Air France-KLM : passager clandestin

photo François Robardet, Administrateur Air France-KLM I Lettre de l'Administrateur Air France-KLM
 

François Robardet
Représentant des salariés et anciens salariés actionnaires PS et PNC

N°884, 31 octobre 2022
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La Revue de Presse du lundi

> Air France-KLM : passager clandestin

(source Les Échos) 30 octobre - Quelle belle escadrille ! La formation serrée des bénéfices d'exploitation des trois grands empennages aériens européens au troisième trimestre a quelque chose d'étonnant, étant donné leurs profils très différents : 1,02 milliard d'euros pour Air France-KLM, 1,1 milliard chez Lufthansa et 1,2 milliard pour IAG. L'atterrissage prévu des résultats annuels ne devrait pas être très éloigné de ce mouchoir de poche, à « plus de 900 millions » prévus par le groupe franco-néerlandais.
 
Le trio aura donc, grosso modo, fait son année pendant l'été. La coïncidence n'en est pas complètement une quand la recette au siège a aussi évolué en essaim (en hausse de 24,4 % chez AF-KLM, de 23 % chez ses concurrents).
 
Mais la véritable surprise réside dans la participation à ce vol groupé de la compagnie dirigée par Ben Smith. Autant que les voyants du tableau de bord sur neuf mois (profit opérationnel similaire à celui de 2019 avec 20 % de trafic en moins), la réduction du levier de la dette, de 11 à 1,6 fois l'Ebitda, symbolise cette impressionnante remise des gaz.
 
Mais la Bourse ne veut pas donner trop de crédit à cet excellent pilotage qu'elle sait aussi dépendre de la météo macroéconomique. Elle a séparé ce passager clandestin du groupe (-13,05 % pour le titre vendredi, après le récent envol) en gardant un œil sur le trou d'encore 2,8 milliards dans la soute des fonds propres. Il ne faudrait pas en effet que le temps se gâte…

Si Air France-KLM profite de ses liquidités (12,3 milliards) et d'un horizon dégagé pour anticiper, en novembre, le remboursement d'un milliard d'euros sur les 3,5 milliards de solde restant dû au titre de son prêt garanti par l'État (PGE), c'est que la main tendue par l'État pendant la crise de la Covid-19 se referme aujourd'hui sur le piège de la remontée des taux d'intérêt.
 
Le dispositif est en effet assis sur l'un des taux interbancaires (l'Euribor à trois mois). Lorsque le PGE avait été conclu en 2020, puis modifié en 2021, ce taux était alors négatif, et par convention, il était fixé à zéro pour le calcul de la rémunération des banques. Il est aujourd'hui de 1,6 % auquel s'ajoutent la marge des banques (2,75 %) et la commission de garantie de l'État (1 %) soit potentiellement un coût de 5,35 % à ce jour (sachant que le taux n'est payable qu'en mai de chaque année). Le PGE constitue ainsi la principale exposition d'Air France-KLM aux taux variables, la majorité de sa dette étant à taux fixes.
 
Le temps joue doublement contre Air France-KLM qui capitalise par ailleurs les coupons dus sur les trois tranches d'hybrides issues de la conversion, en avril 2021, du prêt d'État de 3 milliards d'euros. Ceux-ci portent des taux de 7 %, 7,25 % et 7,50 %. À compter d'avril 2025, la première tranche d'un milliard d'euros passera à 8,50 % si le groupe ne la rembourse pas. Un an plus tard, une autre tranche d'un milliard montera à 8 %, puis la dernière en avril 2027 à 8 %.
 
La compagnie espère pouvoir émettre 1,2 milliard d'euros d'hybrides cette année ou l'an prochain afin de combler son déficit de fonds propres et de renforcer son bilan. Un montant qui représente plus du tiers de sa capitalisation boursière actuelle.

Mon commentaire : Les bons résultats qu'enregistre le groupe Air France-KLM au troisième trimestre le place au niveau de ses principaux compétiteurs.

Mais cela ne signifie pas que le groupe franco-néerlandais est tiré d'affaire. Les échéances de remboursement des dettes d'ici à 2026 (3,5 milliards d'euros pour le PGE, 2,3 milliards d'euros pour les obligations convertibles) sont très importantes.

2022_Dette

Côté bonne nouvelle, le niveau de trésorerie élevé va permettre de rembourser dans les prochains jours 1 milliard d'euros du PGE (Plan Garanti par l'État).

À la suite de l'annonce des résultats, le cours de l'action Air France-KLM a chuté. Vous trouverez des explications détaillées dans la section "Revue de presse Boursière".

> Air France-KLM reports Q3 results

(source Presse néerlandaise, traduit avec Deepl) 28 octobre - Les médias néerlandais ont largement commenté les résultats d'Air France-KLM et de KLM, en soulignant l'impact de Schiphol et la forte reprise malgré cela. Le chiffre d'affaires du groupe s'élève à 8,1 milliards d'euros, dont 3,2 milliards proviennent de KLM et Transavia. Air France (570 millions d'euros) et KLM (443 millions d'euros) ont enregistré un bénéfice d'exploitation, ce qui se traduit par un résultat net du groupe de 460 millions d'euros. Le groupe prévoit d'augmenter encore sa capacité au cours du quatrième trimestre.
 
De nombreuses sources soulignent que KLM a calculé l'impact des problèmes à Schiphol à 175 millions d'euros. 30 millions d'euros ont été consacrés à l'indemnisation des passagers, le reste représentant les pertes de revenus.
 
BNR a interrogé Marjan Rintel, PDG de KLM, sur les résultats du troisième trimestre. Marjan Rintel a déclaré qu'elle était satisfaite du dernier trimestre et que le plus important était que les clients veuillent reprendre l'avion et optent pour KLM, bien que KLM ne soit pas en mesure d'offrir le service qu'elle souhaite offrir. En ce qui concerne la compensation de Schiphol, Mme Rintel a déclaré qu'elle est en discussion avec l'aéroport au sujet des problèmes. KLM prévoit d'engager beaucoup plus de personnel pour aider à résoudre les problèmes.

Interrogée sur les nombreux défis auxquels sont confrontées les compagnies aériennes, Mme Rintel note que la demande de vols est très élevée, et que les réouvertures en Asie sont une très bonne nouvelle. À propos des bénéfices du groupe et de KLM, le journaliste demande à Mme Rintel si "les Français vous remercient toujours beaucoup de faire partie du groupe". Mme Rintel répond qu'elle croit en un groupe fort avec deux compagnies aériennes fortes, "donc je crois en un Air France-KLM fort, un KLM fort et un Air France fort", ajoutant qu'elle a été très impressionnée par les résultats des Français.

Interrogée sur l'"équilibre des pouvoirs" au sein du groupe, Mme Rintel déclare qu'elle ne croit pas au "pouvoir" et aux "égos", mais à la "coopération", "ce que nous faisons très bien."

Mon commentaire : Les dysfonctionnements observés à l'aéroport de Schiphol ont fortement impactés KLM, qui a vu son activité diminuer de plus de 10%.

Si cette situation était amenée à perdurer, les pilotes de KLM ont fait part de leurs craintes qu'un transfert d'activité ne s'effectue vers la France.

Rappelons que la répartition de l'activité long-courrier entre KLM et Air France est encadrée par un accord (le Prod Balance) remontant à la création du groupe Air France-KLM et qu'il est toujours en vigueur.

Avant la crise sanitaire, l'activité long-courrier de KLM était proche du maximum prévu par l'accord.

> Air France-KLM : commande record de carburants durables

(source Les Échos) 25 octobre - Après les commandes d'avions, c'est le plus important investissement d'Air France-KLM pour réduire ses émissions de CO2. Le groupe a finalisé mardi avec le finlandais Neste et l'américain DG Fuel deux des plus gros contrats de fourniture de carburants durables jamais signé dans le secteur aérien - 1,6 million de tonnes au total, entre 2023 et 2036, soit plus de 2 milliards de litres.
 
De quoi permettre à Air France, KLM et Transavia d'avancer de quelques cases vers l'objectif du groupe d'atteindre 10 % de carburants durables d'ici à 2030 et de réduire de 30 % de ses émissions de CO2 à la même date. Au total, ces 1,6 million de tonnes de carburants durables, produits à base d'huile de cuisson et de graisses animales, permettraient d'éviter l'ajout d'environ 4,7 millions de tonnes de CO2 dans l'atmosphère.
 
La valeur totale de ces deux contrats n'est pas indiquée, mais elle se chiffre en milliards de dollars, sachant que le coût des carburants d'origine non fossile est trois à quatre fois supérieur à celui du kérosène traditionnel, dont le prix à la tonne est d'environ 1.000 dollars.
(...) 
Et contrairement à d'autres annonces, il ne s'agit pas d'un engagement d'achat à moyen terme. Les livraisons de Neste débuteront dès l'an prochain et se poursuivront chaque année jusqu'en 2030. En revanche, celles de l'américain DG Fuels, pour 600.000 tonnes supplémentaires, n'interviendront que dans un second temps, pour la période 2027-2036.

Grâce au seul contrat Neste, dont le principal site de production à Rotterdam va doubler de taille, Air France-KLM sera en mesure de faire face à ses obligations immédiates. En France, Air France doit déjà incorporer au moins 1 % de carburants durables. Mais la future réglementation européenne, en cours de finalisation, prévoit d'atteindre au moins 2 % en 2025 à l'échelle européenne et 5 % en 2030.
 
Le groupe devra encore trouver d'autres fournisseurs pour atteindre son objectif d'intégrer jusqu'à 10 % de carburants durables à l'horizon 2030. Les deux contrats additionnés ne représentent en effet que 3 de ces 10 %. Et si Neste prévoit bien de porter sa production de carburants d'aviation de 1,5 million de tonnes en 2023 à 2,2 millions en 2026, le spécialiste finlandais ne pourra pas satisfaire à lui seul les besoins des compagnies européennes. D'autant que contrairement à ces concurrents américains, Neste n'utilisera ni huile de palme, ni produit agricole susceptible d'entrer dans la production alimentaire.

Mon commentaire : Voilà un accord qui permet de répondre aux interrogations de certains détracteurs de l'aérien.

Le Groupe Air France-KLM a d'ores et déjà à sa disposition de quoi remplir ses obligations d'utilisation de carburant durable jusqu'en 2025.

À noter la dernière phrase de l'article : aux États-Unis le carburant durable est produit à partir de biomasse pouvant être destiné à l'alimentation humaine.

Il est nécessaire qu'une directive mondiale soit émise pour encadrer l'utilisation de la biomasse dans la production de carburants d'aviation durable. C'est dans les attributions de l'OACI, l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale (qui dépend de l'Organisation des Nations Unies).

> Air France KLM : un intérêt pour TAP ?

(source Boursier) 28 octobre - En plein redressement, Air France KLM a soif d'expansion. Malgré un endettement encore conséquent, le transporteur franco-néerlandais a des vues sur TAP.

Le groupe est "très familier avec la péninsule ibérique" et TAP pourrait être "une autre option", a déclaré Ben Smith lors de la conférence de présentation des résultats trimestriels. Air France KLM "s'engagerait définitivement sur une base formelle" s'il y avait une possibilité, a précisé le dirigeant lorsqu'il a été interrogé sur l'intérêt pour le transporteur national portugais.
 
Avant l'été, TAP a indiqué qu'un nouvel investisseur la mettrait sur une base plus solide alors qu'elle poursuit son programme de restructuration dans un contexte de hausse des coûts du carburant et d'incertitude géopolitique croissante.
(...)
La décision finale reviendra à l'État portugais, désormais seul propriétaire de la société.

Mon commentaire : La compagnie aérienne TAP est bien implantée sur le marché de l'Atlantique Sud, marché sur lequel le groupe IAG (British Airways et Ibéria) est leader devant le groupe Air France-KLM.

SI TAP se rapprochait du groupe Air France-KLM, le nouvel ensemble devancerait le groupe IAG sur ce réseau.

 

Dernière minute (1) :
Le ministère de l'Économie italien a indiqué lundi qu'il ne prolongerait pas la période d'exclusivité ouverte pour les discussions avec le fonds de capital-investissement américain Certares, associé aux groupes Air France-KLM et Delta Airlines en vue de la reprise d'ITA Airways, l'ex-Alitalia. Les discussions peuvent reprendre avec d'autres investisseurs. Lufthansa avait candidaté en début d'année avec le groupe de croisière MSC.

Dernière minute (2) : les annonces se bousculent en ce lundi.
easyJet bondit de plus de 5% à Londres sur des rumeurs de rachat. Selon les informations du 'Times', IAG, qui dispose de plus de 13 milliards d'euros de cash, aurait des vues sur la compagnie à bas coûts ainsi que sur TAP, le transporteur national portugais

> Lufthansa forme une coentreprise avec l'opérateur de l'aéroport de Francfort

(source Business Traveler, traduit avec Deepl) 25 octobre - Lufthansa et Fraport, l'opérateur de l'aéroport de Francfort, ont formé une nouvelle coentreprise afin d'améliorer les produits et les services du Terminal 1 de l'aéroport.
 
Les entreprises ont déclaré que l'objectif de la "Fra-Alliance" est de parvenir à une "amélioration des processus et des offres de produits pour les vols" tout en "stimulant la compétitivité de l'aéroport".
 
L'entreprise se penchera sur des domaines tels que le développement commercial et les opérations, l'expérience client, les infrastructures, l'intermodalité et la durabilité.
 
Les premiers avantages comprennent la fourniture de mises à jour en temps réel des temps d'attente aux points de contrôle de sécurité dans l'application Lufthansa. Les passagers peuvent désormais tenir compte de ces temps lors de la planification de leur voyage.
 
Les flux de passagers ont également été analysés et optimisés afin de "réduire considérablement les temps de transfert" pour environ un million de passagers par an. Cet objectif sera atteint en supprimant les contrôles de sécurité "inutiles et redondants".
(...)

Mon commentaire : Les coentreprises entre une compagnie aérienne et un aéroport existent déjà dans plusieurs pays.

Aux États-Unis la pratique est courante, se traduisant par des locations de longue durée (99 ans) de portes d'embarquement aux compagnies aériennes.

Dans les pays du Golfe, l'intégration est plus poussée, les compagnies aériennes et leurs aéroports principaux font partie d'un même groupe.

En Allemagne, alors que la Commission Européenne est plus sensible qu'ailleurs aux problèmes de concurrence, Lufthansa a déjà un accord de ce type à Munich.

Le rapprochement de Lufthansa avec Fraport est cependant surprenant. Jusqu'à maintenant, les relations entre les deux sociétés étaient très tendues. Lufthansa privilégiait Munich tandis que Fraport accordait des baisses de taxes à Ryanair pour qu'elle vienne concurrencer Lufthansa.

La décision de Ryanair de quitter Fraport à la fin de la période de rabais n'est peut-être pas étrangère au revirement de Fraport.

Note : merci à l'équipe de la stratégie Air France-KLM pour leurs informations dont je me suis largement inspiré.

> Lufthansa s'ancre dans le vert grâce à la reprise des vols passagers

(source AFP) 27 octobre - Le leader européen du transport aérien, l'allemand Lufthansa, a dégagé au troisième trimestre un bénéfice net de 809 millions d'euros, après une perte l'an dernier, profitant d'une forte reprise du trafic aérien.
(...)
Le groupe est tiré par le retour de la demande des passagers de loisirs et d'affaires, mise à l'arrêt par la pandémie, tandis que la branche cargo, qui a porté l'activité ces derniers temps, a atteint un résultat "record", selon Lufthansa.
(...)
Lufthansa a dégagé un résultat d'exploitation (EBIT) de 1,1 milliard d'euros sur le trimestre, soit une performance multipliée par quatre par rapport à la même période de 2021.
 
Le groupe aérien confirme le relèvement de ses objectifs annoncé au début du mois et s'attend à un résultat d'exploitation ajusté dépassant le milliard d'euros en 2022, contre au moins 500 millions prévus auparavant.
(...) 
Cette performance a été obtenue malgré l'augmentation du coût du kérosène, alimentée par la flambée généralisée du prix de l'énergie depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.
(...)
Mais la hausse du prix des billets d'avion pour les consommateurs a permis de compenser cette hausse des coûts, selon Lufthansa.
(...)

Mon commentaire : À la fin de l'année, le groupe Lufthansa (qui comprend notamment Lufthansa, Swiss, Austrian, Brussels Airlines) aura remboursé toutes les dettes publiques contractées lors de la crise sanitaire.

> IAG : bénéfice net de 853 millions d’euros au troisième trimestre

(source Air Journal) 29 octobre - IAG (International Airlines Group) a réalisé un bénéfice net de 853 millions d’euros (contre une perte de 574 millions un an auparavant) et un profit opérationnel courant de 1,21 milliard d’euros au troisième trimestre 2022.
 
Son chiffre d’affaires de 7,33 milliards d’euros pour le troisième trimestre 2022 a été supérieur de 0,9% à celui de 2019, même si sa capacité était seulement de 81% des niveaux prépandémiques.
(...)
Le directeur général du groupe, Luis Gallego a précisé (...) “alors que la demande reste forte, nous sommes conscients des incertitudes dans les perspectives économiques et des pressions continues sur les ménages“.
(...)

Mon commentaire : IAG, tout comme Lufthansa, ont effectué des préannonces mi-octobre. Les deux groupes de compagnies aériennes avaient indiqué viser un résultat d'exploitation trimestriel deux fois plus important que prévu.

Ces annonces avaient engendré une envolée des cours de bourse des principales compagnies européennes, dont Air France-KLM.


Revue de presse boursière

> Pourquoi Air France KLM plonge malgré un excellent trimestre ?

(source Boursier) 28 octobre - Malgré un trimestre quasi record, Air France-KLM plonge de plus de 15% à 1,34 euro en cette fin de semaine à Paris. Les investisseurs s'inquiètent de l'impact de la spirale inflationniste sur la demande et des perturbations persistantes sur le hub de KLM à Amsterdam Schiphol. Certains pointent également du doigt la légère révision à la baisse des capacités pour les trois derniers mois de l'année alors que la compagnie prévoit d'exploiter 85% de ses capacités pré-pandémiques au 4e trimestre, contre un plan précédent de 85% à 90%. Pour le premier trimestre 2023, la montée en régime devrait néanmoins se poursuivre avec des capacités qui devraient représenter environ 90% du niveau de 2019.
 
L'activité du groupe "se distingue par sa transformation visant à améliorer l'efficacité de la main-d’œuvre et la marge, mais nous nous attendons à ce que les vents contraires au niveau des coûts s'accumulent jusqu'en 2023", explique Conroy Gaynor, analyste chez Bloomberg Intelligence. "La compagnie a des problèmes opérationnels très réels et des contraintes de croissance pour KLM à Amsterdam Schiphol".
 
Stifel ('vendre') reste lui sceptique quant aux ambitions de marge à moyen terme d'Air France KLM et à l'objectif de FCF (Free Cash-Flow) annuel positif d'ici 2023. Bien que la société se porte bien sur le plan opérationnel, le broker continue de croire qu'à la lumière de la détérioration des fondamentaux du marché l'année prochaine, le déficit de capitaux propres toujours important de 2,8 milliards d'euros n'offre pas une position de bilan confortable. Conformément à sa vision sectorielle, le courtier prévoit un durcissement de la demande et de l'environnement des coûts l'année prochaine pour les compagnies aériennes européennes.
 
Citi ('achat') se montre plus optimiste. La banque explique que la compagnie aérienne a enregistré un bénéfice d'exploitation supérieur de 24% au consensus, grâce à des revenus meilleurs que prévu en raison de prix élevés, avec des rendements en hausse et un "bon" contrôle des coûts malgré les perturbations. Elle voit le consensus revoir ses estimations à la hausse.
 
Bernstein ('sous-performance') souligne aussi que le bénéficie opérationnel a nettement dépassé le consensus grâce à la forte amélioration des rendements et à une demande refoulée qui entraîne une augmentation des revenus, avec un levier d'exploitation élevé sur le résultat net. Le broker parle de résultats "d'autant plus impressionnants" que le groupe a été touché par des perturbations estivales.
 
Interrogé sur la chute de l'action en conférence de presse, le patron du transporteur, Ben Smith, a déclaré que les investisseurs n'avaient pas encore pleinement compris les avantages structurels découlant des réductions de coûts, en particulier sur le marché intérieur français, qui était historiquement "la partie la plus déficitaire de notre activité". Le directeur financier, Steven Zaat, a lui indiqué que l'action reculait, mais comme d'autres de ses pairs, certains investisseurs "prenant leurs bénéfices" après les récents gains.

Mon commentaire : Les investisseurs regardent plusieurs indicateurs pour évaluer les entreprises : les résultats bien entendus, mais également l'endettement, la trésorerie disponible et les capitaux propres entre autres.

Concernant les trois groupes de compagnies aériennes Air France-KLM, IAG et Lufthansa, le bilan est clair.

  . Le groupe Lufthansa est le seul à être bien placé sur chacun des indicateurs. 

  . Le groupe IAG souffre d'un endettement plus élevé (13 milliards) que ses concurrents Lufthansa (9 milliards) et Air France-KLM (8 milliards).

  . Air France-KLM présente des fonds propres (négatifs à -2,8 milliards) très inférieurs à ceux de Lufthansa (9,2 milliards) et d'IAG (1,8 milliard fin juin).

Pour cette raison, en plus de celles évoquées dans l'article, Air France-KLM est toujours moins bien évaluée que ses concurrentes européennes, ce qui se traduit dans l'évolution récente des cours de bourse.

Si l'on se réfère au 13 octobre, considéré comme le jour des premières indications précises sur les résultats de IAG et LH, l'évolution des cours (au 28 octobre) est de +4% (AF-KLM), +11% (Lufthansa), +13% (IAG).


Article Bonus

> Le tourisme, une machine à cash pour la France

(source Le Figaro) 26 octobre - Plombé par le Covid, le tourisme a retrouvé tout son dynamisme depuis le printemps, et pèse de plus en plus lourd dans l'économie française. Selon Alliance France Tourisme, les voyages devraient ainsi contribuer positivement à hauteur de 4,3 milliards d'euros à la balance des paiements au troisième trimestre, après de bons premier (3 milliards) et deuxième trimestres (4,5 milliards). Et ce alors que le déficit global de la balance des paiements se creuse. « L'opinion et les pouvoirs publics sous-estiment souvent le poids du tourisme dans l'économie française, déclare Dominique Marcel, président d'Alliance France Tourisme, une association qui regroupe des leaders du secteur (Accor, Groupe ADP, Louvre Hôtel, Compagnie des Alpes, Areas …). En plus de représenter 8 % du PIB, les voyages contribuent très positivement à notre balance des paiements courants »
 
2022 a été une année exceptionnelle, due en grande partie au rattrapage post-Covid. L'activité a fait mieux que retrouver ses niveaux de 2019. Malgré l'absence des clientèles asiatique et russe, le secteur affiche des performances inespérées. Les Français, restés très nombreux dans l'Hexagone, ont contribué à relancer la machine. Plus encore, les recettes touristiques ont été dopées par les arrivées records de touristes européens, et le retour massif des Américains - d'autant plus dépensiers que le dollar est fort. Au total, durant l'été 2022, les visiteurs étrangers ont dépensé 7 % de plus que durant l'été 2019, selon l'Insee.
 
Français comme étrangers ont accepté des prix en nette hausse, à l'hôtel comme au restaurant. Le chiffre d'affaires de l'hébergement et de la restauration a progressé de près de 14 % en juillet 2022, comparé à juillet 2019, toujours selon l'Insee. Après des frayeurs causées par la pénurie de carburant, les vacances de la Toussaint s'annoncent de bonne facture.
 
« Ne nous endormons pas sous prétexte que 2022 a été une très belle année, rappelle toutefois Dominique Marcel. Il est faux de croire qu'il n'y a plus de problèmes. » Malgré des efforts (augmentation des minima salariaux, réduction du travail le dimanche et des coupures en journée …), le personnel manque, obligeant de nombreux établissements à limiter leur activité (fermeture un soir de la semaine, repas limités à un seul service …). S'ajoutent le recul du pouvoir d'achat, qui pourrait entraîner une baisse des dépenses, la flambée des prix de l'énergie et le remboursement des PGE, qui risquent de peser sur la capacité d'investissement.
 
« Dans ce contexte, il est plus que jamais nécessaire de construire avec toutes les parties prenantes, professionnels et pouvoirs publics, une stratégie nationale », insiste Dominique Marcel. Le tourisme, selon Alliance France Tourisme, requiert une approche globale (hébergement, transport, qualité du service, sécurité, propreté …). « Il faut se donner les moyens de maintenir la compétitivité touristique de la France dans les cinq à dix ans », martèle le professionnel. Et ce d'autant que la concurrence d'autres pays ne cesse d'augmenter.

Mon commentaire : Est-il besoin de rappeler que la France est une des premières destinations touristiques mondiales, voire la première ?

Et que la plupart des touristes arrivent en avion ?

Qu'adviendrait-il si le transport aérien français venait à décroitre ?

Une étude publiée en 2015 par l'observatoire des métiers de l'aérien montrait qu'en France le secteur aérien compte 100.000 emplois directs et génère 400.000 emplois indirects (restauration, transports, services associés).

L'enjeu de décarbonation du transport aérien va donc bien au-delà de la préservation des emplois de l'aéronautique. 

emplois


Fin de la revue de presse

> Mon commentaire sur l'évolution du cours de l'action Air France-KLM

L'action Air France-KLM est à 1,332 euro en clôture lundi 31 octobre. Elle est en très forte baisse cette semaine de -10,93%.

Après avoir progressé de +15% ces deux dernières semaines, bénéficiant des annonces positives des compagnies étasuniennes et européennes, elle a perdu 11% en deux jours après des annonces de résultats trimestriels inférieurs aux attentes.

Les volumes échangés vendredi 28 octobre, jour des annonces des résultats, ont porté sur plus de 2% du capital. Un niveau rarement atteint.

La moyenne (le consensus) des analystes pour l'action AF-KLM est à 1,53 euros
. L'objectif de cours le plus élevé est à 2,00 euro, le plus bas à 0,85 euro. Je ne prends en compte que les opinions d'analystes postérieures à l'augmentation de capital de mai 2022.

Vous pouvez retrouver sur mon blog le détail du consensus des analystes.

> Mon commentaire sur l'évolution du prix du carburant

L'écart entre le cours du pétrole et celui du Jet Fuel n'a jamais été aussi important.

Le baril de Jet Fuel en Europe est en baisse cette semaine de -8$ à 135$.
Après avoir atteint un maximum de 182$ en juin 2022, il était redescendu à 132$ début août. 
Il était à 79$ il y a un peu plus d'un an.

Le baril de pétrole Brent
(mer du nord) est en légère hausse cette semaine de +2$ à 95$
De la mi-février à fin juillet, il faisait le yoyo entre 100 et 120 $. Depuis, il oscille entre 85$ et 99$.
Au début du mois de mars, le Brent avait atteint 132$, proche de son record de 150$ (en 2008).
Les craintes de voir l'économie en récession à la fin de l'année 2022 ont entrainé la baisse des cours des carburants. Puis l'annonce par l'OPEP+ de réduire la production de pétrole a fait remonter les cours.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, il n'y a plus de corrélation entre le prix du baril de pétrole Brent et celui du baril de Jet Fuel. C'est très clair sur le graphique ci-dessous, qui porte sur la période juin 2015 - octobre 2022.

compare_fuel_jetfuel

Prix du baril de Jet Fuel selon les régions du monde (source IATA) au 7 octobre 2022

JetFuelPrice


Bon à savoir

> Conseils pour les salariés et anciens salariés actionnaires

Vous trouverez sur mon site navigaction les modalités d'accès aux sites des gérants.

Pour éviter d'oublier de changer vos coordonnées à chaque changement d'adresse postale, je vous conseille de renseigner une adresse mail personnelle. Elle servira pour toute correspondance avec les organismes de gestion.

Gardez en un même endroit tous les documents afférant à vos actions Air France-KLM : tous vos courriers reçus des différents gérants, Natixis, Société Générale, votre établissement financier personnel si vous avez acheté vos actions par celui-ci.

> Gestion des FCPE

Lorsque vous placez de l'argent dans un des fonds FCPE d'Air France, vous obtenez des parts dans ces fonds. Vous ne détenez pas directement d'actions.

Ce sont les conseils de surveillance, que vous avez élus en juillet 2021 pour cinq ans, qui gèrent les fonds et qui prennent les décisions.

Les fonds Aeroactions, Majoractions et Concorde ne détiennent que des actions Air France.

Les fonds Horizon Épargne Actions (HEA), Horizon Épargne Mixte (HEM), Horizon Épargne Taux (HET) gèrent des portefeuilles d'actions diverses.

Mon commentaire : Si vous souhaitez obtenir des précisions sur la gestion des différents FCPE Air France, je vous invite à consulter mon site navigaction, rubrique L'actionnariat salarié Air France-KLM.


Précisions

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