N°77, 17 août 2018
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Air France-KLM confie les rênes à un Canadien, l'intersyndicale sort les dents
(source La Tribune) 16 août - (...) Évoquée dès le 13 juillet par La
Tribune, la piste canadienne a été confirmée par Le Monde le 8 août, au
lendemain d'un tweet du président du SNPL d'Air France, Philippe Evain,
dévoilant le nom de Benjamin Smith. Ce choix constitue une révolution
pour le groupe français. Depuis sa création en 2004, il a toujours été
dirigé par un Français. Le choix de Benjamin Smith n'est, en revanche,
pas du goût de l'intersyndicale, dont le leadership est tenu par le
puissant syndicat des pilotes SNPL, vent debout contre la nomination
d'un "candidat étranger dont la candidature serait poussée par un groupe
industriel concurrent, Delta", est-il écrit dans un communiqué.
Partenaire depuis près de vingt ans d'Air France puis d'Air France-KLM
quand le groupe a été créé en 2004, Delta est actionnaire à hauteur de
9% d'Air France-KLM depuis un an. (...) Benjamin Smith a-t-il été imposé par la
compagnie américaine, omniprésente dans ce dossier ? (...) "Non, Ben Smith n'est pas poussé par Delta",
assure-t-on aujourd'hui. Pourtant, les informations parues le 13 juillet
dans La Tribune au sujet de la piste canadienne reposaient sur des
sources qui, à ce moment-là, indiquaient le contraire.
Quand
bien même Delta a pesé dans ce choix, difficile d'affirmer que Benjamin
Smith est un satellite américain, comme l'avance l'intersyndicale. Air
Canada n'a en effet aucun lien avec Delta. La compagnie canadienne est
membre de l'alliance Star Alliance composée notamment de United et
Lufthansa, concurrente de celle d'Air France-KLM et de Delta, Skyteam. (...)
Il ne faut pas non
plus exclure que les dirigeants de Delta aient suggéré le nom de
Benjamin Smith car ils estimaient qu'il avait tout simplement le bon
profil. Benjamin Smith s'est en effet taillé une réputation de
négociateur hors pair en parvenant à signer avec les personnels
navigants les accords sociaux sur la filiale low-cost Air Canada Rouge
en 2015. (...) Si ces faits d'armes n'ont pas
franchi l'Atlantique, ils sont évidemment connus de tout le monde du
transport aérien nord-américain. (...)
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Benjamin Smith, le nouveau patron canadien d'Air France-KLM, arrive en terrain miné
(source La Tribune) 16 août - (...) Trois mois après la
démission de Jean-Marc Janaillac à la tête d'Air France-KLM à
la suite de son référendum perdu sur sa proposition salariale, le
groupe aérien a enfin acté la nomination d'un successeur en la personne
de Benjamin Smith, 46 ans, numéro 2 d'Air Canada. Comme évoqué
dans la presse depuis 24 heures, le conseil d'administration du groupe a
sans surprise voté ce jeudi en faveur du Canadien. "Benjamin
Smith prendra ses fonctions chez Air France-KLM au plus tard le 30
septembre 2018. Dans l'intervalle, la gouvernance de transition
mise en place le 15 mai 2018 reste en place. Anne-Marie Couderc,
Présidente non exécutive du Conseil d'Air France-KLM et d’Air France, et
le Comité de Direction Collégiale du groupe continuent d'exercer leurs
responsabilités. Dès son arrivée, Benjamin Smith
prendra la direction générale exécutive du Groupe Air-France-KLM et en
déterminera l'organisation. Il sera chargé en priorité de
redynamiser Air France, de donner une profonde impulsion stratégique au
Groupe, et de travailler avec les équipes à une nouvelle approche
managériale. Le Conseil a décidé que Benjamin Smith sera nommé
dès que possible administrateur d'Air France-KLM, avec le plein soutien
de l'Etat français. Le Conseil annoncera dans les meilleurs délais
l'évolution de la gouvernance concernant les missions et les modalités
d'exercice de la présidence non exécutive d'Air France-KLM et d'Air
France", a déclaré jeudi soir Air France-KLM dans un communiqué.
De son côté, Air Canada a précisé que Benjamin Smith quitterait ses
fonctions au sein de la compagnie canadienne le 31 août. La nomination de Benjamin Smith
tranche avec les pratiques en vigueur jusqu'ici qui
voulaient que le patron du groupe tricolore, dont l'État
français faisait un peu la pluie et le beau temps en matière de
gouvernance grâce à ses 14,3% du capital et ses droits de vote double,
soit un Français. (...) En Europe, le groupe
anglo-espagnol IAG est dirigé par un Irlandais (Willie Walsh) et sa
principale filiale, British Airways, par un Espagnol (Alex Cruz). En
nommant en début d'année le Suédois Johan Lundgren, la compagnie
britannique EasyJet est elle aussi dirigée par un étranger. Mais à part
British Airways qui avait nommé en 2000 l'Australien Rod Edington,
aucune compagnie européenne n’a fait appel à un non-Européen. Le
choix de Benjamin Smith traduit également le manque d'attractivité d'Air
France-KLM, incapable d'attirer le numéro 1 d'une grande compagnie
aérienne. (...) Ceux qui ont été contactés ont décliné l'offre en raison
du contexte à Air France, miné depuis des années par des tensions
sociales. Benjamin Smith aura fort à faire
puisqu'il arrive en terrain miné. Composée d'une dizaine de syndicats,
l'intersyndicale emmenée par le syndicat national des pilotes de
ligne (SNPL) a ouvertement exprimé son hostilité à
cette nomination en jouant la carte du patriotisme économique,
confondant volontairement le groupe Air France-KLM et la plus grosse de
ses deux filiales, Air France, pour jouer sur les peurs.
« L'intersyndicale soutient qu'il est inconcevable que la
compagnie Air France, Française depuis 1933, tombe dans
les mains d'un dirigeant étranger dont la candidature serait poussée par
un groupe industriel concurrent -Delta pour ne pas le citer-
(...). Dans un contexte où chaque pays cherche à défendre âprement ses
intérêts économiques et ceux de ses entreprises, où la présidence Trump
elle-même, montre avec quelles armes la guerre économique va se mener,
le choix d'un candidat doit se porter sur la défense des intérêts de
notre compagnie nationale », a déclaré l'intersyndicale dans un
communiqué ce jeudi après-midi. Contrairement à ce qui
est indiqué, Air France conserve un patron français, en
l'occurrence Franck Terner, le directeur général, puisque Ben Smith
prendra les commandes opérationnelles d'Air France-KLM, le groupe aérien
né du rachat de KLM par Air France en 2004, maison-mère de deux
filiales, le groupe Air France et le groupe KLM. Même dans le cas de
changements à la tête d'Air France, il est improbable qu'Air France soit
dirigée par un étranger. (...) Si l'influence de Delta ne cesse
de croître au sein d'Air France-KLM, difficile d'imaginer (...) un
patron d'Air France-KLM prendre des mesures contraires aux intérêts du
groupe pour en faire profiter la compagnie américaine. En revanche, que
Delta et Benjamin Smith soient sur la même la longueur d'ondes pour
prendre des mesures fortes comme les Anglo-saxons sont capables de le
faire pour remettre Air France et Air France-KLM sur les rails est plus
probable. C'est peut-être ce qui inquiète les syndicats. D'autant plus
que si l'Etat se désengage d'Air France-KLM comme il en a l'intention,
les pressions des syndicats sur le Gouvernement pour infléchir la
politique de la direction risquent en effet de prendre fin. C'est en
tout cas le signal donné depuis le début du conflit salarial en début
d'année. Ben Smith a de fortes chances d'être confronté
très vite à un mouvement social. L'intersyndicale réclame toujours une
hausse de salaires de 6% (hors inflation) en 2018 et menace de reprendre
le chemin de la grève en septembre. L'intersyndicale a annoncé
qu'elle se prononcerait sur des actions à prendre le 27 août, soit avant
la prise de fonction du nouveau CEO. Pour autant, plusieurs
observateurs ne voient pas un patron accorder une telle hausse à peine
arrivé. Sans même parler de la difficulté économique qu'elle
engendrerait, une telle décision apporterait une victoire sur un plateau
au bureau actuel du SNPL à la veille des élections internes à ce
syndicat en fin d'année et aux autres membres de l'intersyndicale lors
des prochaines élections professionnelles en mars 2019.
Au-delà de la question salariale, Ben Smith est attendu par de nombreux
syndicats et salariés pour apporter du sang neuf à Air France.
Beaucoup espèrent de nouvelles têtes comme l'avait fait Christian Blanc
quand il avait sauvé Air France entre 1994 et 1997. Selon des sources
politiques, le gouvernement soutient cette position.
Après les questions sociales et de gouvernance, les sujets liés à la
stratégie sont connus. Le groupe devra redéfinir son offre sur
le réseau domestique et européen en répartissant de manière claire les
positions d'Air France, HOP et Transavia. Mais aussi prendre position
sur le low-cost long-courrier. Un sujet que Benjamin Smith connaît bien
puisqu'il a été l'instigateur de Canada Rouge, la marque low-cost d'Air
Canada, notamment présente sur le long-courrier.
Vous pouvez me poser, par retour, toute question
relative au groupe Air France-KLM ou à l'actionnariat salarié...
A bientôt.
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François Robardet
Administrateur Air France-KLM représentant les
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Flash rédigé avec la collaboration de Christian
Magne Ce Flash traite de sujets
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