Taxe sur les billets d'avion : le gouvernement français veut prélever un milliard d'euros

photo François Robardet, ex-Représentant des salariés, Air France-KLM I Lettre de François Robardet


 L'aérien en France, en Europe, dans le Monde

N°985, 9 octobre 2024
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Je fais mienne la raison d'être du groupe Air France-KLM  :
À la pointe d'une aviation européenne plus responsable, nous rapprochons les peuples pour construire le monde de demain.

Éditorial

Chères lectrices, chers lecteurs,

Comme je vous l'indiquais en début de semaine, je suis désormais à la retraite et je continue à alimenter mon blog navigaction.

Vous y retrouverez donc cette lettre que je me ferai un plaisir de vous proposer régulièrement, avec une petite nouveauté : le sommaire en début de lettre.


Par ailleurs, j'envisage de vous solliciter dans les prochaines semaines.

Mon but serait que vous me transmettiez vos anecdotes personnelles et d'en faire un recueil.

Il serait proposé à la vente, les bénéfices étant versés en intégralité à la Fondation Air France.

Je reviendrai vers vous dès que ce projet sera plus avancé.


Dans l'immédiat, voici une lettre centrée sur le projet gouvernemental de surtaxation de l'aérien en France, à hauteur de 1 milliard d'euros par an.

Bonne lecture
François


Ma Revue de Presse commentée

Sommaire

Taxe sur les billets d'avion : le gouvernement français veut prélever un milliard d'euros
L'ombre d'une augmentation des taxes sur l'aviation en France affole les compagnies aériennes
Air France-KLM tranche dans les coûts aux Pays-Bas
Les conclusions fracassantes du rapport sur la réforme du contrôle aérien
Air France-KLM, plus forte baisse du SBF 120 à la clôture du mardi 1er octobre 2024
Air-France-KLM, plus forte baisse du SBF 120 à la clôture du mercredi 2 octobre 2024

> Taxe sur les billets d'avion : le gouvernement français veut prélever un milliard d'euros

(source Les Échos) 1er octobre 2024 - Si vous avez prévu un voyage en avion vers une destination lointaine au départ de la France en 2025, ne tardez pas trop à acheter vos billets. Le transport aérien figure en effet parmi les principales victimes désignées des projets de Bercy pour renflouer les caisses de l'État. Selon nos informations, le ministère de l'Économie et des Finances prévoit de prélever un milliard d'euros supplémentaire sur le transport aérien, en augmentant lourdement la taxe dite de solidarité (TSBA) sur les billets d'avion, dans le projet de loi de finances 2025.
 
Cette taxe de solidarité, exclusivement supportée par l'aérien, a connu de multiples relèvements et détournements depuis sa création en 2006 par Jacques Chirac pour financer la lutte contre le sida en Afrique. En 2019, le gouvernement Borne y avait ajouté une « écocontribution » pour financer la rénovation du réseau ferré. C'est l'une des dix taxes et redevances pesant sur le transport aérien en France, et dont le montant total représente jusqu'à 40 % du prix d'un billet.
 
Mais la hausse de la TSBA prévue aujourd'hui par Bercy est sans équivalent, puisqu'elle équivaudrait à un quasi-triplement du produit de cette taxe, aujourd'hui de 460 millions d'euros par an. Avec un effort particulier demandé à la clientèle « haute contribution » et des destinations lointaines.
 
Selon les différentes moutures du projet, qui visent toutes à atteindre cet objectif du milliard d'euros supplémentaire, le montant de la TSBA pourrait ainsi passer de 63,07 euros pour un vol long-courrier en classe affaires, à 200 euros pour un vol de plus de 5.000 km et 100 euros pour un trajet de 5.000 km et 1.000 km. En classe « éco », la taxe passerait de 7,51 euros pour un long-courrier, à 60 euros pour un vol de plus de 5.000 km et 42 euros, de 5.000 à 1.000 km.
 
Quant aux vols intra-européens de moins de 1.000 km, ainsi que ceux vers les DOM, leur sort n'est pas encore tranché. Initialement, le gouvernement prévoyait de leur épargner une nouvelle hausse de la TSBA, sachant que les taxes et redevances représentent déjà 40 % du prix d'un vol domestique, contre 17 % pour un Paris-New York. Mais il envisageait de doubler la TVA sur les vols domestiques, qui serait passée de 10 % à 20 %. Aux dernières nouvelles, il aurait finalement renoncé à toucher à la TVA. Mais une hausse de la taxe sur les vols intra-européens est à l'étude, dans l'idée de faire aussi payer la clientèle des compagnies « low-cost ».
 
Une nouvelle version de la TSBA est également prévue pour l'aviation d'affaires. Selon nos informations, elle pourrait atteindre 3.000 euros par passager pour un vol long-courrier en jet privé (et 1.500 euros par le même trajet de plus de 5.000 km en avion turboprop à l'hélice, même si cela n'existe pas). Elle s'ajoutera à l'augmentation des taxes sur le carburant décidée en 2023.
 
De quoi faire plaisir à la gauche et aux écologistes, dont l'aviation d'affaires est devenue l'une des cibles de prédilection, tout en faisant passer une nouvelle augmentation des prélèvements pour une mesure de « justice fiscale ». Le précédent gouvernement avait déjà préparé le terrain au printemps dernier, avec une étude du Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) qui préconisait un alignement de la taxation des vols long-courriers sur celle des moyen-courriers, au nom de la lutte contre les émissions de CO2.
 
Cependant, ce nouvel alourdissement de la fiscalité va encore aggraver le déficit de compétitivité du transport aérien français. Un déficit qui s'est déjà traduit au cours des vingt dernières années, par la perte d'un point de part de marché par an du pavillon français en France, tombée à 38 %. Car si la TSBA s'applique à tous les vols au départ de France, elle pénalise davantage les compagnies françaises, au premier rang desquelles Air France.
 
Un porte-parole de la compagnie rappelle que le groupe Air France est « le premier contributeur de cette taxe, avec plus de 140 millions d'euros collectés en 2023 pour Air France et Transavia », soit plus de 30 % du montant total. « Le projet à l'étude, qui représente un doublement non progressif des recettes de la TSBA, est inédit. Son poids financier ne pourrait être supporté par les seules compagnies aériennes et conduirait nécessairement à une augmentation du prix des billets d'avion », souligne-t-on chez Air France.
 
Plus la fiscalité des vols au départ de France augmente, et plus le risque est grand de voir un nombre croissant de passagers aller prendre leur vol long-courrier à l'étranger. Ce qui, du point de vue des émissions de CO2, est éventuellement pire. La tentation est particulièrement forte pour les passagers de province, qui doivent emprunter un vol de correspondance pour prendre un vol long-courrier. Du fait des taxes, l'écart de prix entre un Paris-Nice via Roissy-Charles-de-Gaulle et un autre grand « hub » intercontinental, comme Londres-Heathrow ou Istanbul peut déjà atteindre plusieurs centaines d'euros.
 
Au risque de la fuite de trafic vers d'autres grands « hubs » s'ajoute celui d'une perte d'attractivité de la destination France aux yeux de la clientèle touristique internationale. Plutôt que d'entrer en Europe par Paris, des touristes chinois ou sud-américains peuvent trouver plus avantageux d'arriver par Londres, Francfort, Amsterdam, Rome ou Madrid. C'est d'ailleurs, semble-t-il, déjà le cas, si l'on compare la croissance du trafic aérien, plus forte en Espagne ou en Italie qu'en France, qui ont fait le choix d'alléger la fiscalité sur le transport aérien pour favoriser l'accroissement du tourisme. Un choix également suivi récemment par la Suède.
 
Dans le cas d'Air France, l'augmentation de la TSBA est d'autant plus préoccupante qu'elle s'ajouterait à d'autres hausses de coûts divers en 2025. « La France compte parmi les pays européens où le transport aérien est le plus taxé en 2023, souligne-t-on chez Air France. Les impôts et taxes payés et collectés par Air France-KLM ont atteint 3 milliards. »
 
Or ce montant va encore s'alourdir en 2025, avec la nouvelle taxe sur les grands aéroports, mais aussi le relèvement possible de l'impôt sur les bénéfices des sociétés de plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires, qui passerait de 25 % à 33,5 %. D'autres charges spécifiques au transport aérien sont aussi prévues l'an prochain, comme la hausse des redevances de l'aviation civile pour financer la réforme du contrôle aérien et la fin des permis d'émissions gratuits, dont le coût pour Air France passera de 100 millions d'euros en 2023 à 300 millions d'ici à 2030. Sans oublier le milliard d'euros supplémentaire que représente l'objectif de 10 % de carburants d'aviation durable en 2030. Tout cela se retrouvera nécessairement sur le prix des billets d'avion et ne renforcera pas la compétitivité d'Air France, dont l'action a perdu près de 7% ce mardi, à la Bourse de Paris.

Mon commentaire : Il est question ici de l'augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSBA).

Neuf pays appliquent cette taxe sur les billets d'avion : le Cameroun, le Chili, la république du Congo, la France, Madagascar, le Mali, Maurice, le Niger et la Corée du Sud.

En France, son produit est affecté au Fonds de solidarité pour le développement dans la limite d'un plafond fixé à 210 M€. Le solde est affecté au budget annexe contrôle et exploitation aériens (BACEA) de la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC).

La hausse évoquée, un triplement soit 300 millions d'euros de plus pour Air France, est considérable. Elle impactera nécessairement les résultats du Groupe Air France :
  . soit en faisant baisser la demande si l'augmentation de la taxe est répercutée sur le prix des billets,
  . soit en dégradant le résultat si Air France décide de maintenir le prix des billets.

Le produit de l'augmentation de cette taxe est destiné à combler une partie du déficit de l'État français. Il diminuera la capacité du Groupe Air France à se décarboner.

Je rappelle que ces deux dernières années les compagnies du Groupe Air France-KLM sont, dans le monde, celles qui utilisent le plus de carburants d'aviation durables.

Par ailleurs, cette taxe vient s'ajouter à la taxe sur les autoroutes et les aéroports instaurée début 2024 ; cette taxe est supportée par les plus grands aéroports français (Roissy, Orly et Lyon, lire ma lettre n°984). Les compagnies à bas coûts ensont de facto non concernées car elles utilisent principalement des aéroports moins fréquentés.

On pourrait penser que la contribution demandée à Air France est justifiée, compte-tenu de l'aide que l'État français lui a apportée pour se sortir de la crise de Covid-19.

Il n'en ai rien. Lorsque Air France a remboursé l'État français, la compagnie aérienne française a reversé au passage de copieux intérêts (plus de 600 millions d'euros). Je vous invite à (re)lire l'article des Échos "Le sauvetage d'Air France s'est transformé en jackpot pour l'État français" dans ma lettre n°936.

Les conséquences de l'augmentation de la TSBA (taxe de solidarité sur les billets d'avion) sur le cours de l'action
Air France-KLM ont été immédiates. Je vous invite à vous reporter à la revue de presse boursière plus loin dans cette lettre.

> L'ombre d'une augmentation des taxes sur l'aviation en France affole les compagnies aériennes

(source Journal de l'Aviation) 3 octobre 2024 - Le nouveau Premier ministre Michel Barnier était attendu au tournant lors de son discours de politique générale, prononcé le 1er octobre devant l'Assemblée nationale. Et pas uniquement par les politiciens français. Les différentes organisations du transport aérien, qu'elles soient françaises, européennes ou internationales, ont déjà mis en garde le gouvernement français de l'impact qu'aurait toute augmentation de la taxation sur le secteur, réagissant à la révélation par le journal Les Échos d'un projet d'augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d'avions (souvent désignée taxe Chirac).
(...)
Pascal de Izaguirre, président de la FNAM et de Corsair, a prévenu que cette « augmentation inédite » mettrait le secteur en danger et ne pourrait qu'être répliquée sur le prix des billets. Alors que le pavillon français perd déjà un point de part de marché par an depuis plus de vingt ans, elle introduirait une nouvelle distorsion de concurrence au détriment des compagnies aériennes françaises. « Nous apprenons que nous allons être taxés sans progressivité et sans étude d'impact, c'est une annonce brutale. Nous sommes mis au pied du mur. C'est considérable pour le secteur aérien français ! », s'émeut-il.
 
Quant à l'UAF (Union des aéroports français), elle « déplore que, alors que de nombreux pays européens réduisent leur taxation sur l'aérien, la France décide le contraire en alourdissant cette fiscalité au détriment de la connectivité de ses territoires ».
 
Même son de cloche à l'IATA (Association internationale du transport aérien), dont le directeur général Willie Walsh juge que la décision est « désastreuse ». « On ne peut pas se taxer soi-même pour atteindre la prospérité. [...] La proposition sent la panique et l'absence de réflexion commune », affirme-t-il. Il rappelle que les pays dans lesquels la taxation sur l'aviation était la plus élevée avaient mis plus de temps à se relever de la crise sanitaire, et que la France a toujours, en 2024, moins de passagers et moins de connectivité qu'en 2019. Toute augmentation grèverait les capacités des compagnies à financer leur décarbonation et pèserait par ailleurs plus lourdement sur les entreprises françaises que sur leurs concurrentes. « La seule réponse au déficit de la France est de développer son économie et d'élargir l'assiette fiscale, et non de taxer les secteurs productifs de l'économie jusqu'à l'immobilisation », estime-t-il.
 
Les groupes industriels A4E (Airlines for Europe) et ACI EUROPE (Airports Council International) ont quant à eux fait part de leur « consternation » et estiment, comme Willie Walsh, que si cette décision est prise, elle ne s'est pas basée sur une « analyse approfondie de l'impact économique ». Comme l'UAF, ils rappellent que plusieurs pays (l'Autriche, l'Irlande, les Pays-Bas et la Suède) ont fait machine arrière en constatant les retombées négatives sur leurs économies. Olivier Jankovec, directeur général d'ACI Europe, précise que « chaque augmentation de 10 % de la connectivité directe entraîne une augmentation de 0,5 % du PIB par habitant. Le gouvernement français choisirait de facto l'argent rapide au détriment d'une compétitivité économique durable. »
 
À noter que la piste d'une augmentation de la taxe de solidarité avait déjà été évoquée par Patrice Vergriete au printemps, au cours de son passage éclair à la tête du ministère des Transports.

Mon commentaire : L'article ci-dessus permet de constater que toutes les associations du transport aérien (en France, en Europe ou dans le monde) sont alignées pour défendre le apvillon français.

> Air France-KLM tranche dans les coûts aux Pays-Bas

(source La Tribune) 3 octobre 2024 - C'était attendu : en difficulté depuis la reprise du trafic, KLM a décidé le lancement d'un plan d'économies pour « améliorer structurellement la performance opérationnelle et financière ». La compagnie néerlandaise, filiale du groupe Air France-KLM, met en place un ensemble de mesures pour augmenter les recettes et réduire les coûts, qui vont toucher la gestion des ressources humaines, les investissements ou même l'externalisation de certaines activités. L'objectif affiché est d'atteindre à court terme une amélioration de 450 millions d'euros du résultat d'exploitation.
 
« C'est douloureux pour chaque collaborateur de KLM, mais c'est nécessaire, et il faut le faire maintenant », concède Marjan Rintel, directrice générale de KLM, dans un communiqué. Le fait est que la compagnie néerlandaise se retrouve confrontée depuis la reprise à une équation difficile. Malgré des avions pleins, elle peine à redéployer sa pleine capacité et à rentabiliser ses vols face à l'explosion des coûts.
 
« Comme beaucoup d'autres compagnies aériennes, KLM souffre de coûts élevés et d'une pénurie de personnel et d'équipements », explique encore la patronne de la compagnie.
 
Alors qu'elle se targuait avant le Covid d'être la compagnie la plus efficace du groupe face à une Air France qui multipliait les pertes, KLM a vu sa marge opérationnelle se dégrader en 2023 et devenir inférieure à celle de sa consœur alors en pleine croissance. Air France s'est depuis écroulée, mais KLM n'a pas fait beaucoup mieux. Au premier semestre 2024, elle est passée, elle aussi, dans le rouge avec une perte d'exploitation de 31 millions d'euros malgré une hausse de ses capacités comme de ses recettes. Malgré un printemps plutôt intéressant, la compagnie s'est donc résolue à passer à l'action.
 
Les mesures définitives sont en cours de négociation avec le comité d'entreprise et les organisations syndicales. La direction de KLM a néanmoins communiqué ses propositions. Sur le plan des ressources humaines, la compagnie vise une augmentation de la productivité du travail d'au moins 5% d'ici 2025. Elle veut s'appuyer pour cela sur « l'automatisation, la mécanisation et la réduction de l'absentéisme ». Cela va avec des mesures pour faire face à la pénurie de pilotes et de techniciens, qui affectent sa remontée en puissance depuis la crise sanitaire, avec pour objectif de poursuivre la hausse de capacité et de réduire les annulations de vol. KLM annonce aussi des mesures de simplification organisationnelle pour accroître les synergies.
 
« Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour maintenir notre réseau et les services offerts à nos clients et pour protéger les emplois dans l'ensemble de notre compagnie », assure Marjan Rintel.
 
Sur le plan d'investissements, un certain nombre de reports devraient avoir lieu, à l'instar de la création de nouveaux bâtiments du siège, de l'ingénierie et de la maintenance. Les efforts sur la flotte et les services à bord seront « maintenus autant que possible », sachant que la compagnie est engagée dans un plan d'investissement d'un milliard de dollars pour renouveler ses avions - que ce plan stratégique doit permettre de pérenniser. De nouveaux services doivent permettre d'augmenter les recettes de l'ordre de 100 millions d'euros par an.
 
La dernière piste mise sur la table est « d'étudier les possibilités d'externalisation, de cession ou d'abandon des activités qui ne contribuent pas directement aux opérations aériennes ». Une option déjà pratiquée par le groupe avec la création de filiales opérationnelles pour la gestion d'un pool de moteurs de rechange ou plus récemment pour le programme Flying Blue.

Mon commentaire : Alors que KLM a longtemps été la locomotive du Groupe Air France-KLM, ce n'est plus le cas depuis 2023.

La baisse d'activité à Schiphol, encouragée par le précédent gouvernement néerlandais, avait empêché KLM de tourner la page Covid.

Les mesures définitives seront connues prochainement.

Il me parait indispensable qu'elles ne remettent pas en cause la stratégie de renouvellement de la flotte de KLM, une étape nécessaire pour réduire les émissions de CO2 et de NOx, ainsi que les nuisances sonores autour de Schiphol.

> Les conclusions fracassantes du rapport sur la réforme du contrôle aérien

(source Les Échos) 3 octobre 2024 - Cinq mois après l'accord intervenu, non sans mal, sur le projet de réforme du contrôle du trafic aérien en France, le brouillard entretenu par le précédent gouvernement autour de cet accord commence à se dissiper. Dans un rapport présenté ce mercredi à la commission des finances du Sénat, le sénateur Vincent Capo-Canellas a dévoilé pour la première fois le coût de ce protocole, au regard d'une estimation des bénéfices attendus pour les compagnies aériennes et leurs passagers.
 
Les différentes mesures de « compensation » accordées aux contrôleurs aériens en contrepartie de l'effort de réorganisation sans précédent devraient augmenter les charges de personnel de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) « d'environ 100 millions d'euros par an, à compter de 2027 », sur un montant total de 1.259 millions en 2023. Un chiffre à comparer aux 80 millions d'euros d'augmentation consentis sur les trois derniers protocoles, de 2010 à 2019, dont 47,5 millions pour le précédent protocole 2016-2019.
 
Entre 2004 et 2016, le France a été responsable de 96 % des retards pour cause de grève en Europe.
 
Un effort jugé nécessaire pour remédier aux « médiocres performances » des services de la navigation aérienne, au regard de la moyenne européenne. « La France gère environ 30 % du trafic aérien européen, mais est aussi à l'origine de 35 % des retards aux services de la navigation aérienne, rappelle le rapporteur. En 2023, elle était encore le premier contributeur aux retards, à hauteur de 37 %, contre 26 % pour l'Allemagne. »
 
Or une minute de retard représenterait, en moyenne, un coût de 100 euros pour les compagnies aériennes, dont les redevances financent entièrement les services de la navigation aérienne. « En 2023, Air France-KLM a subi 815.000 minutes de retard dues au contrôle aérien, dont 75 % imputables à la DSNA [les services français de la navigation aérienne, NDLR], soit une perte d'environ 80 millions d'euros pour la compagnie », peut-on lire dans ce rapport.
 
Cette contreperformance a plusieurs causes. La plus connue est la répétition des grèves. « Entre 2004 et 2016, le France a été responsable de 96 % des retards pour cause de grève en Europe », indique le rapport, qui rappelle qu'une journée de grève engendre une perte d'environ 14 millions d'euros pour les compagnies aériennes et de 3 à 5 millions pour la DGAC. Mais ce sujet des grèves à répétition a été traité par l'instauration de l'obligation de déclaration individuelle, votée fin 2023 sous proposition du même sénateur Capo-Canellas.
 
Reste donc à aborder la cause principale des retards. À savoir le manque de productivité des contrôleurs aériens français. Avec 0,88 vol contrôlé par heure, leur performance est très inférieure à celle des centres les plus efficaces comme celui de Maastricht (2,02 vols/heure), mais aussi de leurs homologues portugais (1,24), hongrois (1,12), britanniques (1,06) allemands (0,95), espagnols (0,95) et italiens (0,91).
 
Cet écart de productivité serait largement dû aux retards pris dans la modernisation des outils informatiques utilisés par les contrôleurs, dont beaucoup doivent encore travailler avec un système informatique des années 1970. Mais aussi, pour une large part, à « une organisation du travail trop rigide […] qui empêche de positionner suffisamment de contrôleurs au moment où le trafic est le plus important ». « Nous n'avons réformé ni modernisé assez vite », estime Vincent Capo-Canellas.
 
Le nouveau protocole doit théoriquement y remédier, en accélérant la modernisation des équipements, et en introduisant plus de flexibilité dans la gestion des contrôleurs aériens. En commençant par la remise en cause de la règle d'un jour de travail sur deux, déjà expérimentée avec succès dans quelques centres. Cela aurait permis d'augmenter le nombre de positions de contrôle ouvertes en période de pointe de 10 % à 20 %.
 
Ajoutée à la fermeture de trentaine de centres et de tours de contrôle d'ici à 2035 et à la suppression des « clairances », ces autorisations d'absence non décomptée des jours de congé, cette nouvelle organisation du travail pourra permettre de gagner 10 % à 20 % de productivité. Ce qui permettrait de réduire les retards d'un million de minutes par an et suffirait à compenser le surcoût de 100 millions d'euros. L'installation de badgeuses et de pointeuses dans tous les centres de DSNA à compter de l'an prochain, qui ne figure pas dans les mesures du protocole, suffirait à elle seule à faire passer le temps de travail effectif de 24 heures par semaine aux 32 heures prévues dans les textes.
 
Mais encore faut-il que les mesures prévues soient effectivement appliquées et que les gains espérés soient au rendez-vous. Le sénateur Capo-Canellas reconnaît avoir des doutes, au vu du bilan des précédents protocoles.
 
D'où sa proposition
, adoptée par la commission des finances du Sénat, d'aller au-delà de cette réforme, en séparant les services de la navigation aérienne (DSNA) des autres services de la DGAC, comme c'est déjà le cas dans la plupart des pays européens. Une commission spéciale serait créée à cet effet. « Autonomiser la DSNA permettrait de réduire les lourdeurs administratives et d'installer un dialogue social plus fin et plus proche des préoccupations des contrôleurs, explique-t-il. C'est dans leur intérêt comme dans celui de la DGAC. »
 
Reste à savoir si les dirigeants de la DGAC, les syndicats et l'actuel gouvernement auront la motivation nécessaire pour s'atteler à telle réforme structurelle, alors que le protocole actuel est encore à réaliser. Du côté de la DGAC comme du principal syndicat de contrôleurs, le SNCTA, on se refuse pour l'heure à commenter.

Mon commentaire : Le protocole d'accord dont il et question ici remonte à avril 2024.

Il avait permis la levée d'un préavis de grève des contrôleurs aériens, qui dénonçaient les trop faibles mesures d’accompagnement, notamment salariales, en marge d’une refonte du contrôle aérien français.

Pour davantage de précisions sur la refonte du contrôle aérien français, lire dans ma lettre précédente n°984 l'article "Le trafic aérien poursuit son déclin sur les liaisons Paris-province".

Mon commentaire y détaillait le nouvel outil de contrôle 4Flight qui doit améliorer l'efficacité du contrôle aérien.


Revue de presse boursière

> Air France-KLM, plus forte baisse du SBF 120 à la clôture du mardi 1er octobre 2024

(source AOF) 1er octobre 2024 - La compagnie aérienne a enchaîné une deuxième séance de suite dans le rouge en raison de la forte hausse des cours du pétrole et de l'augmentation des tensions au Moyen-Orient. La deuxième explique la première. Le titre perd près de 38% depuis le 1er janvier.

> Air-France-KLM, plus forte baisse du SBF 120 à la clôture du mercredi 2 octobre 2024

(source AOF) 2 octobre 2024 - Le secteur aérien est resté sous pression en Europe en raison de la hausse des cours du pétrole du fait de la dégradation de la situation géopolitique. En France, Air-France-KLM est en outre sous la menace d'un alourdissement de la taxe sectorielle par l'exécutif.

Mon commentaire : Le cours de l'action Air France-KLM a chuté deux jours de suite (-6,78% puis - 5,52%), en raison de l'annonce de l'augmentation des taxes en France et suite à l'augmentation des tensions au Moyen-Orient.

Les autres compagnies aériennes (IAG, Lufthansa, easyJet, Ryanair) ont elles aussi vu le cours de leur action baisser, mais pas dans les mêmes proportions. Elles seront peu impactées par l'augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSBA). 


Fin de la revue de presse

> Évolution du cours de l'action Air France-KLM

L'action Air France-KLM est à 8,224 euros en clôture vendredi 4 octobre. Elle est en très forte baisse cette semaine (-11,76%).

Elle était à 12,53 euros le 2 janvier 2023, à 17,77 euros le 19 juin 2023.

La moyenne (le consensus) des analystes à 12 mois pour l'action AF-KLM est à 10,70 euros
(elle était à 15,0 euros début janvier 2023). L'objectif de cours le plus élevé est à 17,50 euros, le plus bas à 8 euros.

Je ne prends en compte que les opinions d'analystes postérieures au 1er juillet 2023.

Vous pouvez retrouver sur mon blog le détail du consensus des analystes.

Mon nouveau commentaire : Le cours de l'action Air France-KLM est en très forte baisse cette semaine (-11,76%). Pour des explications, lire plus haut le commentaire dans la revue de presse boursière.

> Évolution du prix du carburant cette semaine

Le baril de Jet Fuel en Europe est en hausse (+8$) à 95$. Il était à 94$ fin juin 2023, à 79$ avant le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Le baril de pétrole Brent
(mer du nord) est en hausse (+6$) à 78$.

De la mi-février 2022 à fin juillet 2022, il faisait le yoyo entre 100 et 120$. Depuis, il oscille entre 75$ et 99$.

Mon nouveau commentaire : La dégradation de la situation au Moyen-Orient a fortement impacté à la hausse les prix du pétrole et de ses dérivés.


Espace salariés et anciens salariés d'Air France-KLM et de ses filiales

> Gestion des FCPE

Lorsque vous placez de l'argent dans un des fonds FCPE du Groupe Air France, vous obtenez des parts dans ces fonds. Vous ne détenez pas directement d'actions.

Ce sont les conseils de surveillance, que vous avez élus en juillet 2021 pour cinq ans, qui gèrent les fonds et qui prennent les décisions.

Les fonds Partners for the Future, Aeroactions, Majoractions et Concorde ne détiennent que des actions Air France.

Les fonds Horizon Épargne Actions (HEA), Horizon Épargne Mixte (HEM), Horizon Épargne Taux (HET) gèrent des portefeuilles d'actions diverses.

Mon commentaire : Si vous souhaitez obtenir des précisions sur la gestion des différents FCPE Air France, je vous invite à consulter mon site navigaction, rubrique L'actionnariat salarié Air France-KLM.


Précisions

Ces informations indicatives ne constituent en aucune manière une incitation à vendre ou une sollicitation à acheter des actions Air France-KLM.

Vous pouvez réagir à cette lettre ou bien me communiquer toute information ou réflexion me permettant de mieux vous informer.

Vous pouvez me poser, par retour, toute question relative au monde de l'aérien ou à l'actionnariat salarié Air France-KLM.

À bientôt.

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| François Robardet

Représentait les salariés et anciens salariés PS et PNC actionnaires d'Air France-KLM.
Vous pouvez me retrouver sur mon compte twitter @FrRobardet ainsi que sur LinkedIn.

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