateur Christophe Blain, une BD qui s'arrache comme des petits
pains (près de 400.000 exemplaires vendus). Pourtant, cela ne va pas de
soi quand on parle de la loi de la conservation de l'énergie ou du
réchauffement climatique. Dans Le monde sans fin, Jancovici
et Blain expliquent que notre société est basée sur une mobilisation de
flux et de machines dont nous n'avons généralement pas idée. Dès notre
réveil, ce sont des machines qui ont permis de faire le plastique de
notre brosse à dents, de filtrer l'eau, de produire l'électricité qui
éclaire notre salle de bains, grâce à une ampoule fabriquée par des
machines... Et tout cela n'est rendu possible que grâce à l'énergie
abondante, facile à transporter et bon marché. Dans un litre d'essence,
explique Jean-Marc Jancovici, "vous avez la même capacité de transformer
l'environnement que dans 10 à 100 jours de travail de force d'un être
humain. Ce que nous avons coutume d'appeler la technique, ce sont les
machines, ajoute-t-il. Car il ne s'agit pas seulement d'inventer et
fabriquer des objets. Il faut aussi avoir la capacité de les diffuser.
Et cette capacité repose sur les machines et l'énergie".
TRENDS-TENDANCES. On parle pourtant de la fin de l'âge industriel, de
l'entrée dans le monde des services... JEAN-MARC JANCOVICI. Le
monde des services n'a pour but que de gérer des machines. Un service
est une gestion de la complexité. Dans un monde très simple, vous n'avez
pas besoin d'autant de services. Le monde des services n'apparaît que
par-dessus le monde des machines, pour vendre, financer, organiser, etc.
Mais il ne le remplace pas. Et ce que nous avons coutume d'appeler la
désindustrialisation en Europe est en réalité une externalisation de
l'industrie dans un certain nombre de pays. Même le monde
digital ne s'affranchit pas des contraintes physiques ? La
totalité du système digital dans le monde émet autant de dioxyde de
carbone que la flotte mondiale de camions, ou deux fois plus que
l'ensemble de la marine marchande, ou encore les deux tiers des
émissions des voitures. Ce n'est pas du tout négligeable et cela
augmente assez vite. Le monde est donc soumis à ces contraintes.
Est-ce que l'on en atteint progressivement les limites ? Tout
dépend de ce que l'on appelle une limite. Les chocs pétroliers de 1973
et 1979 n'ont pas enclenché une décrue de l'activité économique mais un
ralentissement. Par contre, en Europe, le deuxième gros choc pétrolier,
celui de 2006 qui a précédé la crise des subprimes, a marqué une réelle
inversion de tendance. Depuis cette époque, la production industrielle
européenne a globalement tendance à baisser. Cela se voit au travers de
certains indicateurs, comme le nombre de tonnes chargées par les camions
ou la quantité de mètres carrés construits dans l'année, qui ont atteint
un maximum en 2007 et baissent depuis. Si vous avez moins de machines au
travail, vous extrayez moins de matériaux, vous en transformez moins,
vous dégagez moins de surplus. Vous continuerez à construire des
logements mais moins ou moins grands. Une contraction sur les
approvisionnements énergétiques se voit à un moment où l'autre dans la
baisse des flux physiques de production. Face à cette baisse, il
va donc falloir changer de modèle ? Il est déjà en train de
changer. Cet hiver, il changera assez vite ! C'est la guerre en
Ukraine qui a enclenché ces changements ? L'Ukraine n'a été
qu'un accélérateur de tendance. Avant même le conflit, il y avait déjà
un sujet sur l'approvisionnement en pétrole et en gaz de l'Union
européenne. A partir du moment ou un tiers du pétrole et 40% du gaz
viennent de Russie et que vous savez que les gisements ne sont pas
éternels, la seule question était de savoir à partir de quand nous
allions en avoir moins. Les énergies éoliennes ou solaires ne
permettront pas de combler ce manque ? Elles ne changeront pas
considérablement la donne. Les énergies renouvelables sont celles dont
nous sortons, celles avec lesquelles l'humanité a vécu jusqu'à voici
deux siècles. S'il était si facile de créer une civilisation
industrielle avec les seules énergies renouvelables, nous n'aurions pas
attendu le pétrole pour y arriver. Beaucoup d'entre elles ont des
inconvénients. Certaines sont peu denses, d'autres ne sont pas
disponibles à la demande, d'autres sont difficiles à transporter. C'est
beaucoup plus compliqué de transporter de grandes quantités de bois sur
terre que de grandes quantités d'énergie sous forme de pétrole.
Les deux énergies renouvelables qui peuvent fournir de la puissance
pilotable sont l'hydro-électricité et le bois. Mais pour avoir un
barrage, encore faut-il qu'il pleuve, et nous commençons à observer des
baisses de production en Europe et au Brésil. Quant au bois, il est
intéressant si vous êtes, comme la Suède ou la Finlande, dans un pays
relativement peu peuplé, disposant de surfaces qui font plusieurs fois
la Belgique. Nous n'arriverons donc pas à remplacer dans les
mêmes quantités les énergies fossiles par du renouvelable. Pour vous, il
est donc difficile de se passer du nucléaire ? Tout dépend de ce
que vous voulez. Si vous voulez conserver la plus grande part possible
d'activités industrielles dans un monde sans combustible fossile, vous
ne pouvez pas en effet vous passer du nucléaire. Si vous acceptez
d'avoir des moulins à vent et des moulins à eau un peu améliorés par
rapport à ceux du Moyen Age, vous pouvez, mais le monde industriel s'en
va. L'essentiel s'en ira de toute façon sans combustible fossile. Le
nucléaire ne va pas faire les plastiques, les fibres synthétiques, la
mobilité de 1,2 milliard de voitures individuelles... Le nucléaire ne
pourra en faire qu'une partie. Mais le nucléaire fait peur.
C'est une peur irrationnelle ? Disons qu'elle n'est pas basée
sur des faits. Mais elle a été très largement entretenue par les médias
qui ont globalement les plus grandes difficultés à séparer les faits des
opinions. Il y a
quand même eu des catastrophes : Tchernobyl, Fukushima. Vous
avez eu beaucoup plus de morts à cause des ruptures de barrage qu'à
cause des accidents nucléaires. Mais vous n'avez pas en permanence dans
la presse des articles pour dire qu'il pourrait avoir une rupture de
barrage. Alors oui, il y a eu des accidents. Mais citez-moi une activité
où il n'y en a pas ! Pour zéro risque, il faut aussi interdire les
jouets pour enfants, les bonbons, les piscines, l'alcool, la
sédentarité, les voitures ou les hamburgers... Si nous voulons commencer
à parler risque, la seule attitude qui ait du sens est de parler
chiffres. Et de ce point de vue, le nucléaire est très très loin d'être
un sujet de préoccupation majeur ! Une autre peur est la gestion
des déchets. Nous avons tendance à un peu tout mélanger dans les
déchets. L'ensemble des déchets à longue vie et forte activité produits
depuis 50 ans par le parc nucléaire français tient dans une piscine
olympique. Et ces déchets ne vont pas nous sauter à la figure comme un
Zébulon diabolique ! Une fois confinés dans une couche géologique
stable, ces déchets ne seront vraiment pas un gros souci. La longue
durée de vie de certains déchets nucléaires est parfois invoquée comme
une raison de ne pas en créer. Mais vider une mine est créer une
conséquence de plus long terme encore ! Rappelons que ce sont souvent
les mêmes journalistes qui couvrent les aspects scientifiques et les
aspects militants pour l'environnement. Et entre les militants et les
scientifiques, le journaliste va donner la priorité aux bons clients qui
disent des choses simples et compréhensibles, même si elles sont
fausses. Cela contribue parfois à entretenir des craintes non basées sur
des faits. Selon vous, le monde politique serait trop paresseux
pour ne pas expliquer correctement ces choses ? C'est plus
souvent de la démagogie que de la paresse. Le monde politique a un
objectif : se faire porter au pouvoir, et ensuite se faire réélire. Il
lui faut donc plaire à une majorité. Et cela suppose de lui faire des
promesses sympathiques. Dans un monde sans limites, il n'y a pas de
problèmes à empiler les promesses les unes sur les autres. Dans un monde
limité, vous êtes obligés de faire des choix. Et continuer à ne pas
vouloir en faire commence à poser des difficultés. Cependant, nous ne
pouvons pas complètement nous défausser sur le monde politique. À partir
du moment où l'on comprend son mode de fonctionnement qui est de faire
des promesses qui nous plaisent, si nous lui envoyons des demandes
complètement contradictoires, il ne faut pas s'étonner que le
comportement du monde politique soit totalement incohérent.
Cela
suppose que nous fassions nous-mêmes le tri entre ce que nous voulons
garder et pas garder ? Absolument. Et c'est compliqué.
Vous n'êtes pas tendre non plus sur la politique européenne. Pourquoi ?
Depuis longtemps l'Europe marche sur deux jambes. L'une aime
réglementer, l'autre aime libéraliser. En ce qui concerne l'énergie,
l'Europe a fait tomber cette activité du côté libéral. Tous les systèmes
électriques doivent entrer dans le champ concurrentiel. Or, un système
électrique se gère sur un pas de temps de plusieurs décennies, voire de
siècles. Le marché soit-disant libre et non faussé ne sait en fait pas
gérer des infrastructures à l'échelle du siècle. Nous avons voulu faire
entrer la fourniture électrique dans un système qui n'est pas fait pour
lui et c'est parti en vrille. Ce n'est d'ailleurs que le début. Quand le
système commencera à vraiment dysfonctionner, nous ne le remettrons pas
d'équerre en un an. En Belgique, vous allez vous en rendre compte !
Le fait d'arrêter les centrales nucléaires pour les remplacer par des
centrales au gaz comme en Belgique, qu'est-ce que cela vous évoque ?
Je n'ai pas besoin de commenter dans le contexte actuel ! Cela fait
10 ans que j'explique que remplacer des centrales nucléaires par des
centrales au gaz est doublement contre-productif, sur le plan du CO2 et
sur celui de la sécurité d'approvisionnement. Et maintenant, les gens
qui ont fait ce choix n'ont plus que leurs yeux pour pleurer.
Vous ne croyez pas que le progrès pourrait nous sortir par le haut ?
Ce n'est pas historiquement ce qui s'est passé. L'accumulation de
trouvailles n'a pas conduit à diminuer les pressions environnementales.
On a quand même inventé le nucléaire... Oui, d'accord. Cela
a diminué quelques problèmes. Mais c'est local et transitoire. En
France, au moment de la mise en place du parc nucléaire, les émissions
de CO2 ont baissé. Mais cela n'a pas fait baisser l'artificialisation
des sols, ni le nombre de voitures en circulation, ni la construction.
Cela n'a pas encouragé la préservation des espaces naturels.
Quels conseils donneriez-vous aux chefs d'entreprise ? Il faut
leur rappeler que gouverner, c'est prévoir. Or, pour "prévoir", il faut
se rappeler que les prix d'hier sont beaucoup moins prédictifs des prix
et des quantités de demain que la physique ! Regarder les flux physiques
de l'économie permet donc d'avoir un jugement plus assuré sur comment
l'économie pourrait se comporter demain. Si nous voulons nous mettre en
conformité avec un monde dans lequel les émissions vont beaucoup
baisser, nous devons voir ce qui pourrait arriver à une activité s'il se
met à avoir des contraintes fortes sur les hydrocarbures.
C'est
ce que vous faites dans votre travail de consultant ? Oui. Nous
commençons par établir l'état des lieux, voir comment les choses se
passent physiquement pour obtenir les résultats économiques. Un bilan
carbone, c'est cela : tracer les flux physiques qui permettent à une
activité d'exister. Nous ne sommes pas capables de dire "dans 20 ans,
votre activité risque de ne plus exister" mais nous pouvons dire "voilà,
dans 20 ans, comment pourraient évoluer les pressions physiques sur vos
activités, voilà ce que peut signifier une baisse, subie ou choisie, de
la disponibilité en énergies fossiles"... Il y a toutefois des activités
pour lesquelles il sera impossible de faire autrement. Par exemple, le
transport aérien dans un monde sans pétrole deviendra presque
inexistant. Vous ne croyez pas à l'avion à hydrogène ?
Nous l'avons déjà : il s'appelle la fusée Ariane ! Plus sérieusement,
cela dépend de qui contrôlera le monde. Si ce sont les super riches,
cela ne les dérangera pas de conserver un peu d'énergie pour faire des
avions à hydrogène, ce qui correspond à un arbitrage où les dirigeants
conservent du superflu en privant d'autres du nécessaire. Si le monde
est géré de manière équitable, il n'y aura pas d'avion à hydrogène. On
voyagera en bateau.
Fin de la revue de presse
>
Conseils pour les salariés et anciens salariés actionnaires
Vous trouverez sur mon site
navigaction
les modalités d'accès aux sites des gérants.
Pour éviter
d'oublier de changer vos coordonnées à chaque changement d'adresse
postale,
je vous conseille de renseigner une adresse mail personnelle. Elle
servira pour toute correspondance avec les organismes de gestion.
Gardez en un même endroit tous les documents afférant à vos actions
Air France-KLM : tous vos courriers reçus des différents gérants,
Natixis, Société Générale, votre établissement financier personnel si
vous avez acheté vos actions par celui-ci.
>
Gestion des FCPE. Bon à savoir
Lorsque vous placez de l'argent dans un des fonds FCPE d'Air
France, vous obtenez des parts dans ces fonds. Vous ne détenez pas
directement d'actions.
Ce sont les conseils de surveillance,
que vous avez élus en juillet 2021 pour cinq ans, qui gèrent les fonds
et qui prennent les décisions.
Les fonds Aeroactions,
Majoractions et Concorde ne détiennent que des actions Air France.
Les fonds Horizon Épargne Actions (HEA), Horizon Épargne Mixte
(HEM), Horizon Épargne Taux (HET) gèrent des portefeuilles d'actions
diverses.
>
Mon commentaire
sur l'évolution du cours de l'action Air France-KLM
L'action Air France-KLM est à 1,57 euros en clôture
lundi 15 août. Elle est en
hausse cette semaine de +1,78%, après avoir augmenté de +9,09% et +13,53% les
semaines précédentes.
Les résultats
semestriels, meilleurs que ce que prévoyaient les analystes, ont dopé le
cours de l'action.
La moyenne (le consensus) des analystes pour l'action AF-KLM
après l'augmentation de capital est à 1,43 euros. L'objectif de cours le plus élevé est
à 1,90 euro, le plus bas à 0,85 euro. Je ne
prends en compte que les opinions d'analystes postérieures à
l'augmentation de capital de mai 2022.
Vous pouvez retrouver sur
mon blog le détail du consensus des analystes.
>
Mon commentaire
sur l'évolution du prix du carburant
Depuis le début de la guerre en Ukraine, il n'y a plus de
corrélation entre le prix du baril de pétrole Brent et celui du baril de
Jet Fuel. C'est très clair sur le graphique ci-dessous, qui porte sur la
période juin 2015 - juillet 2022.
Selon les spécialistes, cette hausse était due à une
augmentation des réserves de carburant des armées, uniquement composées
de Jet Fuel.
En effet, depuis quelques années, pour assurer la
force des infrastructures, l’armée française privilégie une politique de
carburant unique visant à alimenter l’ensemble des équipements,
véhicules terrestres et groupes électrogènes avec du carburéacteur à
usage aérien.
Prix du baril de Jet Fuel selon les régions du monde (source IATA)
au 12 août 2022
Le baril de Jet Fuel en Europe est en
forte hausse cette semaine de 11$ à 143$. Il a baissé de
34$ en un mois et demi. Il était à 79$ il y a tout juste un
an.
Le baril de pétrole Brent (mer du nord)
est en
baisse cette semaine
de -1$ à 95$.
Depuis la mi-février, il faisait le yoyo entre 100 et 120 $.
Au début du mois de mars, le Brent avait atteint
132$, proche de son record de 150$ (en 2008).
Fin octobre 2020, il était au plus bas à 37$.
Ces informations indicatives ne constituent en aucune manière une
incitation à vendre ou une sollicitation à acheter des actions Air France-KLM.
Vous pouvez réagir à cette revue de presse ou bien me communiquer toute
information ou réflexion me permettant de mieux conduire ma fonction d'administrateur
du groupe Air France-KLM.
Vous pouvez me poser, par retour, toute question
relative au groupe Air France-KLM ou à l'actionnariat salarié...
A bientôt.
Pour retrouver les dernières revues de presse du lundi, c'est
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François Robardet
Administrateur Air France-KLM représentant les
salariés et anciens salariés actionnaires PNC et PS. Vous pouvez me retrouver sur mon
compte twitter @FrRobardet
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reçu le soutien de la CFDT et de l'UNPNC Cette revue de presse traite de sujets
liés à l'actionnariat d'Air France-KLM. Si vous ne voulez plus
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