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Christian Magne
Ex-Administrateur
Air France-KLM
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Les avantages...
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Un contrepoids face aux
actionnaires privés. Les actionnaires privés, on
l'a vu maintes fois, ont trop souvent des attitudes sans scrupule, vis à vis des
salariés des entreprises qu'ils possèdent. Un actionnariat salarié significatif peut
être un contrepoids vital face à leur pouvoir, d'autant plus si les titres achetés par
les salariés le sont aux actionnaires privés, diminuant d'autant leur poids dans les
prises de décision (à Air France, c'est le cas pour les actions achetées dans le cadre de
l'Intéressement et de la Participation). La possibilité de résister, du fait
d'un actionnariat salarié important, à une OPA
hostile est un atout considérable.
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Un contrepoids face aux
actionnaires publics. L'Etat, ou ses représentants, n'est pas nécessairement le
meilleur allié des salariés. Il a ses intérêts à défendre. Il a sa logique
qui n'est pas forcément convergente avec celle des salariés, voire celle de
l'entreprise.
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Un rendement avantageux
dans le long terme. Les statistiques le
démontrent : la rémunération des capitaux (donc des actions) est supérieure sur
le long terme à la rémunération du travail (net d'inflation : environ 7%/an pour le
capital, environ 2%/an pour le travail). En plus de l'évolution de la valeur du titre, il
faut ajouter le droit aux dividendes, droit préférentiel de souscription, droit
d'attribution d'actions, etc... Ces avantages sont accrus,
pour les salariés actionnaires, par les conditions d'accès particulières des
diverses opérations (réduction sur le prix d'achat, actions gratuites,
abondement...)
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Une implication plus
importante dans la stratégie de l'entreprise pouvant déboucher sur un meilleur
rendement de l'action. Le
salarié actionnaire étant intéressé à la qualité des résultats financiers de
l'entreprise pourrait s'impliquer davantage dans le succès de la mise en œuvre
de la stratégie choisie par l'entreprise
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Des administrateurs
spécifiques pour les salariés actionnaires. L'accès à la détention de
titres d'AIR FRANCE-KLM a permis d'obtenir 2 postes spécifiques d'administrateurs (pilotes et autres
salariés) pour les salariés actionnaires. Cela renforce le poids des salariés
dans les processus de décision de l'entreprise.
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Des possibilités
d'accès aux infos économiques de l'entreprise. L'accès aux informations
économiques est facilité par le statut d'actionnaire salarié.
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Le droit d'agir en
justice pour la défense de ses droits personnels, par exemple en cas d'abus de
bien social, ou d'abus de majorité.
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Les risques...
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La baisse du
titre. Conçue comme un élément d'épargne, la détention de titres de son
entreprise est risquée : il n'est pas rare de voir le titre d'une entreprise
baisser significativement, voire s'effondrer. L'action Air France-KLM a vu
son cours divisé par douze entre fin juin 2007 et juin 2012... De ce point de vue, les
propositions de "protection de cours", lorsqu'il y en a, doivent être examinées
avec beaucoup d'attention.
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Un salarié au revenu modeste
peut se retrouver financièrement obligé de vendre son épargne à un moment où le titre
est bas, ce qui peut, éventuellement, entamer le capital qu'il avait épargné.
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La division des
salariés. Tous les salariés ne sont pas actionnaires de leur entreprise.
Certains ont voulu, ou pu procéder à des achats massifs, d'autres n'ont pas eu
l'opportunité, les moyens ou la volonté de le faire. Cette différence de
"citoyenneté actionnariale" peut conduire à des tensions, des divergences,
voire des conflits entre les salariés.
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Certains salariés d'Air France disposent
de titres Air France-KLM dont la valeur cumulée s'exprime en dizaines de milliers d'euro. Leur
"sensibilité" à l'évolution du titre, en cas de baisse, peut être
dramatique pour eux, et les entraîner à des réactions ou revendications problématiques
pour d'autres salariés.
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Un accès à
l'actionnariat salarié dissocié selon les salariés. C'est le cas
à Air France-KLM : les pilotes ont eu des modalités d'accès à l'actionnariat salarié
différentes de celles des autres salariés de l'entreprise. Les pilotes
disposent d'un administrateur spécifique. Les droits de vote des titres détenus dans les
fonds Concorde des pilotes étaient, pendant plusieurs années, exprimés collectivement par les Conseils de surveillance où
les pilotes sont majoritaires (à noter : fin 2004, ce conseil
a décidé de redonner à chaque pilote actionnaire ses droits de vote). Les
pilotes de KLM ont obtenu des modalités spécifiques.
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La diminution de la
part de capital détenue par les salariés. Rien ne permet d'assurer que la
part détenue par les salariés puisse être maintenue à un niveau élevé, voire augmentée, durablement.
La part des salariés dans le capital d'Air France-KLM a été quasiment
divisée par trois depuis 2004 et avoisine 5%.
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Un transfert du salaire
vers l'actionnariat salarié. Il faut rester attentif à ce que les
possibilités offertes d'accès à l'actionnariat salarié ne se substituent pas à la
rémunération normale du travail.
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"On a mis tous ses
œufs dans le même panier". En cas
de difficultés graves de l'entreprise, le salarié actionnaire risque de perdre,
non seulement son travail, comme tout autre salarié, mais aussi son épargne,
s'il l'a placée en titres de
son entreprise.
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Le challenge !
Quel but
atteindre ? L'amélioration simultanée et proportionnée de la situation des
salariés et de celle des actionnaires dans une entreprise pérenne !
Les salariés
actionnaires restent des salariés. Il est peu probable que ceux-ci "oublient"
leur statut de salarié pour n'adopter qu'une logique d'actionnaire "sans état
d'âme", s'agissant du destin des salariés.
Mais cela ne peut
être formellement exclu non plus...
Si les salariés actionnaires
savent concilier la recherche de l'amélioration de leur situation de salarié
(autant individuelle que collective) et une rentabilité suffisante du capital,
couplé à l'objectif de pérenniser durablement l'entreprise...
Si les actionnaires non
salariés comprennent qu'il ne peut y avoir de rentabilité durable des capitaux
investis sans des salariés suffisamment satisfaits de leur emploi, et motivés à
la rentabilité du capital investi...
Et si les dirigeants de
l'entreprise recherchent le meilleur point d'équilibre entre la satisfaction des
aspirations des actionnaires, des salariés et des clients de l'entreprise, tout
en intégrant les diverses problématiques posées par les autres
parties prenantes de l'entreprise : fournisseurs, société civile,
environnement...)...
...Alors, l'actionnariat
salarié sera une réussite.
Christian Magne
ex-représentant des salariés
actionnaires au conseil d'administration Air France-KLM
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